Une conférence de presse a été donnée à Djeddah par Marco Rubio et Michael Waltz, respectivement Secrétaire d’Etat et Conseiller à la Sécurité de Trump, pour annoncer une proposition de cessez-le-feu -feu. Elle m’a laissé une impression étrange, mitigée.
Du soulagement d’abord : il y avait un plan de cessez-le-feu, présenté par Zelensky, accepté par les USA qui allaient le présenter à la Russie. Zelensky avait donc réussi à surmonter la séance de la Maison Blanche et à se faire accepter à nouveau par Trump comme interlocuteur. Bravo ! Formidable !
Et puis j’ai remarqué qu’il n’y avait pas de conférence de presse commune Ukraine/USA, et puis que les envoyés de Zelensky semblaient beaucoup moins satisfaits que ceux de Trump. J’ai remarqué enfin que les seuls détails donnés sur ce cessez-le-feu étaient sa globalité (air-terre-mer) et sa durée (1 mois), qu’il n’était fait mention d’aucune garantie de respect ni d’aucun moyen de contrôle.
Je me suis dit que cela allait être précisé dans les jours suivants. Mais les jours suivants sont là, ou même passés, et… rien. Rien si ce n’est le rappel par le Kremlin de ses exigences absolument inchangées, la visite sur le front de Poutine déguisé en soldat, et l’envoi de négociateurs US à Moscou, sans qu’ils aient d’ailleurs été invités.
Et j’ai entendu la presse unanime s’auto-convaincre que la manœuvre était habile car la balle était dans le camp de Poutine et que s’il fâchait Trump, on allait voir ce qu’on allait voir.
Moi, j’aimerais bien, mais j’ai un mal fou à y croire.
Je pense que Trump est plus que pressé d’obtenir un résultat qui soit présentable à ses adorateurs.
Je pense que, par contre, Poutine a tout son temps, comme toujours.
Je pense qu’il entrera dans une dure négociation avec des diplomates US inexpérimentés.
Je pense que la négociation aboutira à un cessez le feu après une série de concessions majeures qui seront imposées à Zelensky par Trump.
Je pense que ce cessez le feu entrera en vigueur et qu’il sera vite rompu à de multiples reprises.
Je pense qu’il sera facile pour Poutine d’en faire porter, du moins aux yeux de Trump, la responsabilité à l’Ukraine, comme il a l’habitude et l’habileté de le faire à chacune de ses agressions.
Je pense que Trump, par bêtise, par intérêt ou par habitude croira ou affectera de croire ce que dira Poutine.
Je pense alors qu’une fois de plus, Trump lâchera l’Ukraine ou la mettra dans une situation telle qu’elle ne pourra plus que capituler.
Et je pense qu’alors, Poutine aura gagné et qu’il pourra réfléchir en toute sécurité et certitude à la façon dont il annexera la Moldavie, la Lettonie et ses voisins en attendant un plus gros morceau.
Je pense que je pense trop.
L’entrée en guerre de Roosevelt était inévitable, c’est en effet Pearl Harbor et la déclaration de guerre de l’Allemagne aux EU qui l’ont obligé à la décider et le Congtès ne pouvait plus l’en empêcher. L’Abbé et Anaximène ont raison. Mais une entrée en guerre est une chose, en sortir en est une autre. Comme Paddy le dit, Roosevelt avait hâte d’en sortir et il a cédé aux exigences de Staline. Les Russes savent jouer aux échecs, qu’on veuille bien me pardonner ce jeu de mot, en tout cas ils l’ont été plus que les Américains en 1945 et ils vont le prouver une fois de plus en 2025.
Par ailleurs, Trump à une fois de plus sorti une contre vérité hier: « the EU was set up to take advantage of the US » (l’UE fut créée pour profiter des EU », dans une autre diatribe il avait employer les mots « pour nous baiser »). Évidemment il ne sait pas que Roosevelt en relation avec Jean Monet, le soit disant père de l’UE, voulait la création d’une Europe fédérale. Mais avec Trump, on est pas à un mensonge près!
Oui, mais si Roosevelt, supplié pendant plus d’une année par Churchill et déclenché par l’attaque de Pearl Harbor, n’etait pas entré en guerre, il n’y aurait même pas eu de Yalta à lui reprocher. Staline et Hitler se seraient allègrement partagé l’Europe, Grande-Bretagne comprise.
Je suis d’accord avec l’Abbé en ce qui concerne Roosevelt, quoique ! C’est lui seul, dejà très affaibli, qui, à Yalta, au grand dam de Churchill, donna à Staline tout ce qu’il voulait, sans même négocier. Et la cause des problèmes d’aujourd’hui c’est bien Yalta et toutes ses conséquences, aussi bien du côté Est que du côté Ouest.
J’aimerais être d’accord et considérer que Trump et Musk et Vance (ne pas oublier Vance) sont des épiphénomènes de l’histoire américaine. Mais je crains qu’ils ne puissent être tout aussi bien des catalyseurs de basculements de l’histoire.
Par exemple, à mon sens, Roosevelt a été un catalyseur du basculement des E. U. dans la WW2, contre l’opinion générale américaine de cette époque et contre l’opinion de sa propre épouse. Que serait le monde aujourd’hui si les USA n’étaient pas entrés en guerre sous l’impulsion de Roosevelt ? On ne sait pas, mais ce qui est certain c’est qu’il aurait été très différent.
Trump, Vance (ne pas oublier Vance) et Musk sont en train de provoquer un basculement majeur des alliances qui, si personne ne les bloque prochainement, conduira à un nouvel équilibre mondial, qui risque fort de ne pas être à l’avantage de ce qu’il était convenu d’appeler l’occident ou le monde libre.
Oui, pensons à autre chose, si c’est possible! Moi je pense à ne plus boire une goutte de Bourbon et uniquement du Scothch, c’est un début. Je ne le répéterai jamais assez, les EUA sont un pays jeune sans histoire (250 ans), sans un passé qui enseigne et incapable de raisonner autrement que pour leur propre intérêt, de marchands ou de promoteurs immobiliers. Trump et Musk ne sont qu’un épiphénomène de cette histoire américaine. Ce phénomène finira, assez rapidement à mon avis, par se dissoudre en en attendant un autre. Heureusement, on commence à comprendre ces évidences en Europe, à des degrés divers malheureusement, mais je préfère miser sur les États Européens, certains d’entre eux, que sur les EUA.