Dans cet extrait de « Albertine disparue », avant dernier volume de « À la recherche du temps perdu », le Narrateur découvre dans Le Figaro un article dont il est l’auteur. C’est la première fois que le Narrateur est publié et il tente de le juger non en tant qu’auteur, mais en tant que lecteur, anonyme parmi les dix mille lecteurs du Figaro. Voici une (petite) partie de son analyse.
« Ces phrases de mon article, lorsque je les écrivis, étaient si pâles auprès de ma pensée, si compliquées et opaques auprès de ma vision harmonieuse et transparente, si pleines de lacunes que je n’étais pas arrivé à remplir, que leur lecture était pour moi une souffrance, elles n’avaient fait qu’accentuer en moi le sentiment de mon impuissance et de mon manque incurable de talent. Mais maintenant, en m’efforçant d’être lecteur, si je me déchargeais sur les autres du devoir douloureux de me juger, je réussissais du moins à faire table rase de ce que j’avais voulu faire en lisant ce que j’avais fait. Je lisais l’article en m’efforçant de me persuader qu’il était d’un autre. Alors toutes mes images, toutes mes réflexions, toutes mes épithètes prises en elles-mêmes et sans le souvenir de l’échec qu’elles représentaient pour mes visées, me charmaient par leur éclat, leur ampleur, leur profondeur. Et quand je sentais une défaillance trop grande, me réfugiant dans l’âme du lecteur quelconque émerveillé, je me disais : « Bah ! comment un lecteur peut-il s’apercevoir de cela ? Il manque quelque chose là, c’est possible. Mais, sapristi, « s’ils ne sont pas contents ! Il y a assez de jolies choses comme cela, plus qu’ils n’en ont d’habitude. » Et m’appuyant sur ces dix mille approbations qui me soutenaient, je puisais autant de sentiment de ma force et d’espoir de talent dans la lecture que je faisais à ce moment que j’y avais puisé de défiance quand ce que j’avais écrit ne s’adressait qu’à moi. »
Dans la littérature française, le plus fin des analystes des sentiments et des comportement humains est sans aucun doute Marcel Proust. Sa description de la succession des sentiments opposés qui envahissent le narrateur à la lecture de son article en est un exemple de plus. N’allez pas déduire de mon choix de publier cet extrait que je me donne le ridicule de me comparer à Proust, mais je suis pratiquement certain que la plupart des écrivants, qu’ils s’appellent Marcel Proust ou Roger Ratinet, ont éprouvé cette alternance de sentiments.
Puisqu’il semble tolérable maintenant de faire des commentaires sans rapport avec le sujet du jour, moi non plus je ne vais pas géner. Monsieur Proust et notre RCAJDC me pardonneront, j’en suis sûr.
Le tumulte médiatique de ces derniers jours, à l’image de l’incendie gigantesque qui saccage L’os Angeles, s’enflamme à propos de la déclaration fracassante de Trump qui compte faire main-basse sur le canal de Panama, le Groenland et même le Canada pour en faire le 51ème état américain. C’est pas nouveau, c’est dans la logique de l’expansionnisme des E.U. depuis sa naissance, par la force, la ruse ou l’achat (la Louisianne, le Texas, Hawaï, l’Alaska, etc). La France, toute concentrée sur ses problèmes domestiques, censure ou pas mais comment, la retraite et surtout celle prochaine de Didier Descamps, l’opération pièces-jaunes, etc, a oublié ce qui pourrait advenir de notre territoire outre-mer Saint-Pierre-et-Miquelon. C’est pas non plus la première fois, en 1941 Cordell Hull, le secrétaire d’état américain, voulait accaparer les 2 îles, mais le Général de Gaulle ne l’entendait pas du tout ainsi et envoya tout de go l’Amiral Muselier et quelques combattants pour conserver ces îles précieuses sous son contrôle, scrogneugneu! Le président Roosevelt en gardera une rancune tenace contre le Général. Notre Président Macron se réveillera-t-il enfin?