Aujourd’hui, je vais faire quelque chose d’exceptionnel : je vais vous renvoyer vers un clip de 44 minutes.
Non, ne partez pas tout de suite. Essayez au moins les premières minutes, et puis, si vous aimez, gardez le lien en copie quelque part pour un jour où vous aurez retrouvé le temps.
Vous avez peut-être déjà deviné : ce lien vous emmènera vers Le temps retrouvé, dernier tome de A la Recherche du temps perdu, et plus précisément vers les dernières pages de cette oeuvre colossale et douce à la fois.
Je crois que c’est à l’heureux temps du confinement, où chacun a pu retrouver un peu de son temps, que les sociétaires et pensionnaires de la Comédie Française ont décidé de lire de large extraits de La Recherche pour les diffuser sur YouTube et permettre ainsi à tout un chacun de passer le temps de manière intelligente.
Parmi toutes les lectures ainsi disponibles, il y a celle que je vous propose aujourd’hui : les dernières pages du dernier volume de La Recherche.
De cette oeuvre de trois mille pages, quelqu’un a fait un jour le résumé suivant : « Le petit Marcel veut devenir écrivain » Dans cet aphorisme plein d’esprit, son auteur donne un résumé ridiculement succinct de la Recherche par rapport à sa complexité faisant comprendre de cette manière qu’il est impossible de la résumer.
Oui mais c’est bien cela, le petit Marcel veut devenir écrivain et, dans la Recherche du temps perdu, par le truchement du Narrateur, qui n’est pas lui tout en l’étant quand même, il nous rapporte en détail ce temps passé à vivre tous les évènements, les rencontres, les contemplations, les réflexions, les amitiés, les amours, toutes ces choses qui sont rangées dans sa mémoire comme des livres sur les étagères d’une bibliothèque et qui ont fait de lui ce qu’il est à cet instant crucial où il conçoit d’un seul coup son oeuvre future et où, pour la première fois, il se sent capable de l’écrire alors que jusqu’alors, il la croyait irréalisable.
Les dernières pages de la Recherche sont moins connues, moins galvaudées que celles de la petite madeleine de la tante Léonie ou des catleyas de Charles Swann. Ce sont celles où le Narrateur vient de réaliser qu’il est enfin capable d’écrire son oeuvre et se demande si sa santé lui en laissera le temps. Réflexions sur l’écriture, la mémoire, la mort, l’éternité de l’oeuvre…
Ces pages, meilleure lecture par le meilleur lecteur de Proust, Guillaume Gallienne, sont pour moi les plus les plus émouvantes de toute l’oeuvre.
J’espère que vous aurez le courage d’y entrer. Il vous suffira de cliquer sur ce lien :
Remarquable! Merci pour ces 40 minutes d’une lecture qui nous rappellent adroitement que le corps, mortel, menace notre esprit, que le temps nous est compté (surtout à l’âge que j’ai), et une invitation à toujours interpréter une lecture pour s’y retrouver soi même, avec le subterfuge subtil, me semble-t-il, d’avoir présenté cette lecture filmée par Guillaume Galienne en effet miroir.
J’aurais l’occasion d’y revenir ici.