Une balle dans le pied

Trente-neuf exemplaires de Blind dinner ont été vendus. On ne pouvait sans doute en espérer davantage. Une trentaine d’amis, ce n’est déjà pas mal. Mais quatorze La Mitro et dix  Dashiell Stiller !

Oui, oui ! Je sais, je sais… Vous avez plein de choses à faire… la rentrée des classes, la guerre en Ukraine, le cours du bitcoin, l’inscription au cours de yoga…
C’est pourquoi vous n’avez pas eu le temps d’aller sur Amazon pour commander La Mitro ou l’Histoire de Dashiell Stiller. Je comprends, je comprends. Et puis Amazon, n’est-ce pas… Amazon enfin… Amazon, quoi ! Amazon, c’est l’Amérique, autant dire le Grand Satan. Laissons nos adolescents utiliser tik-tok et se confier ainsi au Nouveau Grand Timonier, mais apprenons-leur surtout à ne pas céder au Moloch. Amazon, oui, bien sûr… mais en tout cas soyez certains que le jour où Harlequin, Galligrasset ou Adolphe Lafont voudront bien m’éditer, vous me trouverez dans vos librairies chaleureuses, et que le jour où Carrefour, Auchan ou E.Leclerc me permettront d’imprimer et de distribuer mes bouquins sans frais, dès le lendemain, vous pourrez les ajouter à votre panier de la ménagère.
D’ailleurs, de toute façon, les eussiez-vous achetés, ces bouquins, vous n’auriez pas eu le temps de les lire… forcément, avec toutes ces choses que vous avez à faire… alors, les commenter !…

Je crois qu’il y a un quiproquo entre nous. Sur l’Histoire de Dashiell Stiller, pas plus que sur La Mitro, je ne vous demande un avis sincère. Bien sûr, ça fait toujours plaisir d’avoir un bon retour de quelqu’un qu’on connaît et qu’on apprécie, mais en l’occurrence, ces avis, je pense les avoir déjà eus.
Non, je ne vous demande pas ce que vous pensez vraiment, en bien ou en mal, de mes petites histoires. Je ne vous demande même pas de les lire. Ce que je vous demande, c’est d’inscrire quatre ou cinq mots et trois, quatre ou cinq étoiles sous mes bouquins parus chez Amazon.
Comme me l’a fait récemment comprendre Jim, le texte des commentaires importe peu. Personne ne les lit jamais. Exemple : je me suis un moment inscrit sur Babelio pour voir mes critiques littéraires publiées ailleurs que chez moi ; je me suis vite aperçu que je ne lisais jamais les critiques des autres, mais seulement les miennes pour les déguster encore une fois.
Donc : trois ou quatre mots si vous voulez, mais surtout des étoiles, des étoiles comme s’il en pleuvait, parce qu’en Amazonie, où les agents n’ont pas encore mis le pied, ce sont les étoiles qui font que le chaland achète.

J’ai utilisé tout à l’heure l’expression « quiproquo » dont vous connaissez bien sûr tous le sens. Mais connaissez-vous celui de la locution « quid pro quo », plus fréquemment utilisée dans le monde anglo-saxon ?  Oui ? Ah bon !
Dans ce cas, dites vous que pendant dix années bientôt, je vous ai donné chaque jour quelque chose à lire, à voir, à réfuter, à apprendre, à déguster, à vomir…,  chaque jour… et souvent deux fois dans la même journée… au risque d’être lassant, c’est vrai, car on l’a vu, la répétition peut agacer et quand c’est trop, c’est trop ; mais quand même… dix ans… chaque jour…
Eh bien maintenant, si vous l’ignorez encore, allez chercher le sens de « quid pro quo ».

Prendre le lecteur à rebrousse-poil, le culpabiliser, le faire chanter, l’engueuler… je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression de m’être tiré une balle dans le pied. Avec cette complainte risquée, je suis conscient de m’exposer à l’ironie, l’agacement, le sarcasme, l’indifférence… Mais quand on écrit, on s’expose et, pour un petit morceau d’éternité, il faut être prêt à supporter quelques retombées.

4 réflexions sur « Une balle dans le pied »

  1. À propos de kiproko, le nom de Jim ayant été cité, il souhaite faire savoir que s’il conteste la valeur des jugements prononcés sur des échelles en 5 ou dix étoiles, smileys ou autres symboles, il préfère les jugements ou commentaires exprimés par des mots simples, des phrases de préférence courtes, même si ceux-ci sont souvent ignorés, à tort.

  2. Saperlipopette, ça barde ! Et à juste titre, c’est vrai. Mais s’il n’y avait que la rentrée des classes… Une chose cependant : sur Amazon, l’ordinateur précise si l’avis donné est « vérifié » ou non. J’ai compris (peut-être à tort, que pour être « vérifié » l’avis devait être celui de quelqu’un qui avait effectivement acheté le livre. Et comme je l’ai déjà dit, compte tenu de mon éloignement, je préfère grouper mes achats sur Amazon (ce qui est d’ailleurs idiot, car ils se moquent de grouper les livraisons, mais ça me donne bonne conscience).
    Et autre chose encore : je me suis dit que si tous les avis arrivaient en même temps, cela aurait moins d’impact que s’ils étaient égrenés.
    Bien sûr, tous ces arguments percutants ne valent que pour moi et cela ne m’empêche pas de trouver scandaleux, je dis bien scandaleux, le comportement lâche et ingrat de tes autres lecteurs !

  3. Bonjour Lariegeoise
    Et merci d’avoir compris le message.
    Cette complainte, je l’avais écrite 24 heures avant de voir ton commentaire d’hier soir. Je n’ai pas eu le courage, après avoir déployé tant d’efforts pour l’écrire, de le reprendre pour en tenir compte.
    Je l’ai dit, déjà avec le titre que j’ai choisi, je suis conscient de pouvoir provoquer chez certains de mes lecteurs une lassitude ou pire une irritation. Mais ouate ! comme aurait dit Boubouroche, il faut savoir parfois prendre des risques, surtout quand la situation est désespérée.
    L’introduction de la notion de quid pro quo a pu choquer. On pourrait penser que je n’ai rien à reprocher à un lecteur ni à exiger de lui et on aurait raison si mon lectorat n’était pas constitué d’une grande majorité de gens qui me connaissent et que je connais. Mais c’est un fait, du moins j’en suis persuadé, que là à plupart de ceux qui me lisent aujourd’hui me connaissaient bien avant que n’existe le JdC. Que les lecteurs qui sont arrivés ici par hasard veuillent bien m’excuser. A eux, je n’ai rien à demander. (Mais s’ils veulent commander et lire mes œuvres, je ne leur en voudrai pas).
    Pour répondre à ta question précise de façon précise : non, mais tu pourras toujours les offrir pour leur anniversaire à tes enfants, petits-enfants, voisins, voisines et assimilés.

  4. Moi j’ai commencé la course aux étoiles hier soir dans mon commentaire!
    Cette mise au point ( la tienne) est salutaire: tu n’attends pas des dithyrambes, juste des étoiles L eusses tu précise plus tôt je suis sure que tu aurais libérée les bonnes volontés…. Dans mon cas , j’ai en effet voulu être exhaustive et le grand Moloche m’a refoulée: »  tes mots , on s’en tape , on veut des sous , « 
    J’avoue avoir eu un moment de mauvaise humeur….
    Ce matin , tu cours un risque : culpabiliser tes fidèles lecteurs… j’ai utilisé hier le terme «  coucou »
    Toi tu latinises, mais l’idée est là : à nous de te remercier concrètement pour le plaisir que tu nous offres depuis dix ans….
    Ça peut s’entendre….
    Une question : si j’achète 10 Stiller, pourrai je mettre 10 fois 5 étoiles ou devrai je trouver des alias?

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