3 réflexions sur « Biais cognitif »

  1. Karl Popper, – plus proche de nous géographiquement et dans la durée que le Brexit du Breakfast -, a essayé de sortir de ce dilemme en affirmant que la science progressait non par confirmation – ce qui conforterait Bacon – mais par falsification (dans le sens démonstration de la fausseté de nos conjectures). Lorsqu’un paradigme (concept central à un ensemble d’hypothèses ou de conjectures) est falsifié… on peut s’attendre à ce qu’un autre le remplace…

    En général ça va vite, l’humanité, comme disait Karl Marx, ne se posant que les questions dont elle a la réponse! On assiste alors à une révolution paradigmatique…

    Toutefois, le processus peut être considérablement ralenti par le fait que pour falsifier une conjecture, hypothèse ou paradigme, il faille utiliser des outils physiques et conceptuels dont la pertinence ne peut être reconnue (par les collègues attardés) que si ils viennent de la boite à outils du paradigme dominant (le seul que connaisse les collègues). Si la falsification a bien lieu on se rend compte de la désuétude du paradigme dominant), il faut ensuite attendre que les collègues prennent leur retraite pour que les jeunes, venus d’ailleurs, puissent instituer la solution à partir de laquelle la question falsificatrice du paradigme désuet a été posée!

    Bacon, Robespierre comme Staline n’ont pas tout à fait tort, si vous voulez changer les choses de façon expéditive, changez les yeux et la tête qui les perçoivent et les conçoivent!

    Morin dit la même chose. On ne peut décrire et analyser un phénomène observé sans
    décrire et analyser simultanément celle ou celui qui l’observe. C’est la métaphore de la main qui se dessine!

    Si une autre personne décrit le phénomène ‘observateur – observé,’ elle doit elle aussi s’auto-observer observant l’observateur et son objet!

    Good luck! On comprend mieux maintenant pourquoi les Anglais sont partis!

  2. Une fois que la compréhension humaine a adopté une opinion, elle aborde toutes les autres choses pour la supporter et soutenir. Et bien qu’il puisse être trouvé des éléments en nombre ou importance dans l’autre sens, ces éléments sont encore négligés ou méprisés, ou bien grâce à quelques distinctions mis de côté ou rejetés.
    (Francis Bacon)

    Aussi Bacon que Nietzsche, celui-là.

  3. Et pourtant, Nietzsche a écrit, beaucoup écrit… et surtout a fait publier ses œuvres (s’est efforcé de les rendre public alors qu’elles auraient pu constituer un journal intime) afin de démontrer aux autres – à ‘ON’ – ces vérités qui SE devinent. (S’offrent à être devinées!)

    Personnellement, je pense qu’il y a deux aberrations dans la citation de ce matin qui ne sont, hélas, pas propre à Nietzsche mais sont le fait de tous ceux qui scribouillent ou passent à la télé ou sur la toile en grenouillant!

    Tout d’abord, on objectivise en prétendant rendre universellement acccessible ce qui est intime à notre système personnel de représentation du monde (Weltanschauung ou carte-écran-radar perso.) On parle avec certitude de ces « véritès qui SE devinent. » Comme si, de l’extérieur, elles se donnaient à être devinées par notre esprit qui, spontanément, les appréhenderaient telles quelles!

    Par contre CE à quoi on résiste et que l’on refuse donc de reconnaître comme ‘vérité’ vient des autres, ‘ON’ (des étrangers) qui s’efforcent de nous les démontrer.

    La médiation humaine sème donc le doute sur la vérité!

    Nous, personnellement, sommes objectifs et avons un ‘pipeline unique’ qui nous permet d’accéder – même en devinant – au réel ou à la vérité. Et ce dont on doute vient des autres, de ces ‘on’ étrangers qui s’évertuent à nous démontrer le bien fondé de leur subjectivité, souvent qualifiée de ‘perception,’ voire ‘fantasme.’

    Souvenons nous – à propos de Trump – qu’en politique, il n’y a que des perceptions!

    je crois personnellement que tout est politique (avec un P ou un p)…

    La seconde aberration vient de l’occultation du fait que le système à partir duquel un individu, patient ou pas, enflammé ou ramolli, devine (identifie spontanément) la vérité en la distinguant du faux, lui vient des autres, d’un ‘ON’ plus rapproché de lui que le premier. Ne sont-ce pas nos parents, amis, profs., et autres figures d’autorité ponctuelle (les leaders d’opinion qu’Elihu Katz fait intervenir dans sa fameuse description du 2 steps flow of communication) qui nous ont dicté avec amour et persévérance (par coerséduction) les normes, les grilles balisées qui constituent le fond ou la carte de nos écrans radars personnels à partir desquelles nous sélectionnons puis identifions, devinons ou distinguons le vrai du faux?

    Toute appréhension de la vérité ou de la réalité est toujours médiatisée par des ON même lorsqu’on croit se les taper toutes nues!

    Est vrai ce qui est identifié comme tel au travers des grilles que nous ont inculquées les membres significatifs de nos communautés d’appartenance et d’interprétation alors qu’est faux ce qui vient de communautés qui nous paraissent étranges.

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