Dernière heure : À l’Ouest, rien de nouveau ; l’Amérique est mal partie

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Dernière heure : À l’Ouest, rien de nouveau ; l’Amérique est mal partie

Bon, certains ont regretté que, depuis plusieurs mois, je ne pratique plus la diatribe, je n’écrive plus de catilinaires, ou en tout cas beaucoup moins, contre Zeymour ou Hidalgo (pourquoi gaspiller des cartouches sur des cibles minuscules), Mélenchon ou Le Pen (ils arrivent très bien à se tirer des balles dans le pied sans que j’aie à m’en mêler), Poutine ou Xi Jinping (à quoi bon, ils sont hors de portée de fusil)… Il me resterait bien Jean-Michel Apathie, Eric Ciotti ou Luc Ferry, mais ça ne présente pas un grand intérêt.

J’ai surtout arrêté de parler de Trump, du GOP et des USA en général. En effet, le monde ne nous donnant pas actuellement beaucoup de raisons de nous réjouir ou même seulement de ne pas trop nous inquiéter, je ne voulais pas en rajouter en parlant de ce qui se dessine à l’Ouest en ce moment.

Mais ce qui se dessine à l’Ouest est trop grave pour ne pas en parler.

Je ne suis pas le seul à le dire, mais je le dis depuis longtemps : « L’Amérique est mal partie ! » Et aujourd’hui, j’ajoute ; « Et nous avec… ».

Pas le seul à le dire, c’est certain : entre deux commentaires sur le prix de l’essence, le caractère scandaleux ou pas d’une interjection frontiste, la dernière pose de Mélenchon, et l’avis du Général Alcazar sur les drones iraniens, on arrive à saisir quelques mots sur les USA, leur président vieillissant, leur vice-présidente inexistante, leur futur président rugissant, et leur Grand Old Party extrémisant.

Depuis longtemps, ça aussi, c’est certain, et pour en faire la preuve, j’ai tenté de réunir ci-après la totalité des articles que, depuis 6 ans, j’ai publiés ici sur les USA, leurs élections, leurs présidents passés, présents et à venir, et en particulier sur Trump — Le Donald, comme aimait à l’appeler Barack Obama, qui ne fut pas le dernier à négliger l’importance du futur fossoyeur de l’Amérique telle que nous l’avons connue.

Tout ce que j’ai écrit, je le re-signe et le confirme :

— l’Amérique est divisée comme jamais en deux blocs irréconciliables pour longtemps

— Demain soir, les Démocrates auront perdu la Chambre des Représentants et probablement aussi le Sénat.

— Après demain matin, Trump aura annoncé sa candidature pour 2024.

— En 2024, à moins qu’une comète de première grandeur ne percute la planète, il sera à nouveau président des USA.

L’Ukraine, avec toute la vaillance et la compétence de son Président et de son armée, ne dépend pour sa survie que de l’aide américaine. Ce qui se passe en ce moment à 2500 km de chez nous démontre à suffisance que notre propre sécurité militaire, notre intégrité territoriale et notre indépendance ne dépendent que de la bonne volonté et de l’intérêt américains.

Qu’en sera-t-il de cette bonne volonté ou de cet intérêt quand Biden aura perdu les élections de mid-term, c’est-à-dire demain soir, et quand Trump sera redevenu Président des USA, c’est-à-dire dans deux ans et quelques ?

Il y a d’autres sujets de préoccupation bien sûr, l’inflation, l’indépendance énergétique, le dérèglement climatique, et d’autres encore, mais la division de l’Amérique les dépasse tous, en imminence tout au moins.

Recueil des textes du JdC sur Donald Trump et l’Amérique

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8 NOVEMBRE 2016 : TRUMP ELU PRESIDENT DES USA

 21/12/2016

Une vue de l’Amérique 

 Je suis un enfant de la guerre.

Et nous autres, enfants de la guerre, nous avons été nourris, au propre comme au figuré, au lait concentré sucré de l’Amérique. Nous avons grandi en force et raison grâce aux Candy Bars Hershey’s pour la bonne énergie, au chewing-gums Wrigley’s pour la mâchoire carrée et au Coca Cola pour la soif d’aujourd’hui. Mais aussi grâce à John Steinbeck et à Franck Capra pour la justice sociale, à Gary Cooper et John Ford pour le courage, à Howard Hawks et John Wayne pour le patriotisme, Fred Astair et Ginger Rogers pour l’élégance, Stanley Donen et Katharine Hepburn pour la sophistication… Nous avons grandi en regardant l’Amérique.

Et puis, il y a eu Kennedy à Dallas, Johnson à Washington, les boys au Viêt-Nam, Nixon au Watergate… Mais c’était des accidents, des erreurs, des enchainements, des fatalités. Rien de cela ne changeait l’Amérique, qui survivait, se redressait, faisait justice. Il y aurait toujours un James Stewart pour convaincre un Sénat, un Robert Redford pour faire éclater une vérité, un Steve McQueen pour sauver un enfant de l’incendie. Il y aurait d’autres Sidney Lumet pour exposer, de nouveaux Oliver Stone pour dénoncer et d’éternels Woody Allen pour s’en moquer. L’Amérique resterait l’Amérique.

Bien sûr, il y a eu le 11 septembre, et puis Georges Bush Junior, et puis les armes introuvables de destruction massive, et puis, et puis… mais l’Amérique est revenue, une fois de plus, conforme à ce qu’on attendait, un dessin de Norman Rockwell…

Et puis il y a eu le Donald, et le Donald a dit tout ce que nous ne voulions pas savoir de l’Amérique : la brutalité, le cynisme, la violence, la bêtise, la vulgarité, l’égoïsme, l’amoralité, l’immoralité, le mépris, la peur, l’ignorance… tout ce que nous ne voulions pas entendre mais que nous avons entendu.

Alors, nous nous sommes dits que le Donald était un clown mal coiffé, vulgaire et pathétique dans sa naïveté de nouveau riche auto-ébloui, dans son costume d’oncle Picsou rancunier et vaniteux, qu’il n’irait pas bien loin, englué qu’il serait de ridicule sous les parodies des comédiens satisfaits d’Hollywood et des chroniqueurs malins de Broadway, moralement détruit par les belles envolées des discours de Monsieur et de Madame Obama, annihilé, explosé et piétiné par tout ce qui sait lire et écrire dans les cinquante états. Nous étions confiants, l’Amérique ne ferait pas ça.

Et puis l’Amérique l’a fait ! De manière confuse, contestable, contestée, mais elle l’a fait.

L’Amérique n’est-elle plus l’Amérique ?

Is this really happening ?

Où êtes-vous, James Stewart et Robert Redford ?

Qu’est-ce que vous fichez, Gary Cooper, John Wayne et Steve McQueen ?

Qu’est-ce que vous attendez, le 5ème de cavalerie ?

J’ai peur.

 

11/01/17

The Donald is not that bad !

11 Janvier 2017

Vous n’avez pas remarqué ?

Ces temps-ci, quand la conversation s’en vient, inévitablement, sur Le Donald, Donald Trump, il semble de bon ton, normal, malin et même recommandé de prendre un air finaud, ou sage, ou débonnaire, ou énigmatique et de dire :

« Dans sa campagne, il a menti, bien sûr, mais les autres aussi… », ou bien « Mais, dans sa campagne, il a dit des vérités, vous savez…  » ou bien « Sa victoire est le reflet du mécontentement du peuple ! « , ou bien « Il est le produit de l’antisystème, le résultat du rejet des élites qui gouvernent ce pays depuis trop longtemps ! « , ou bien « Il a dit des choses qui pourraient inquiéter, mais c’est un businessman. Il agira donc dans l’intérêt du business et, par là même, dans l’intérêt de l’Amérique. « , ou bien « Ce n’est pas un idéologue, c’est un pragmatique. Quand il se rendra compte des réalités, il changera d’attitude et de discours. « , ou bien « C’est vrai qu’il semble ne rien connaitre à rien, mais il saura s’entourer de conseillers, et de toute façon l’administration le maintiendra sur les rails ! « , ou bien « On peut peut-être dire qu’il n’a pas la stature, mais la fonction fait l’homme. Vous verrez qu’il sera un bon président.« , ou enfin « Tous les politiciens se valent… il n’est pas pire qu’un autre…« 

Foutaises !

A tout cela, je réponds : « Foutaises ! »  Ou plutôt, j’aimerais répondre : « Foutaises ! », mais je ne le fais pas. En effet, ma voix n’est pas très forte, je suis assez réservé et, la plupart du temps, j’essaie de rester modéré dans mes interventions, ce qui fait que je ne suis pas très écouté. Et puis, il faut dire aussi que j’ai un esprit d’escalier. Ca fait beaucoup de bonnes raisons pour préférer l’écrit à l’oral. Alors, à l’attention de tous ceux qui prononcent les petites phrases rassurantes que j’ai rassemblées plus haut, je ne dis pas, mais j’écris : « Foutaises ! Arrêtez de faire les malins ! »

Remarquez bien que je ne m’adresse pas à ceux qui claironnent : « Mais c’était prévisible ! » Soyons honnêtes, personne ne l’avait prévu et, thank God !, personne ou presque n’ose encore dire qu’il l’avait prévu. Mais je crains que cette forfanterie ne nous soit pas épargnée bien longtemps encore. Non, je m’adresse aux esprits forts, à ceux qui veulent se distinguer du troupeau en prenant le contre-pied du sentiment général : « Mais non, mais non, vous allez voir, tout va bien se passer. » 

Mais non, mais non, vous allez voir, tout ne va pas bien se passer.

Ça ne va pas bien se passer du tout !

—Pendant toute sa campagne, Le Donald a menti. Vous me direz que c’est un exercice indispensable pour qui veut réussir en politique. Mais Le Donald, lui, est allé beaucoup plus loin, et sciemment, de manière programmée. Il a carrément inventé des faits. Il les savait faux, bien entendu.  Mais il savait aussi qu’un démenti de la victime n’a pas le millième du poids de la calomnie d’origine. La sagesse populiste ne manque pas de dire et de croire qu' »il n’y a pas de fumée sans feu » et on sait d’expérience que l’effet nocif de la fumée dure bien au-delà de l’instant tardif ou le menteur admet son « erreur ». Il semble que Le Donald connaisse bien le conseil de Francis Bacon « Calomniez hardiment ! Il en restera toujours quelque chose« . Le fait qu’un candidat à un poste de cette importance, proférant des énormités de cette taille, avérées fausses dans les minutes ou dans les jours où il les proférait, puisse être cru et qu’aucune sanction dans les urnes ou dans les tribunaux ne lui soit appliquée est proprement terrifiant. Enfin, moi, ça me laisse songeur. Et le fait qu’il puisse continuer comme ça, ça ne laisse pas de m’inquiéter. On peut avoir sa propre opinion, pas ses propres faits.

—Le Donald aurait dit des vérités pendant sa campagne ? Ah oui ? Lesquelles ?

—Son élection serait le résultat du mécontentement du peuple…, il incarnerait le rejet du système, la défaite des élites… ? Le peuple, parlons-en du peuple. Tout d’abord, il faut se rappeler que Le Donald a obtenu 2.800.000 voix de moins que son adversaire. Donc le peuple, pris dans sa globalité et dans sa majorité, n’a pas voté pour lui. Mais plus en détail, qui a voté majoritairement pour Le Donald ? : les hommes blancs, les campagnes, les peu-ou-pas-diplômés, mais aussi les ménages qui gagnent plus de 50.000 Dollars par an, ce qui correspond au revenu médian. Le peuple…

—Le Donald serait un businessman, donc enclin par nature à agir pour le bien du business et de l’Amérique ? Businessman Le Donald ? Voyons, tout le monde sait qu’il a hérité de son père, en même temps qu’une entreprise, une fortune dans l’immobilier, fortune qu’il a développée avec succès dans le reality show télévisé, qu’il a écornée avec un échec notoire dans les casinos et failli perdre dans une gestion frauduleuse d’une université à son nom. Avec ce Curriculum Vitae, on voit mal ce que Le Donald peut bien connaitre aux problèmes de l’exportation, de l’investissement industriel, de la gestion des grandes entreprises ? Et quand bien même il en aurait les capacités, aurait-il envie de travailler à autre chose qu’à ses propres intérêts ? Sa conduite passée dans la gestion de ses affaires et de ses déclarations d’impôts ne laisse rien augurer de bon.

Le Donald ne serait pas un idéologue ? Cela, c’est à peu près certain ! Pragmatique ? Je vous l’accorde. Mais à quoi donc s’emploiera très probablement son esprit pratique ? La réponse la plus vraisemblable se trouve dans le paragraphe précédent.

Le Donald est un ignorant, mais il saura s’entourer ? Pour soutenir cela, il faudrait avoir été sensible aux discours dans lesquels il assurait très bien connaitre le sujet, chaque sujet, n’importe quel sujet, sans jamais le développer plus avant. « Je connais très bien cette chose, j’en sais bien plus que vous, mais je ne peux rien dire pour le moment, mais vous verrez, vous verrez… »  Il ajoutait souvent quelque chose comme : « De toute façon, je vais réunir une équipe en or, avec les meilleurs hommes que l’on peut trouver en Amérique, des types extraordinaires, des spécialistes comme on en n’a jamais vus… » On peut toujours placer son espérance dans le bon sens et la raison du Congrès qui, on le sait, devra approuver la nomination des ministres, mais la liste qui se dessine n’a rien de rassurant. De plus, s’il y a une chose que l’on reconnait au Donald, c’est son talent de persuasion, son goût pour les compromis. De « compromis » avec le Congrès à « compromettre » quelques élus, il n’y aura pas loin à parcourir.

Le Donald n’a peut-être pas l’étoffe d’un président, mais la fonction fera l’homme ? Vous avez vu ça où, vous, que la fonction faisait l’homme ? La dernière fois que je me suis dit cette ânerie, c’était en mai 2012. Eh bien, presque cinq années plus tard, trouvez-vous vraiment que la fonction a défait le Pingouin pour faire l’homme ? Moi pas. Le volatil à la belle silhouette est resté fidèle à lui-même, se dandinant sur la banquise entre deux solutions, engoncé dans son costume de député-maire, sidéré par sa position inespérée, ébahi par son pouvoir, tout occupé à construire sa légende avant même qu’elle ait commencé. Certes, Le Donald ne ressemble pas à un pingouin. Il ferait plutôt penser, la gentillesse et la bonne volonté en moins, à Baloo, l’ours du Livre de la Jungle selon Disney : gros, grand, fort, mal léché, stupide, jouisseur, maladroit et ignorant. Pour transformer ça en homme, il faudra qu’elle se décarcasse, la fonction !

Tous les politiciens se valent, vous savez, tous pareils, tous pourris… Je ne connais pas beaucoup de phrases qui soient plus répétées et plus stupides que celle-là ! Colbert idem que Fouquet ? Churchill pareil que Cameron ? Pas de différence entre Bush II et Kennedy ?  Staline et Roosevelt même combat ? Et ne me dites pas que les américains avaient à choisir entre la peste et le choléra. Non, Trump et Clinton ne se valent pas, quoi que l’on puisse penser d’elle. Trump est ignorant, misogyne et raciste. Pas elle. Il est xénophobe, impulsif, inexpérimenté. Pas elle. C’est déjà ça, c’est déjà beaucoup.

Mais c’est aussi trop tard. Dans quelques jours, Le Donald sera « in charge » c’est-à-dire « en capacité », en capacité de faire ce qu’il voudra, en capacité de faire annuler la construction d’une usine d’un milliard de dollars au Mexique par une simple réflexion, et/ou de déclencher une guerre économique avec la Chine par un Twitt, et/ou d’annuler les accords de la Cop21 par une mauvaise plaisanterie prononcée la bouche en cul de poule au cours d’un cocktail.

Impeachment or not impeachment

Certains et, comme on dit, non des moindres, placent leur espoir dans une destitution, un impeachment comme on dit là-bas. Intéressante, la procédure d’impeachment, et il est à peu près certain pour moi que de telles procédures seront lancées contre Le Donald.

Aux anciens, ça rappellera les beaux jours du Watergate, avec Woodward, Bernstein, Deep Throat et Nixon dans les rôles principaux. Un feuilleton passionnant. Mais regardons l’histoire des procédures d’impeachments contre les Présidents des USA :

1868 – Andrew Johnson : abus de pouvoir – empêché puis acquitté

1998 – Bill Clinton : parjure et obstruction à la justice- empêché puis acquitté.

—Et Nixon, me direz-vous, vous oubliez Nixon !

Eh bien non, je n’oublie pas Nixon, car Nixon n’a pas été « empêché ». Il a démissionné (sous la menace d’une procédure d’empêchement, je vous l’accorde).

Deux cent vingt-sept ans de présidents US successifs et pas un seul véritablement empêché, ça jette un peu d’eau froide sur ce bel espoir d’en finir avec Le Donald avant l’heure, n’est-il pas ?

20 JANVIER 2017 : PRISE DE FONCTION DE TRUMP

26/01/17

Voici in extenso la réponse du Donald à une question du très honorable Times de Londres lors d’une interview du week-end dernier. Pour que rien ne soit perdu dans la traduction, je vous donne le texte original et les sous-titres. Vous en avez de la chance…

The Times
Do you have any models —are there heroes that you steer by—people you look up from the past?
Avez-vous des modèles ­—y a-t-il des héros qui vous guident— des gens du passé que vous admirez?

 Donald Trump, President elect
« Well, I don’t like heroes, I don’t like the concept of heroes, the concept of heroes is never great, but certainly you can respect some people and certainly there are certain people ­— but I’ve learnt a lot from my father — my father was a builder in Brooklyn and Queens — he did houses and housing and I learnt a lot about negotiation from my father — although I also think negotiation is a natural trait, I don’t think you can, you either have it or you don’t, you get better at it but basically, the people that I know who are great negotiators or great salesman or great politicians, it’s very natural, very natural…I got a letter from somebody, their congressman, they said what you’ve done is amazing because you were never a politician and you beat all the politicians. He said the added it up—when I was three months into the campaign, they added it up — I had three month of experience and the 17 guys I was running against, the Republicans, had 236 years — ya know when you add 20 years and 30 years — so it’s sort of a funny article but I believe it’s like hitting a baseball or being a good golfer — natural ability, to me, is much lire important to me than experience and experience is a great thing — I think it’s a great thing — but I learnt a lot from my father in terms of leadership. »
« He bien, je n’aime pas les héros, je n’aime pas le concept des héros, le concept des héros n’est jamais bon, mais vous pouvez certainement respecter certaines personnes — mais j’ai appris beaucoup de mon père — mon père était un entrepreneur à Brooklyn et dans le Queens — il a faut des maisons et des immeubles et j’ai appris beaucoup de mon père sur la négociation — quoique je pense aussi que la négociation est un don naturel, je ne crois pas que vous pouvez, ou bien vous l’avez ou bien vous ne l’avez pas, vous vous améliorez mais à la base, les gens que je connais qui sont des grands négociateurs ou des grands vendeurs ou des grands politiciens, c’est très naturel, très naturel…J’ai reçu une lettre de quelqu’un, leur congressman, ils disent ce que vous avez fait est extraordinaire parce que vous n’avez jamais été un politicien et vous avez battu tous le politiciens. Il dit qu’ils avaient ajouté — quand j’étais dans la campagne depuis trois mois, ils avaient ajouté — j’avais trois mois d’expérience et les 17 types contre lesquels je concourait, les Républicains, avaient 236 ans —  vous savez, quand vous ajoutez 20 ans et 30 ans — alors c’est une espèce de drôle de chose mais je crois que c’est comme frapper une balle de baseball ou être un bon golfeur — un talent naturel, pour moi, est bien plus important pour moi que l’expérience et l’expérience est une excellente chose — je pense que c’est une excellente chose — mais j’ai appris beaucoup de mon père en termes de leadership. »

Affligeant, non ? Au début, à examiner ce galimatias hors sujet de morceaux de phrases successifs sans suite ni logique apparente, on peut se demander si le nouveau Président de la plus grande puissance mondiale avait vraiment compris la question.

Mais à y réfléchir un peu, on comprend la méthode : « Je me fous de votre question, mais merci de me permettre de traiter à nouveau un sujet super important, moi, ce que je suis, ce que j’ai fait, moi, moi, moi !« .

Lui, lui, lui ! Mais nous ? Nous ? Que peut-on tirer de cette réponse alambiquée ?

—Que le Donald n’aime pas les héros ? Ni Lincoln, ni Washington, ni Margaret Thatcher ? Pas même Captain America ou Superman ?
—Qu’il a beaucoup appris sur la négociation auprès de son père mais que, de toute façon, le talent de la négociation est inné ?
—Qu’avec ses 3 mois d’expérience en politique, il a battu des gens qui en possédait 236 années ?

Bon, et après ?

Moi, j’en conclus qu’il parait incapable d’exprimer un enchainement de pensées logique ou même seulement un langage articulé, et qu’il se place toujours dans l’auto-célébration.

Les politiciens ordinaires avaient inventé la langue de bois et il est certain que sur ce plan, Le Donald ne fait pas partie de leur club.
Si ce n’est pas de la langue de bois, alors qu’est-ce que c’est ? Il serait facile, vu le passé du Donald de dire que c’est de la langue de béton, dure, lourde, visqueuse, désagréable… Mais l’image ne résiste pas bien longtemps à l’examen. Elle ne traduit pas cette volonté d’auto-vénération.

Pas de la langue de bois ? Pas de la langue de béton ? Alors quoi ?
Peut-être de la langue de bœuf, vous savez, ce truc immangeable qu’on nous servait à la cantine, ou mieux, de la langue de taureau, cet animal qui, selon Baudelaire, exprime le mieux la bêtise, l’obstination et la stupide confiance en soi.

Mais n’allez pas raconter au Donald que j’ai dit ça ! Je crois qu’il adorerait être comparé à un taureau.

3/02/17

Je me fous de tout.

Hamon a gagné son quart de finale ? Je m’en fous.
Le Parti Socialiste repart quarante ans en arrière ? Je m’en contre-fous.
Le Pingouin suprême cherche une raison de ne pas aller voter aux prochaines présidentielles ? Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ?
Fillon a pris une torpille par le travers ? Ça m’est égal.
Bercy nie toute implication ? Vous vous attendiez à quoi ?
Le Front National engrange ? Je m’en fiche.
Hidalgo poursuit la prise en masse de Paris ? So what ?
De tout cela, je me fous, je me contre-fous, je vous dis !

Il n’y a plus qu’une seule chose dont je ne me foute pas, une seule chose qui me préoccupe, une chose qui occulte toutes les autres : Donald Trump Président des États Unis d’Amérique.

J’ai déjà pas mal écrit sur le sujet, ici même, sur la transformation radicale que l’Amérique apporte à son image, sur les analyses rassurantes des sages de la presse intelligente, sur la nature déstructurée et monomaniaque des discours du Donald. Mais pas sur les raisons de son élection.

Mais, dites-moi :
Est-ce que l’exposé de ces raisons vous donne, comme à moi,  des boutons ?
Est-ce que vous en avez marre d’entendre les analyses que l’on tient dans les cafés-terrasses germanopratins ?
Pourrez-vous supporter encore longtemps les commentaires télévisés des populistes de droite et de gauche ?
Les doctes propos tenus dans les diners de droite et de gauche vous sont-ils devenus indigestes ?
Pouvez-vous encore entendre sans hurler ce genre de banalité :
La victoire de Donald Trump aux élections présidentielles US est due au vote de toute une partie des électeurs qui se sentait oubliée, méprisée par les élites, bousculée par la crise économique et menacée par l’immigration. C’est le résultat d’une (saine) mobilisation populaire contre le reste de l’Amérique. 

Si vos réponses aux questions ci-dessus ont été OUI-OUI-NON-OUI-NON, alors examinez deux minutes le tableau ci-dessous :

  Nbr de voix en millions Ecart  Participation
Année Candidat Dém. Candidat Rép.    
2004 Kerry  Bush
59,0 62,0 -3,0 56%
2008 Obama McCain
69,5 59,9 9,4 58%
2012 Obama Romney
65,9 60,9 5 55%
2016 Clinton Trump
65,8 62,9 3,1 55%

Avant de me lancer dans quelques commentaires tout simples de ce tableau, laissez-moi préciser que je suis au courant des particularités du mode de suffrage aux USA et que je n’ai pas l’intention de le contester, ce qui d’ailleurs ne changerait rien à rien.

Maintenant, regardez le tableau.

1-A chaque élection depuis 2004, le taux de participation était pratiquement le même. Nombres de millions de votants en 2004 ; 2008 ; 2012 ; 2016  =  121 ; 129,4 ; 126,8 ; 128, 7.  Où est donc le fameux mouvement populaire des opprimés contre les élites ?

2-H.Clinton n’a obtenu que 100.000 voix de moins qu’Obama en 2012, qui l’avait emporté sur le Républicain Romney par plus de 5 millions de voix. Echec populaire d’Hillary ?

3-H.Clinton a obtenu plus de 3 millions de plus de voix que son adversaire, alors ne me dites pas que le « peuple a voté Trump » !

En réalité, avec ses 3 millions de voix de moins que Clinton, Trump n’a fait que 2 millions de plus de voix que Romney quatre ans auparavant. Mais ces voix ont été placées ailleurs, d’où sa victoire. Grace au système électoral. Dont, au cours de sa campagne, il a dit qu’il était truqué et constituait un désastre pour la démocratie (sic). En cette occurrence, on peut dire qu’il n’avait pas tort.

D’accord, Le Donald a été constitutionnellement élu, (quoiqu’il reste à dire sur l’action de la Russie en sa faveur), mais arrêtez de me bassiner avec la sainte « victoire du peuple contre les élites » !

3/02/18

USA : Checks and balances, it just doesn’t work.
USA : Pouvoirs et contre-pouvoirs, ça ne marche pas

L’élection inattendue du Donald en tant qu’homme le plus puissant monde ayant eu lieu, de bonnes âmes adeptes du wishful thinking, c’est à dire prenant leurs désirs pour des réalités, ont dit, m’ont dit : « Rassurez-vous ! Les Pères Fondateurs, rédacteurs de la Constitution des États Unis ont tout prévu. James Madison n’a-t-il pas déclaré « All men having power ought be mistrusted »  ? (On ne doit pas faire confiance aux hommes de pouvoir) Mieux encore, il a écrit :

« The accumulation of all powers, legislative, executive and judicial in the same hands, whether of one, a few, or many, and whether hereditary, self–appointed, or elective, may justly be pronounced the very definition of tyranny ».
(L’accumulation de tous les pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire dans les mêmes mains, que ce soit celles d’un seul, de quelques-uns, ou de beaucoup, que ce soit par héritage, auto-désignation ou élection peut à juste titre être considérée comme la définition même de la tyrannie.)

« Vous voyez, m’ont-ils dit. Avec ça, avec les droits de la Chambre, les prérogatives du Sénat et l’autorité de la Cour Suprême, on est tranquille. »

Mais le problème, c’est que ça ne marche pas. Pas cette fois-ci en tout cas.

Le Président actuel nomme sans vergogne à peu près qui il veut. La plupart des ambassadeurs des USA sont à présent de riches donateurs à la campagne qui n’ont aucune expérience diplomatique. Il en est de même pour une grande partie des ministres et des responsables d’agences gouvernementales.

Le Président actuel, sans davantage de vergogne, révoque ou pousse à la démission à peu près qui il veut, le directeur du FBI, le directeur adjoint du FBI, peut-être bientôt l’Attorney General et le conseiller spécial du Ministère de la Justice qui dirige l’enquête sur la Campagne de Trump.

Et que font les contre-pouvoirs, les Checks and Balances, pendant ce temps ? Rien.

Ils ne font rien parce que la Chambre des représentants est à majorité Républicaine (240 sur 435), le Sénat est à majorité Républicaine (51 sur 100), la Cour suprême est à majorité républicaine (5 sur 9).

La plupart des membres de ces majorités sont conscients de ce qui se passe. Ce sont pour la plupart des politiciens et des juristes expérimentés. Ils voient bien ce vers quoi le Donald les entraine. Mais pas un ne bouge, pas un ne dit mot de peur d’encourir les quolibets de l’homme qu’ils ont choisi pour être leur président. Pas un ? Si, l’un d’entre eux  l’a fait : le sénateur d’Arizona, John McCain. Il est en train de mourir dans un hôpital de Phoenix.

Alors, pour le moment, quand on a un Trump Président, et des élus inconditionnels et intéressés seulement à conserver leur poste, checks and balances, it just doesn’t work !

Ce n’est quand même pas comme ça qu’on nous avait décrit l’Amérique. Ou alors lui faut-il juste un peu plus de temps ?

27/03/18

Vous qui croyiez dans une Amérique à la Frank Capra et à la John Ford, vous qui rêviez d’une chute rapide de Donald Trump, vous qui pensiez qu’il allait succomber sous l’opprobre, et peut-être même, tout honteux, démissionner, ou mieux encore être empêché, vous qui étiez persuadés que les contre-pouvoirs, les fameux check and balances prévus par les si sages pères fondateurs, allaient le conduire sur le sentier de la rédemption, hé bien, vous là, oui vous, vous vous êtes encore une fois mis le doigt dans l’œil.

Selon le dernier sondage de popularité, hier, en pleine remontée, Le Donald bénéficiait de 42% d’opinions favorables dans le public américain.

A titre de comparaison, François Hollande n’avait connu la faveur d’un tel score que dans les deux premiers mois de son exercice pour plonger ensuite très vite au fond de la piscine. Emmanuel Macron stagne actuellement à 40%.

Avec un tel score aujourd’hui, si on y ajoute l’aide à l’insu du plein gré du Facebook de Mark Zuckerberg et celle du Tsar de Russie, Le Donald a toutes les chances non seulement d’être le prochain candidat du Parti Républicain pour la prochaine élection présidentielle, mais aussi de la remporter.

— My Goodness ! Is this happening ?

— Yeap…It is.

24/07/18

Depuis la dernière prise de fonction du Président des États-Unis d’Amérique, la presse, les magazines, les diners en ville, les pots matutinaux devant le zinc du Balto, le Journal des Coutheillas et même FR3 Picardie se demandent quelles sont les motivations du Donald pour agir comme il le fait.

Compte tenu du cursus du triste sire, l’une de celles qui viennent à l’esprit le plus aisément est celle-ci : Gagner plus d’argent.
Oui, mais comment ? En gagnant plus d’influence, en autorisant le fond de gestion de sa fortune à commettre délit d’initié sur délit d’initié, en laissant entendre aux gouvernements étrangers que des accords favorables à l’Organisation Trump seront largement payés de retour par d’autres accords, binationaux ceux-là, entre leur pays et les USA. Et cetera, et cetera…

Gagner de l’argent, d’accord. Mais ce n’est pas tout. Une deuxième motivation — trop facile tellement c’est évident : Satisfaire sa base électorale.
Oui, mais tout d’abord, quelle est cette base ? Il y a bien sûr le monde des affaires, une partie tout au moins, mais ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel ? Pour moi, c’est simple : c’est ce qui serait chez nous le Front National, en plus rustique, en plus raciste, plus obèse, en plus xénophobe, avec une bonne dose de notre bon vieux poujadisme franchouillard des années cinquante revu à la sauce Heinz.
Et maintenant, comment satisfaire cette base-là ? Très simple. Tout d’abord — ou en même temps, on s’en fout — baisser les impôts, quitte à creuser le déficit et/ou laisser dériver les services publics — pas grave, on ne s’en apercevra pas tout de suite. Ensuite — ou en même temps, on s’en fout, je viens de vous le dire — raconter les plus invraisemblables bobards, les répéter sans cesse, dire exactement le contraire quand ça devient inévitable — on s’en fout, la base a la mémoire d’un poisson rouge —, accuser les autres, les étrangers, les démocrates, les étrangers, les élites, les étrangers, les migrants, les étrangers, le FBI, les étrangers, la presse, les étrangers, les juges et surtout les étrangers, les accuser de tout ce qui ne va pas, sans cesse, tous les jours, tout le temps…

Baisser les impôts, raconter n’importe quoi. C’est assez clair, non ? Pourtant, il y a quelque chose que les deux motivations que je viens d’exposer brillamment n’expliquent pas : c’est le comportement du Donald vis-à-vis de Vladimir Putin — je suis désolé, c’est comme ça que ça s’écrit en anglais.
Satisfaire Putin, flatter Putin, se soumettre à Putin, tout ça ne peut avoir pour but premier de satisfaire la base électorale du Donald. Putin est quand même le chef actuel de l’ennemi principal des USA depuis plus de soixante-dix ans. Même les ploucs de Kansas City doivent s’en souvenir, quand même !

Alors quoi ?

Moi, je ne vois qu’une explication possible, une raison que je muris depuis un an et, c’est assez rare pour être signalé : je ne plaisante pas — enfin pas là, pas dans la phrase qui suitLe Donald est victime d’un chantage de la part de Putin. Par exemple, Putin détiendrait des documents scandaleux sur le comportement sexuel du Donald, ou Putin aurait la preuve que Le Donald a sollicité l’aide de l’URSS pour son élection en échange de la livraison de certains secrets ou d’une promesse de suppression des sanctions économiques, ou de toute autre turpitude que je n’ose même pas imaginer.
Pensez-donc, le Président des États-Unis d’Amérique agent secret du KGB ! Voilà un scénario qui, il y a moins de deux ans, aurait été refusé par tout producteur d’Hollywood, même débutant.
Et puisqu’il a commencé, comme toute victime de chantage, Le Donald aggravera son cas en continuant à céder. Il continuera jusqu’à un éventuel procès en Impeachment. Mais comme je l’avais expliqué dans un article précédent, Impeachment, c’est pas demain la veille !

Quand je pense que, dès l’expression de mes premières craintes relatives au Donald, on me lançait dans les jambes Contre-Pouvoirs, Administration, Cour Suprême, FBI et CIA. Mais où sont-ils aujourd’hui, ces Contre-Pouvoirs, les fameux Checks and Balances ? Les postes au sommet de l’Administration ont été libérés pour être occupés par des zélotes, quand ils ne sont pas restés vacants. Les patrons du FBI et de la CIA ont subi une partie de chaises musicales sans précédent. Pour ne pas risquer de perdre leur investiture, les Républicains qui le sont encore sincèrement mangent leur chapeau plutôt que de ne pas soutenir leur Leader Massimo.

Par exemple, lorsque Le Donald offre à Putin cette chose absolument invraisemblable — lui remettre un ancien ambassadeur des USA à Moscou aux fins d’interrogatoire — les Républicains approuvent cette proposition à 66%. Quand, devant Putin, Le Donald déclare qu’il ne voit pas pourquoi la Russie serait impliquée dans le parasitage des élections présidentielles et que, de retour aux USA, devant la grogne de ses électeurs, le même Donald déclare en pataugeant dans sa langue confuse habituelle qu’en fait, ce qu’il avait voulu dire c’était exactement le contraire, à savoir qu’il ne voyait pas pourquoi la Russie ne serait PAS impliquée, tout le Parti Républicain court à la télévision pour expliquer que la langue du Donald avait bien évidemment fourché et qu’on n’avait jamais vu un président aussi fortement opposé à la Russie depuis la Déclaration d’Indépendance.

Le Donald, victime d’un chantage… Le Donald, traitre à son pays… c’est un truc qu’on commence à entendre par-ci et à lire par-là. Mon Dieu, mon Dieu, protégez Robert Mueller !

NDLR : vous avez surement compris que, ce matin, je vous parle du Donald pour vous faire oublier un instant l’affaire Benalla. Je vous aurais bien parlé de la Coupe du Monde, mais c’est de l’histoire ancienne. 

1/10/18

Sous la houlette d’un président indécent sous tous rapports, les États-Unis vont dans le mur.

Les divisions partisanes y sont exacerbées comme jamais depuis la fin de la ségrégation. L’Amérique saisit maintenant la moindre occasion de se déchirer : la cause des femmes, celle des noirs, des immigrants, le charbon, l’écologie, la presse, l’assurance maladie, la nomination d’un juge à la Cour Suprême, un cyclone à Porto-Rico, la parole d’une star du porno, celle d’un General Attorney, celle d’un Deputy General Attorney, sans oublier ce mur frontalier ni les autres innombrables pommes de discorde. Chaque décision devient partisane, chaque évènement doit être classé pro-Trump ou anti-Trump, Républicain ou Démocrate, campagnard ou citadin, red-neckien ou élitiste. Les rodomontades ridicules, les mensonges éhontés, les grossièretés quotidiennes du Donald sont devenues insupportables. Les critiques incessantes et sans nuances du Washington Post sont devenues agaçantes, et les louanges permanentes et aveugles de Fox News, risibles. « Ce chaos quotidien est fatiguant » vient de dire Michelle Obama.

Chez les supporters de Trump, on parle désormais couramment et ouvertement d’un État profond, de conspirations contre l’Amérique, d’une élite illégitime, d’un ennemi de l’intérieur, d’une clique démocrate dont il faudra se débarrasser un jour, au besoin au moyen d’un coup d’état… Les prochaines élections américaines seront ravageuses pour l’unité du pays, et si, j’ose à peine le dire, par bonheur la majorité s’inversait, on pourrait craindre le pire. Le pire, parce que les Fronts de Taureau auront tellement été abreuvés de Fake News, de Fox News, de Faits Alternatifs, d’excitation à la haine, de racontars simplistes et de conspirations compliquées que le jour où leur président-idole devra partir, que ce soit au terme de son mandat ou avant, ils auront beaucoup de mal à l’admettre car ils ne sauront l’expliquer que par un nouveau complot. Et rappelez-vous que l’Amérique est une démocratie, mais que c’est une démocratie violente.

Heureusement, parfois un signe, un faible signe apparait : jamais avare de rebondissements hollywoodiens, à un moment, l’Amérique bascule dans la compassion et la décence, tout ça grâce à une séquence à la Frank Capra, la rencontre dans un ascenseur d’un sénateur et d’une femme en pleurs. Mais cela durera-t-il ? Probablement pas, et même si le juge Kavanaugh, ultra-conservateur, n’est finalement pas agréé par le Sénat, la loi du plus fort, les intimidations mafieuses et le cynisme continueront à régner à la Maison Blanche.

De ce côté-ci de l’Atlantique, dans la vieille Europe, chez nous, chez les intelligents, les cultivés, chez nous qui avons inventé les droits de l’homme et les terrasses de café, on rigole, on analyse, on suppute. On dit finement :  « C’est plus compliqué que ça ». On déclare avec confiance que les Contrepouvoirs vont se réveiller. On se rassure et on passe à autre chose. Pourtant, par moment, on s’inquiète un peu, quand on se demande si une partie de la vieille Europe ne serait pas en train de suivre le même chemin que l’Amérique vers l’isolationisme, le protectionisme et l’unilatéralisme ? Et si la Russie, la Chine, l’Inde ne courent pas devant ?

On pourra dire ce qu’on veut du récent discours de Macron aux Nations Unies : qu’il ne sert à rien, car désormais,  il est à peu près le seul à le tenir, qu’il ne sera pas entendu par le groupe des absentéistes que forment la Chine, l’Inde et la Russie, qu’il ne pèse rien devant leur puissance,  que c’est un discours à usage interne, qu’il est trop rempli de bonne volonté, farci d’angélisme, irréaliste et inapplicable, qu’il est en contradiction avec les actions ou les inactions de son gouvernement. On pourra dire tout ça, et davantage encore. Et on n’aura pas forcément tort. Mais pour autant, fallait-il qu’il se taise, Macron ? Fallait-il qu’en se taisant, il avalise, cautionne, accepte et même encourage ce qu’on peut maintenant considérer comme l’amorce d’une décomposition de l’occident et de l’équilibre mondial ?

A cela, Macron ne peut rien, ou si peu… Mais j’aime qu’il se soit opposé point par point à la politique extérieure de Donald Trump, qu’il ait rappelé ce à quoi risque de conduire la loi de la jungle. Quoi qu’il advienne dans les années à venir, il fallait que ce qu’il a dit soit dit.

7/11/18

Dernière heure : il y a deux Amériques
mercredi 7 novembre

Il y a un mois, pour introduire un article sur la division grandissante des USA, j’écrivais « L’Amérique va dans le mur ! »Bien sûr, en écrivant cela, je voulais rapprocher l’expression populaire bien connue du fameux mur Trumpien qui, à l’instar du mur d’Hadrien contre les barbares écossais, devrait protéger les White Supremacists contre les invasions de Goths, Wisigoths et autres caravanes de Body Snatchers venus du Sud.

Mais aujourd’hui, le mur de Trump, qui ne sera d’ailleurs jamais fini, n’est pas celui qui me préoccupe. Celui que les Américains viennent de se construire pour leur propre usage est bien plus inquiétant. Ce mur-là, ils ne foncent pas dessus tête baissée. Ce mur, il les sépare, il les divise. Il suffit de regarder un peu en détail les résultats des Midterms pour réaliser où passe la frontière qu’il définit. Elle ne passe pas entre états rouges et états bleus, ni entre Côtes Est et Ouest et Grandes Plaines. En réalité, et les analyses fines du scrutin le montrent, elle range d’un côté du mur les habitants des villes et des banlieues et de l’autre ceux des campagnes, d’un côté les sociétés multicolores et multiculturelles et de l’autre les sociétés blanches, d’un côté ceux qui ont suivi des études et de l’autre ceux qui n’en ont pas suivi. Bien sûr, un peu partout dans le monde occidental d’aujourd’hui, on trouve des indices de cette répartition de l’électorat — le vote sur le Brexit en est un exemple frappant — mais nulle part au point où en sont parvenus les USA.

Certes, à l’issue des Midterms, Trump a perdu sa majorité à la Chambre, mais c’est toujours le cas dans les Midterms ; certes, il a renforcé sa majorité au Sénat, mais davantage de postes Démocrates que Républicains étaient en jeu ; certes, l’atmosphère à Washington va être encore un encore peu plus Rock’n Roll.

Mais la vraie signification des Midterms, c’est celle-là : il y a maintenant deux Amériques. Et le Donald passe son temps à dresser l’une contre l’autre.

Bon, maintenant, je me tais. Il est 18 heures, et le Président des États Unis va commencer sa conférence de presse.

23/03/19

Dernière heure : Le rapport Mueller va-t-il faire Pschiitt ?
Samedi 23 mars

Le Procureur Spécial Robert Mueller a déposé hier son rapport sur le bureau du Procureur Général, Bill Barr. Ce rapport est confidentiel. Il expose les conclusions auxquelles R.Mueller est parvenu concernant les éventuelles poursuites ou abandons de poursuites dans le cadre d’une possible collusion de Trump et/ou de ses équipes avec la Russie dans le cadre de la campagne électorale de 2016 et la période de transition entre la présidence d’Obama et celle de Trump.

Bill Barr a informé les membres des commissions judiciaires de la Chambre et du Sénat de la réception de ce rapport. Il a précisé qu’il leur ferait part de ses principales conclusions dans le courant de ce weekend. Il a également annoncé qu’il consulterait le Procureur Général adjoint et le Procureur Spécial pour déterminer quelles parties du rapport pourront être communiquées au Congrès et au public.

Des fuites laissent d’ores et déjà entendre qu’aucune inculpation n’est envisagée autre que celles qui ont déjà été prononcées. Un commentateur de CNN a considéré que c’était là la meilleure nouvelle que beaucoup de gens de l’entourage de Trump pouvait espérer, notamment Donald Trump Junior, son fils, et Jared Kushner, son gendre.

Cette affaire risque donc bien de faire Pschitt et beaucoup de gens d’être déçus.

Il faut pourtant rappeler que cette enquête qui a duré 675 jours a entrainé à ce jour l’inculpation de 37 personnes dont 6 dans l’entourage du Président des USA, parmi lesquelles 5 ont été condamnées à des peines de prison. Elle a établi qu’au moins 16 des proches de Donald Trump avaient eu des contacts avec la Russie pendant la campagne ou la période de transition.

Pour moi, il apparait maintenant probable que l’affaire de la collusion va bien faire Pschitt.

Restera peut-être l’accusation d’entrave à la justice (licenciement de Comey, pressions sur Mueller et Sessions) par le Président des USA, ce qui est un motif d’empêchement.

La-dessus, je vous renvoie à mon article du 11/01/2018 : Impeachment, c’est pas demain la veille

Faut quand même pas rêver.

24/09/20

¿ TAVUSSA ? (73) – Pourquoi Trump fera un second mandat. 

Le 21/12/2016, 13 jours après l’élection et 2 jours après la confirmation par le Sénat de la victoire de Donald Trump, j’avais écrit le texte que je reproduis ci-dessous. J’étais attristé, scandalisé, ému par ce que je voyais se dessiner et, quand je terminai cet article par ces mots : J’ai peur, j’étais sincère. J’en appelais sans y croire à James Stewart, Gary Cooper et au 5ème de cavalerie.

De bonnes âmes ont tenu très vite à me rassurer : « mais non, mais non, disaient-ils, tu vas voir ! » et ils me parlaient de contre-pouvoirs, et ils disaient que les sénateurs du GOP ne pourraient décemment pas laisser faire « ça » et qu’au besoin, la Constitution et la Cour Suprême seraient là pour contenir les velléités du nouveau président.

Quatre années plus tard, nous sommes à la veille de la nouvelle élection présidentielle, et rien de ce que les optimistes avaient prédit (wishful thinking, sans doute) ne s’est réalisé. Les contre-pouvoirs se sont effondrés d’eux-mêmes, les quelques voix qui se sont élevées en opposition ont été aussitôt licenciées, le Parti Républicain s’est couvert de honte, la Cour Suprême a basculé du côté de l’ombre.

Pendant quelques mois, on a pu croire que le Procureur Mueller pourrait être la réincarnation du James Stewart que j’évoquais dans mon papier de 2016. Hélas, on sait aujourd’hui ce qu’a été son rapport, un chef d’œuvre de subtilités et d’hésitations à la Normande, et ce qu’il a donné, rien. On apprend d’ailleurs aujourd’hui qu’il aurait fait pression sur son équipe pour que les investigations n’aillent pas trop loin.

Mais le pire n’est pas là. Le pire c’est que le pays est aujourd’hui divisé comme il ne l’a jamais été depuis la Guerre de Sécession. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder alternativement CNN et Fox News, il suffit d’entrer dans le domaine obscur et paranoïaque des réseaux sociaux avec Qanon en première ligne, il suffit de voir les images des manifestations, notamment celles où l’on voit un gamin blanc de 17 ans passer sans encombre à travers les lignes de la police en brandissant un AK47 avec lequel il vient de tuer deux manifestants. L’Amérique est aujourd’hui profondément divisée et ce n’est pas la victoire de l’un ou de l’autre des candidats qui va la rassembler.

A ce stade de cet article, vous avez peut-être senti que je n’étais pas vraiment optimiste sur les résultats des prochaines élections américaines.  Effectivement, depuis quelques jours, je pense que Trump va faire un second mandat. Mais pourquoi cela, me direz-vous, alors que les sondages donnent une avance raisonnable à Biden et qu’une majorité sensible d’électeurs veut donner sa voix au Parti Démocrate ? Mais parce que, vous dirai-je, et cela me parait simple, le prochain président ne sera pas désigné par les électeurs. Il le sera par des juges, et probablement ceux de la Cour Suprême. En effet, à moins d’une forte vague en faveur de l’un ou de l’autre candidat, forte vague que l’on peut déjà exclure des possibilités, le résultat, quel qu’il soit, sera contesté par l’un ou par l’autre des candidats, peut-être même par les deux. A partir de là, le sort de l’élection sera remis dans les mains des juges. Autant dire qu’il en sera jeté, le sort : en moins de quatre ans, Trump a nommé lui-même plus de juges (200) qu’aucun autre président, et l’on sait aussi ce qu’est devenue la Cour Suprême aujourd’hui.

Mais le pire du pire n’est pas là. Heureusement, le pire du pire n’est pas toujours sûr. Le pire du pire, ce serait, à la suite d’une défaite de Trump, un Coup d’État, ou pourquoi pas une guerre civile. Un Coup d’État ? Probablement législatif avec un Président en exercice qui ira chercher dans la Constitution, dans la jurisprudence, dans la mauvaise foi ou même dans la cuvette des toilettes tout un tas de bonnes raisons de ne pas quitter la Maison Blanche. Une guerre civile ? Pourquoi pas ? La division est là, les armes sont là, la tradition de violence aussi.

Prions, mes frères.

Vous n’êtes probablement pas de ceux qui disent : « Oui, c’est grave, ce qui se passe. Mais après tout, ça ne nous concerne pas directement. L’Amérique, c’est loin. »

Vous êtes plutôt de ceux qui pensent que l’Amérique, c’est peut-être loin, mais que l’Amérique, nous en dépendons sacrément, et que l’Amérique, c’est nous dans dix ans, peut-être cinq.

Alors prions, mes frères.

Une heure après avoir publié cet article, voici ce que je lis dans Le Figaro de ce matin : « 
Le président américain a refusé mercredi de s’engager à un transfert pacifique du pouvoir en cas de défaite à l’élection du 3 novembre, s’attirant les réactions outrées de son adversaire démocrate et jusque dans son propre camp. «Il va falloir que nous voyions ce qui se passe», a déclaré Donald Trump lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche. Il avait été interrogé par un journaliste qui lui demandait de prendre l’engagement d’assurer un transfert sans violence du pouvoir quel que soit le résultat de l’élection qui l’oppose au démocrate Joe Biden. »
C’est rassurant, non ?

8/11/20

Alors voilà : ce matin, je me suis installé avec mon café en carton sur un banc en bois dans le cercle en sable des Arènes en Lutèce. Il fait gris, pas trop frais, et à part le bruit confus de la conversation de deux employés de la Ville de Paris allongés sur le gradin le plus haut, il n’y a ici aucun bruit. Rien qui puisse troubler mes réflexions sur ce qui vient de se passer.

Mais qu’est-ce qui vient de se passer ?

La fin du cauchemar

— Quatre années de cauchemar, quatre années où le mensonge, l’ignorance, l’insulte, le mépris et l’intérêt personnel ont été érigés en système de gouvernement.

— Quatre années où les Sénateurs du GOP se sont aplatis servilement devant les caprices d’un Caligula en devenir.

— Quatre année pendant lesquelles le système judiciaire US, et pas seulement la Cour Suprême, a été façonné pour plusieurs décennies.

— Quatre années de division dont les américains auront du mal à se remettre.

— Quatre années au cours desquelles l’Internationale des Tyrans de la Planète s’est vue célébrée, promue et renforcée par celui qui ne demandait qu’à s’y inscrire.

Un grand soulagement

La fin annoncée du cauchemar a provoqué dans le monde la naissance de sentiments divers :

— Un grand soulagement dans les rues de New York, Philadelphie, Wilmington, etc. Mais pas que. Ce même sentiment est sensible en Europe, chez les dirigeants, à l’exception peut-être de BoJo et de quelques chefs d’état d’Europe de l’Est, comme chez les dirigés, à l’exception peut-être de quelques gilets jaunes et assimilés.

— Une indifférence polie en Chine et probablement aussi en Russie.

— Une amère déception au Brésil, en Turquie, en Corée du Nord.

— Une haine tenace dans certaines campagnes de l’Indiana et apparentés.

Quelques questions

— Biden arrivera-t-il à réaliser son programme ?

— Harris deviendra-t-elle la première femme de couleur Présidente des USA ?

— Y aura-t-il de la neige à Noël ?

A vrai dire, ce n’est pas que je m’en fiche, mais ce n’est pas mon problème. Et puis, qu’est-ce que j’y peux ?

Questions d’un autre ordre

Quelques questions demeurent auxquelles il serait bon de répondre de peur que l’Histoire ne se répète :

— Comment une famille a-t-elle pu faire naitre un tel monstre de narcissisme, grossier mélange d’égoïsme, d’immoralité, de vulgarité et d’ignorance ?

— Comment un pays normalement constitué a-t-il pu propulser ce Moloch aux plus hautes fonctions ?

— Comment la moitié de ce même pays a-t-elle pu encore voter pour cette étrange créature ?

Hein ? Comment ?

A suivre

Ce qui va être passionnant, lorsque nous aurons fini de suivre le développement des recours lancés par Trump contre les résultats des élections, ce sera de suivre les péripéties judiciaires civiles auxquelles il sera bientôt confronté.

«Lock her up ! » clamait-il sans cesse en désignant Hillary Clinton. Il y a bien quelqu’un aux USA qui va se lever et dire : « Lock him up ! », non ?

S’il est probable que le President elect , pour calmer les esprits et réduire la fracture, ne poussera pas dans ce sens, ou même qu’il voudra freiner les velléités de procès contre Trump, il n’est pas certain qu’il y parvienne.  C’est alors que le spectacle deviendra vraiment intéressant.

3 NOVEMBRE 2020 : BIDEN ELU PRESIDENT DES USA

 

16/11/20

Dernière heure : Nos amis Démocrates…
Lundi 16 novembre 

Absolument obnubilé par les élections américaines, j’avais tendance ces derniers temps à négliger les articles du New York Times et du Washington Post qui ne parlaient pas de Trump, de Biden et de leur campagne électorale. En particulier je ne m’intéressais pas aux articles qui parlent de nous, de notre Président, de la France. Il faut dire qu’il y en a peu. Pourtant, à la suite des attentats de Conflans St-Honorine puis de Nice, notre petit pays a eu les honneurs de la grande presse US. Et bien sûr, je les ai lus, ces articles, du moins ceux du NYT et du WP, et j’ai été surpris et choqué du ton paternaliste et donneur de leçons que ces journaux adoptaient pour relater et commenter les faits.

La presse US Démocrate se méprend totalement sur la position française vis à vis de l’islamisme (Je pense que la presse Républicaine ne s’y intéresse pas). Obsédés qu’ils sont par le racisme, et on comprend qu’ils le soient, incapables d’imaginer qu’une société puisse être fondée sur autre chose que le principe du communautarisme (dont on est en droit de penser qu’il n’est pas si éloigné que cela de celui des réserves indiennes), le NYT et le WP confondent, ou font semblant de confondre, laïcité, une notion sur laquelle la grande majorité des chrétiens sont d’accord, et islamophobie. De plus, ces deux journaux ont une forte tendance à insinuer, ou même à déclarer, que les attentats islamistes sont justement dus au comportement français vis à vis de l’islam.

En réaction à cela, Emmanuel Macron a fait l’erreur de se plaindre publiquement des commentaires de cette presse et, pour en parler, d’appeler directement un journaliste du NYT. Cela lui a valu aussitôt de la part du quotidien un long article assez venimeux et une comparaison immédiate de son comportement vis-à-vis de la presse avec celui de Donald Trump. Flatteur, non ? Sympa, le New York Times. Avec des amis comme les Démocrates, on en arrivera à s’abonner à Fox News.

Je sais bien que les Américains ne comprennent pas plus la France que les Français ne comprennent les Américains. Je ne les comprends pas beaucoup mieux que la plupart de mes compatriotes, les Américains, mais au moins, j’ai toujours essayé et j’essaie encore. Et, en conséquence, j’essaie aussi de ne pas être trop agressif devant tant de certitude morale.

C’est pourquoi ne comptez pas sur moi pour poser les questions suivantes :

-Comment la société américaine a-t-elle pu laisser un monstre tel que Donald Trump arriver au pouvoir ?
-Comment, après quatre années de démocrature délirante, peut-on encore trouver près de 50% de soutien à Trump ?
-Comment la quasi-totalité des sénateurs Républicains continuent-ils à suivre et même à encourager Trump dans son déni de la réalité électorale ?
-Comment se fait-il que presque tous ces mêmes sénateurs, dont le comportement récent a été plus que servile, seront réélus ?

Bien sûr, j’ai d’autres questions de ce type à poser, mais je ne voudrais ennuyer personne.

Juste encore un mot post-élections :

Selon un sondage de The Economist publié il y a deux ou trois jours, 86 % des électeurs qui ont voté pour Trump pensent que « Biden n’a pas gagné l’élection de manière légitime ».
Les électeurs de Trump représentant 42% des votants, on est amené à considérer que 0,42×0,86 = 36% de ceux qui ont voté considèrent, à ce jour, que Biden ne sera pas un président légitime 1.

Je rajoute donc cette question à ma liste précédente :

-Comment se fait-il que plus d’un électeur sur trois considère que son nouveau président est un usurpateur ?

Et c’est de manière légitime que le journaliste de The Economist s’inquiète et trouve cela « alarmant ».
Vraiment ? Alarmant ! Seulement alarmant ? Vous voulez vous faire peur ? Allez donc regarder certains chroniqueurs et commentateurs réguliers sur Fox News. Carrément menaçants…

Comme je n’ai pas les  réponses aux questions que je me suis posées, et contrairement au NYT et au WP, je ne vais pas faire la leçon aux Américains. Je vais seulement leur souhaiter bon courage pour sortir leur démocratie du bourbier où ils l’ont mise. 2  

Note 1 : A ce propos on peut rappeler les résultats des élections présidentielles US
Biden vs Trump : 306 / 232 Grands Électeurs
En vote populaire, Biden l’emporte avec 5,4 millions de voix de plus que Trump.

Note 2 : Il y a une expression américaine que j’aime bien pour décrire cette situation : « Rowing up shit creek without a paddle ».

21/12/20

Depuis le début de son mandat et, à y réfléchir, même bien avant, Donald Trump se conduit comme une brute, un ignorant, un porc, un mafieux et un menteur.

Depuis quelques mois, il menace ceux qui s’opposent à lui, il révoque les fonctionnaires qui ne lui plaisent pas, il refuse de se soumettre aux injonctions de la loi, il insulte ses opposants et les voue à la vindicte populiste.  Bref, il a tout d’un dictateur en puissance.

Depuis quelques semaines, ses méthodes d’intimidation ont été exposées aux yeux de tous. Plus personne ne peut prétendre les ignorer.

Depuis avant-hier, il est soumis à une procédure d’impeachment. Il a toutes les chances d’en sortir acquitté.

Et pas un seul représentant Républicain, pas un seul sénateur Républicain n’a émis la moindre réserve sur la conduite de son Président, sur les anathèmes qu’il a prononcés ou sur les insultes menaçantes qu’il a lancées. Pas un seul. On a même entendu le Leader du Parti Républicain au Sénat, Mitch McConnell proclamer qu’il avait l’intention de ne pas être impartial en tant que juge au procès d’impeachment qui va se tenir au Sénat. Ce qui ne l’empêchera pas, en ouverture du procès, de prêter serment sur la Bible en jurant d’être impartial.

Pauvre parti Républicain, pauvre Amérique.

À voir comme vont les choses, on devrait même se réjouir que l’impeachment n’ait aucune chance de franchir la barre du Sénat, car la division du pays est devenue telle qu’il est probable qu’une destitution de Trump entraînerait des troubles extrêmement graves dans une grande partie du pays.

Des qualités de Trump citées plus haut — brute, ignorant, mafieux, menteur — nous n’avons eu jusqu’à présent qu’un échantillon non représentatif. Ce n’était qu’un début.  Il va bientôt se déchainer. On aura surement à en reparler.

6 JANVIER 2021 :TENTATIVE DE PRISE DU CAPITOLE PAR TRUMP

20 JANVIER 2021 : PRISE DE FONCTION DE BIDEN

23/03/21

Dernière heure : L’Amérique est mal partie. Encore ?

J’ai dû écrire ça un jour. Je ne sais plus quand, mais c’était sans doute à propos de l’élection de Donald Trump.
Bon, mais c’est de l’histoire ancienne, Trump a été battu et on pourrait croire que, si l’Amérique était mal partie, maintenant, elle est revenue. Ou qu’elle va revenir. Ou qu’elle ne va pas tarder à revenir.

America is back !

Revenue, l’Amérique ?

Pas sûr.

J’ai vu hier un reportage sur MSNBC, l’une des grandes chaines main stream de la télévision américaine. Ce reportage s’intitulait « Inside the All Black Militia Group » et portait en fait sur la NFAC (Not Fucking Around Coalition)
Sans trahir les fondateurs de cette association, on doit pouvoir traduire NFCA par La coalition qui ne rigole pas !

Les années Donald nous avaient habitués à ces milices « All White », ces groupes de Red Necks, suprémacistes blancs, bedonnants et barbus. Bien sûr, elles existaient avant, ces milices, mais la présidence de Trump les a renforcées et enhardies considérablement. On les voyait en extase dans les meetings Républicains, en rempart contre les manifestations Démocrates et en furie dans les défilés Black Lives Matter. On les a souvent vus parader en tenues approximativement militaires, mais équipés de véritables armes de guerre, comme une bonne partie de l’Amérique d’ailleurs.

Eh bien, au vu du reportage de MSNBC, si sur le plan de l’armement, les NFCA n’ont rien à envier aux milices All White, ils sont cent fois meilleurs sur le plan de la tenue vestimentaire et de la discipline. Ils sont aussi en général moins gros. Le reportage a montré des exercices de tir en groupe que des Marines ne renieraient pas.

Ces gens-là sont impressionnants.

Mais qui sont-ils, que veulent-ils ?

Ce sont des gens de couleur (ai-je le droit ici de dire noir ?) qui considèrent que l’État ne les protège pas contre les agressions des blancs et qui ont décidé de prendre en main leur protection, et aussi, on le verra, leur destin.

Ils se déclarent pacifiques, mais adeptes de la loi du Talion et ils recherchent ouvertement la confrontation avec les milices blanches. Ces nouveaux Blacks Panthers déclarent aussi qu’ils veulent qu’on leur donne des terres pour y créer leur propre nation.

Les défilés des suprémacistes blancs sont déplaisants à voir. Ceux des NFAC sont terrifiants.

Avec le climat radicalisé qui règne à présent aux USA, avec cette culture des armes et de la défense des idéologiess par la force, quand le hasard, la malchance ou le machiavélisme provoqueront la prochaine rencontre entre les suprémacistes blancs et les NFAC, il vaudra mieux ne pas être là.

13/02/21

Comme je me suis trompé à plusieurs reprises sur le déroulement et les suites de l’élection présidentielle aux USA, je vais jouer la loi des séries et affirmer que les Sénateurs vont une deuxième fois acquitter Trump des charges qui ont été levées contre lui.

La démonstration des Représentants Démocrates chargés de jouer les procureurs a été longue, insistante, argumentée, parfois brillante, appuyée par de nombreuses « évidences » comme on dit là-bas. Certains diront qu’elle est allée « un pont trop loin » comme on dit là-bas, en voulant prouver la préméditation par Trump depuis des mois de l’insurrection du 6 janvier.

Personnellement, si je pense que si Trump a effectivement envoyé ses Proud Boys, Oath Keepers, et autres Yellow Jackets à l’assaut du Capitol, je ne crois pas qu’il l’ait prémédité depuis des mois. Ce n’est pas dans sa nature de jouer trois bandes avant. Mais ce que je pense, tout le monde s’en fout, alors…

Le 6 janvier dernier, j’avais vu en direct pendant plusieurs heures ce qui état retransmis de l’invasion du Capitol par les caméras de CNN et je m’étais dit que ce que je voyais était d’autant plus incroyable que les Américains vénèrent leurs Institutions, leurs palais nationaux et leur Constitution à un point que des Français ont du mal à imaginer.  Mais finalement, vue dans ces conditions, à part quelques barrières renversées et quelques vitres brisées, l’insurrection ne paraissait pas bien méchante. Bien sûr, au cours des jours qui ont suivi, les informations et les images de ce qui s’était vraiment passé sont devenues de plus en plus inquiétantes. Mais, en diffusant, rassemblant, sélectionnant, sécurisant les images des caméras de surveillance, les procureurs Démocrates ont fait un travail documentaire spectaculaire qui montre ce à quoi les USA ont échappé de peu : un Coup d’Etat.

Les démonstrations démocrates que j’ai pu regarder depuis trois jours n’ont pas fait ciller plus d’une demi douzaine de sénateurs Républicains, à peine plus de 10% de l’effectif. Les autres, par fidélité, par crainte, pas habitude, par intérêt et, pour deux ou trois d’entre eux, par conviction vont acquitter Donald Trump. L’annonce toute récente de l’audition possible de témoins ne devrait pas changer grand chose sinon la date du vote final.

Comme je ne suis pas à une erreur de pronostic près, je me lance à nouveau et annonce que le G.O.P. va éclater et que ça va entraîner  un bouleversement dans le fonctionnement des institutions US.

Je m’explique : au sein du G.O.P., les tenants de Trump et les Républicains les plus décents ne vont pas pouvoir cohabiter bien longtemps, et l’un de ces deux sous-groupe va provoquer une scission. Je suppose que les Républicains décents pourront conserver le nom de Parti Républicain et que les Trumpistes créeront un nouveau parti. Qu’ils l’appellent Trump Party ou MAGA Party (Make America Great Again) import peu. Le vieux GOP qui verra d’un coup ses effectifs fondre tentera d’en gagner sur sa gauche en attirant les Démocrates les plus conservateurs, ceux qui restaient dans le parti parce qu’ils ne voulaient rien avoir de commun avec Trump. Pour ne pas perdre ses sympathisants les plus à droite, le Parti Démocrate prendra des positions de plus en plus droitières, ce qui énervera beaucoup les Démocrates les plus à gauche, tels que les supporters de Bernie Sanders et de Elisabeth Warren. Ceux-là ne résisteront pas longtemps à la tentation de créer un parti de gauche en scission du Parti Démocrate. Je fais l’hypothèse qu’ils l’appelleront Progress Party.

Les Américains se retrouveront donc avec le Trump Party, le Republican Party, le Démocrate Party et le Progress Party adoptant ainsi enfin un système parlementaire à quatre partis.
Et nous arriverons enfinà comprendre quelque chose à la politique américaine. On pourra même leur donner deux ou trois trucs.

Pour en revenir au sort de Trump, une petite note d’espoir : après son deuxième acquittement au Sénat, il est possible que la justice fédérale ou celle de certains états n’en aient pas tout à fait fini avec lui.

24/11/21

L’Amérique est mal partie ! J’ai déjà écrit ça au moins deux fois ici, la première sans doute à propos de l’élection du Donald à la présidence des USA et la seconde à propos du développement d’une milice, la NFAC (Not Fucking Around Coalition), bras sur-armé du mouvement Black Lives Matter. Depuis un an ou deux, je le pense et l’ai peut être déjà dit a propos de la Cancel Culture et du Wokisme.

Ces deux modes de pensée et d’action, assimilables sur beaucoup de points au McCarthysme, au terrorisme intellectuel stalinien, chinois ou khmer rouge, s’est propagé un peu partout dans les milieux intellectuels américains. La bataille est déjà perdue dans les universités, en passe de l’être dans la presse (les légendaires New York Times et Washington Post sont déjà des adeptes convaincus du Wokisme), chez les intellectuels, les artistes, et chez une grande partie des Démocrates. Elle s’étend aux entreprises et jusque dans les familles.

La libre expression de positions qui ne soient pas en accord avec la ligne du Wokisme n’est pratiquement plus possible, et quand je dis pratiquement, ce n’est pas pour atténuer cette impossibilité, mais pour préciser que c’est en pratique qu’on ne peut plus s’y opposer, même avec modération. La sanction, c’est la mise en œuvre de la Cancel Culture : l’annulation, l’interdiction d’accès, l’imposition du silence, l’obligation à la confession publique.

Pour ceux qui ont su raison garder mais qui ne se sentent pas de s’opposer à cette déferlante, la solution, c’est le silence ou la plus grande prudence dans le choix des mots. La moindre erreur, le moindre écart et c’est la condamnation sans procès.

Nous pourrions nous dire qu’après tout, l’Amérique nous a habitué à ces poussées puritaines, par exemple avec les procès en sorcellerie au Massachusetts, le puritanisme bostonien, la prohibition, le McCarthysme, et que ces folies totalitaires n’ont jamais connu un grand essor chez nous.

Mais ce n’est plus le cas. Cette folie est contagieuse et nos chères têtes blondes, toujours prêtes à adopter les Kentucky Fried Chicken, Starbuck et McDonald se sont précipitées tout d’abord sur la Cancel Culture puis sur le Wokisme. Il y a déjà plusieurs années, ces modes de pensée tordus et puritains se sont développés dans les Universités bien de chez nous sans qu’on y prête plus d’attention qu’à une mode vestimentaire. Un des premiers foyers et des plus actifs fut Sciences Po.

La politique n’est pas exempte. L’islamo-gauchisme subissant apparemment quelques revers de popularité, c’est l’écolo-Wokisme qui recueille les faveurs des plus jeunes sympathisants d’une gauche désorientée.

Et voilà Rama Yade, ex-ministre de Nicolas Sarkozy, qui nous dit depuis Washington où elle vit désormais que la seule vision de la statue de Colbert est pour elle une micro agression ; et voilà Sandrine Rousseau, écologiste radicale et racialisée, qui déclare ne pouvoir vivre qu’avec un homme « déconstruit » ; et voilà Jean-Luc Mélanchon qui dit tout le lundi et son contraire le mardi…

Le New York Times, qui n’a pas tardé à remplacer Le Monde en tant que bonne conscience sociale des humanistes autoproclamés, nous traite de racistes, pour la raison que nous sommes ou nous efforçons d’être universalistes, en d’autres termes color-blind. Et ça, pour les Woke, être color-blind, c’est le pêché mortel, le privilège du suprémaciste blanc, c’est ne pas être conscient de cette réalité indiscutable que les races existent (sans toutefois exister) et que la race blanche (mais surtout l’occidentale) discrimine et opprime selon les cas ou mieux, tout à la fois, les femmes, les noirs, les indiens, les gays, les trans…

Mais qu’est-ce que le Wokisme ?

Je ne vais pas vous infliger une énième édition des définitions que vous pouvez trouver dans tous les journaux. Mais je peux vous dire ce que moi, je crois que c’est, le Wokisme.

Le Wokisme est une posture intellectuelle qui consiste à rechercher le racisme là où il n’est pas. Il s’accompagne d’une intolérance radicale à l’égard de toute pensée non conforme. Il utilise comme moyen la déconstruction de l’histoire, la destruction, l’interdiction ou la modification des œuvres d’art et, plus généralement, de toute production intellectuelle, pour les rendre conformes au dogme.

Le brevet de conformité au Wokisme exige la repentance, la contrition, la confession publique.

Souvent par le truchement des réseaux sociaux, le Wokisme  utilise comme bras armé la Cancel Culture, l’interdiction de parole aux conférenciers, la démission des universitaires récalcitrants, la disqualification  morale.

Le Wokisme dénonce, dénonce et dénonce encore, mais avec certaines limites : il se garde de dénoncer par exemple le sort fait aux femmes dans certaines sociétés islamiques. Et pourquoi donc, s’il vous plaît ? C’est simple : c’est à cause de l’intersectionalité. Et c’est quoi, ça, l’intersectionalité ? Vous allez comprendre. Les femmes en général sont considérées comme une minorité, d’accord ? Les femmes dans les sociétés islamiques sont également une minorité. A ce titre, leur condition devrait être dénoncée par les Woke. Eh bien, non ! Parce que le woke considère les musulmans aussi comme une minorité et que la dénonciation des conditions qu’ils font aux femmes (minorité de niveau 2)  risquerait de nuire aux musulmans (minorité de niveau 1). Alors, silence ! C’est ça, l’intersectionalité. Du moins, c’est ce  que j’ai compris. Remarquez, ce n’est pas nouveau. Ça rappelle un peu le refus de Sartre de dénoncer l’invasion de la Hongrie par les chars soviétiques pour « ne pas désespérer Billancourt« .

Le Wokisme a une odeur. Il sent un peu l’hypocrisie, pas mal le totalitarisme, assez le puritanisme avec une touche d’obscurantisme, et fortement la bêtise.

Son bouquet vous le rendra facilement reconnaissable en société, mais, quand vous le croiserez, faites bien attention, il est contagieux.

8/01/22

 L’enquête sur le coup d’état manqué du 6 janvier 2021 à Washington se poursuit.
Parmi les questions qui se posent, celle de la responsabilité de Facebook dans la naissance et le développement de l’émeute ne peut être éludée.
Dans le cadre de mes campagnes régulières de publicité pour cette institution, je vous livre ici ma traduction de l’extrait d’un article paru le 6/01/22 dans le Washington Post (Oui, je sais, aujourd’hui, c’est un journal pratiquement d’extrême gauche, mais ça vaut quand même le coup de lire ça.)

Est-ce que Facebook a été partiellement responsable pour le 6 janvier ?
L’usine a media qu’est QAnon n’a pas été la seule à répandre les fausses informations. La plateforme du réseau social  le plus populaire y a contribué aussi. Le Washington Post en partenariat avec ProPublica a examiné ce qui s’est passé sur Facebook dans les jours qui ont suivi l’’élection du 3 novembre (2020) jusqu’à l’attaque du 6 janvier (2021). Ont été trouvées dans les groupes Facebook 10,000 attaques par jour contre l’élection. Beaucoup ressemblaient à celle-ci :

WE ARE AMERICANS!!! WE FOUGHT AND DIED TO START OUR COUNTRY! WE ARE GOING TO FIGHT … FIGHT LIKE HELL. WE WILL SAVE HER THEN WERE GOING TO SHOOT THE TRAITORS!!!!!!!!!!!

(Aucune traduction ne m’a parue nécessaire pour cet anglais élémentaire qui semble sorti tout droit d’un discours de Trump)

Un consensus s’est fait sur le fait qu’après l’élection, Facebook a freiné sa politique de lutte contre la désinformation, et que cela a conduit à la création d’une des plus grandes campagnes de désinformation de tous les temps, qui a participé à la naissance de l’une des plus graves attaques de tous les temps contre le Congrès.

Mais Facebook n’est plus seul le seul drame de l’Amérique (et du monde) et de toute façon, l’article du Washington Post ne convainc que ceux qui sont déjà convaincus, c’est à dire les Démocrates.
Il y a plus grave : plus des deux tiers des sympathisants Républicains croient dur comme fer qu’en réalité Trump a remporté l’élection présidentielle. Ils sont persuadés que désormais toute prochaine victoire Démocrate sera due à la fraude. Comme un tiers des mêmes considère aussi que, en cas de fraude électorale de l’autre camp, la violence sera justifiée, cela promet pour les prochaines élections de midterm, sans parler des prochaines présidentielles.

Ces temps-ci, on n’ a pas vraiment de raison d’être optimiste pour les USA :

  • Le pays est très profondément divisé sur beaucoup de sujets essentiels. Pour une partie des Républicains, la pensée politique se résume à ceci « Trump, c’est bon pour les affaires, le pétrole, l’économie » et pour l’autre partie « Trump nous protège des élites de gauche, prétentieuses et pédophiles ». Pour une partie des Démocrates, c’est « Soyons woke un peu plus chaque jour » et pour l’autre partie ce serait plutôt « Les Républicains sont devenus populistes, ils sont méprisables, ils nous font honte ».
  • Le pays est traditionnellement violent et armé. De plus, les milices foisonnent et les Gardes Nationales d’État peuvent être appelées par les Gouverneurs, (Républicains ou Démocrates)
  • Près de la moitié des électeurs ne font plus confiance à l’Etat fédéral pour préserver la démocratie, ou ce qu’ils pensent être la démocratie.
  • Trump est en embuscade.
  • Tous ceux qui, dans le parti Républicain, se sont opposés à lui, l’ont payé cher.
  • Les résultats de Biden sur l’économie, la pandémie, la politique étrangère ne sont pas terribles-terribles. Son âge avancé, sa démarche hésitante, sa lassitude apparente et ses discours en demi-teinte sont loin de soulever les foules, comme le ferait la moindre faute de syntaxe de Trump.
  • Il y a de bonnes chances pour que les Démocrates perdent le contrôle du Sénat et de la Chambre aux prochaines élections midterm en novembre prochain.

A partir de là, il n’y aura plus qu’une manière d’empêcher Trump de redevenir Président,  et ce sera de le faire condamner par la justice pour n’importe lequel de ses actes répréhensibles, le rendant ainsi inéligible. Mais avec un Congrès Trumpien, est-ce que ce sera encore possible ? Pas sûr du tout !

Alors, ça urge !

Post Scriptum :
Au moment où j’écris ces lignes, le 6 janvier vers 16 heures, Biden vient d’achever son discours de « commémoration » du 6 janvier de l’année dernière.
Pour illustrer ce que j’ai écrit plus haut,  je vous en donne quelques extraits (traduction du JdC) :

« Pour l’a première fois de notre histoire, un Président n’a pas juste perdu une élection ; il a essayé d’empêcher la transfert pacifique du pouvoir tandis qu’une foule violente atteignait le Capitol. »

« Parce que son ego blessé compte plus pour lui que notre démocratie ou notre Constitution, il ne peut accepter la défaite. »

« Un ancien Président des Etats Unis d’Amérique a créé et répandu un tissu de mensonges sur l’élection de 2020. Il l’a fait parce qu’il attribue plus de valeur au pouvoir qu’aux principes, parce qu’il considère que son propre intérêt est plus important que l’intérêt de son pays. »

« Allons nous être une nation qui accepte la violence politique en tant que norme ? »

« Je ne laisserai personne placer un poignard sous la gorge de notre démocratie »

Il a raison, bien sûr. Mais quand le chef d’état d’une démocratie dit cela de ses adversaires politiques et de leur leader, et qu’il le dit à juste titre,  c’est que ce pays est mal parti.  Et on accuse Macron d’y aller trop fort avec les Anti-Vax ?

10/01/22

En commentaire du dernier ¿ TAVUSSA ? (84): L’Amérique est mal partie (2), deux fidèles lecteurs du JdC ont fait connaitre leurs réactions.

Résumer, c’est souvent trahir, mais allons-y quand même :

— pour Jim : l’Amérique fait peut-être peur, mais ça a toujours été comme ça. Alors, il vaut mieux s’y habituer.

 pour Lariegeoise : ce qui se passe en Amérique, qui n’est, en plus gros, que ce qui se passe ou se passera chez nous, est le produit des réseaux sociaux.

Je suis parfaitement d’accord avec ces considérations historiques. En particulier, et c’était l’objet de ce ¿ TAVUSSA ? (84), je lasse mes lecteurs avec mes fréquentes catilinaires contre Zuckerberg et son hydre.

Mais ces remarques ont quelque chose de rassurant —  Bah ! Ça a toujours été comme ça ! Et puis, si on arrivait à brider un peu les GAFA, ça irait mieux. — qui est à mon avis trompeur.

D’une part, c’est une tendance générale que de penser que ce qui arrive en Amérique arrive quelques années plus tard en Europe et/ou en France. J’ai été longtemps l’un des propagateurs de cette foi. Mais avec le temps, j’ai fini par réaliser qu’au moins deux caractéristiques nous font différents des Américains et par conséquent empêchent ou atténuent une ressemblance complète dans nos évolutions respectives.

La première de ces caractéristiques, c’est la puissance. Depuis un peu plus d’un siècle, l’Amérique a dépassé tout ce qui existait en matière de puissance, puissance militaire, puissance économique, puissance culturelle (et là, je veux parler tout autant d’art que de façon de vivre et de penser). Cette puissance US entraine naturellement une forme d’impérialisme et donc de colonialisme non pas subi mais accepté, ou voulu, consciemment ou pas, par nous.
L’énorme différence de nos puissances respectives fait que nous ne pouvons pas avoir, en tout cas que nous n’avons pas cette inébranlable confiance en soi, cette certitude d’être dans le bon droit que donne la vraie puissance. De ce fait, doutant perpétuellement de nous-mêmes, nous ne pouvons pas être, avec cinq ou dix ans de retard comme c’est l’usage de le dire, ce que les Américains ont été ; du moins pas dans tous les domaines.

La seconde — ou la deuxième, car on m’en trouvera certainement d’autres — c’est la culture (voir ma définition plus haut). Je pense très sincèrement que les Américains ont des caractéristiques psychologiques et morales différentes de celles des Français et de pas mal d’Européens.
Les Américains sont individualistes sur le plan de la conduite de leur vie, de leur réussite ; ils veulent être responsables de leur sort, de leur études, de leur santé, de leur vieillesse.
Les Français, ce serait plutôt le contraire, timorés sur le plan de leur carrière et de leur vie personnelle, favorables à la solidarité par la redistribution pour leurs études, leur vie, leur santé, leur vieillesse…
Les Américains réfléchissent (ou pensent, ou réagissent) par communauté, en groupe.
Les Français et assimilés pensent en individualistes.
Les Américains sont perméables aux idées nouvelles, les bonnes comme les mauvaises ; c’est à mon avis une question de culture (et là, je veux parler d’éducation et de passé historique) qui les prive d’une quantité suffisante d’esprit critique.
Les Français sont réticents aux idées nouvelles, ayant, innés, l’esprit de critique en plus de l’esprit critique.

Je suis donc convaincu qu’il existe chez les Français des résistances fondamentales à notre complet envahissement par les formes de pensée américaine et leur évolution. Certes, nous n’avons pas échappé pas à MeToo, et nous sentons en ce moment monter en puissance la pruderie et le Wokisme. Mais on peut noter en France (et je crois aussi peut-être en Angleterre, ailleurs, je ne sais pas) une certaine réticence à l’embrigadement ainsi que des réactions sonores d’universitaires, artistes et autres intellectuels contre les excès de ces conformisations des esprits.

Je ne pense donc pas que nous soyons condamnés à vivre ce que les Américains s’apprêtent à vivre.

Pourtant, ces consolantes considérations ne suffisent pas à me rassurer sur ce qui se profile à l’Ouest, parce qu’à l’Ouest, il y a du nouveau.

Il faut réaliser que c’est la première fois que, de mémoire d’homme — c’est à dire de ma mémoire à moi — depuis 1860, l’Amérique (par convention ici : les USA) est aussi divisée. La lecture quotidienne du NYT et du WP, le visionnage épisodique de CNN, de MSNBC et de FOX News suffit à m’en convaincre davantage chaque jour.
Je l’ai dit il y a deux jours : le pays est radicalement divisé en deux camps, deux camps seulement, deux camps d’importances égales. Je ne vais pas reprendre ici in extenso les éléments de discordes qui les agitent, éléments que l’on ne peut même pas qualifier de points de désaccord, car il n’y a plus aucun débat entre les deux camps. On ne se parle pas, on ne se croit pas, on s’invective, on prépare des coups. Tout ce que dit l’autre est mensonge, fake news, hypocrisie, complot. Biden parle aux Démocrates, Trump parle aux Républicains.
Le parti Démocrate est vu comme un groupe socialiste (une injure aux USA, un adjectif appelé à disparaitre du dictionnaire en France), élitiste, méprisant le peuple, et c’est en partie vrai.
Le Grand Old Party n’existe plus. Et c’est en grande partie vrai. Le Parti Républicain est à présent un Parti à la dévotion d’un seul homme, Trump. Ce qu’on a vu est de lui loin d’être rassurant : populiste, égotiste, égocentré, paranoïaque, ignorant, impulsif, intéressé, malhonnête, instable…
Donald Trump est l’un des membres fondateurs du grand club des dirigeants populistes qui réunit Erdogan, Bolsonaro, Poutine, Duterte, Dodik, Lukachenko, Maduro. La seule différence entre lui et les autres membres, c’est qu’il n’est pas au pouvoir. Pas encore.

Je m’inquiète de l’avenir proche qui attend l’Amérique. Je m’en inquiète bien sûr parce que j’y ai de la famille, parce que l’Europe, et nous par conséquent, ressentiront forcément les répliques des secousses américaines à venir. Mais je suis surtout mortifié de voir courir vers une possible catastrophe un pays que j’ai aimé et longtemps admiré et qui m’a donc inévitablement beaucoup influencé. Et si un pays aussi fort, aussi démocrate, aussi respectueux — non, pas respectueux,  plus que ça, idolâtre, c’est ça — idolâtre de sa Constitution, de sa Liberté, de sa Cour Suprême, de ses contre-pouvoirs (à l’usage, impuissants), a pu désigner comme président un homme comme Trump (qui a eu au moins la franchise d’annoncer la couleur), alors, malgré ce que j’ai dit plus haut sur nos différences, on peut se demander quel pays est à l’abri d’une telle dérive.

Donc, pour moi, l’Amérique est mal partie. Serons-nous obligés de suivre ?

Post Scriptum :  Qu’est-il arrivé à Baby Harris ?
Quelqu’un de bien informé pourrait-il m’expliquer pourquoi on ne voit pas Kamala Harris.
Qu’est-ce qu’elle devient, la Vice-POTUS ? D’ici, tout au moins, on ne l’entend pas, et, en dehors de quelques inaugurations de chrysanthèmes, on ne la voit pas.
Qu’est-ce qui se passe ?
Biden craindrait-il qu’elle ne lui fasse de l’ombre, s’il envisageait par extraordinaire de se représenter en 2024 ?
Est-elle restée trop à gauche pour être sortable ?
Dit-elle trop de bêtises, Kamala ?
Cela voudrait-il dire qu’elle ne sera pas la prochaine candidate du Parti démocrate ?
Mais qui, alors ?
Mais qu’est-ce qu’il se passe encore ?

FIN

6 réflexions sur « Dernière heure : À l’Ouest, rien de nouveau ; l’Amérique est mal partie »

  1. « plus de 40 % des électeurs qui ne sont ni républicains, ni démocrates… »
    Ah bon ? Quoiqu’il en soit, le résultat des élections ne dépend pas de la proportion de gens qui se déclarent Républicains ou Démocrates, il dépend de ce que les gens votent.
    Globalement, aux dernières élections présidentielles, les votants se répartissaient entre Républicains et Démocrates (et entre personne d’autre) à presque égalité, disons 49%/51%, avec, de mémoire, un léger avantage de 2 ou 3 millions de voix pour les Démocrates. Mais compter de cette manière ne signifie pas grand chose aux USA, tant que le système électoral actuel demeure. Les votes se comptent par état, et comme on aime bien dire là-bas : Winner takes all. La preuve : D.Trump avait gagné contre H.Clinton avec moins de voix qu’elle.

  2. mettre fin au bi-partisme ?

    Le 13/02/21, il y aura bientôt 2 ans, j’avais écrit ceci dans le JdC :

    « Comme je ne suis pas à une erreur de pronostic près, je me lance à nouveau et annonce que le G.O.P. va éclater et que ça va entraîner un bouleversement dans le fonctionnement des institutions US.
    Je m’explique : au sein du G.O.P., les tenants de Trump et les Républicains les plus décents ne vont pas pouvoir cohabiter bien longtemps, et l’un de ces deux sous-groupe va provoquer une scission. Je suppose que les Républicains décents pourront conserver le nom de Parti Républicain et que les Trumpistes créeront un nouveau parti. Qu’ils l’appellent Trump Party ou MAGA Party (Make America Great Again) import peu. Le vieux GOP qui verra d’un coup ses effectifs fondre tentera d’en gagner sur sa gauche en attirant les Démocrates les plus conservateurs, ceux qui restaient dans le parti parce qu’ils ne voulaient rien avoir de commun avec Trump. Pour ne pas perdre ses sympathisants les plus à droite, le Parti Démocrate prendra des positions de plus en plus droitières, ce qui énervera beaucoup les Démocrates les plus à gauche, tels que les supporters de Bernie Sanders et de Elisabeth Warren. Ceux-là ne résisteront pas longtemps à la tentation de créer un parti de gauche en scission du Parti Démocrate. Je fais l’hypothèse qu’ils l’appelleront Progress Party.
    Les Américains se retrouveront donc avec le Trump Party, le Republican Party, le Democrat Party et le Progress Party adoptant ainsi enfin un système parlementaire à quatre partis.
Et nous arriverons enfin à comprendre quelque chose à la politique américaine. On pourra même leur donner deux ou trois trucs.
     »

    Mais je n’y crois plus un seul instant.

  3. Le pire n’est jamais sûr…

    Dans le genre sagesse populaire lénifiante, j’en connais d’autres, en particulier ceci:
    Quoi qu’il arrive, même si la situation est grave, il se peut que les choses s’améliorent ou bien qu’elles empirent.

    Et quand Donald Rumsfeld s’y mettait, ça donnait :
    I would not say that the future is necessarily less predictable than the past. I think that the past was not predictable when it started.

    
Mais laisse moi te rappeler les dix formulations de la Loi de Murphy :

    Première formulation
 : S’il existe au moins deux façons de faire quelque chose et qu’au moins l’une de ces façons peut entraîner une catastrophe, il se trouvera forcément quelqu’un quelque part pour emprunter cette voie.
    Deuxième formulation
 : Tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera nécessairement mal.
    Troisième formulation
 : Le pire est toujours certain.
    Quatrième formulation
 : S’il y a la moindre possibilité pour que ça rate, ça ratera ; s’il n’y en a aucune, ça ratera quand même.
    Cinquième formulation : 
Une tartine beurrée tombe toujours sur le côté beurré
    Sixième formulation : 
La perversité de l’univers tend vers un maximum
    Septième formulation : 
A la fin, tout tourne mal ; si ça semble s’arranger, c’est que ce n’est pas encore la fin.
    Huitième formulation
 : D’abord les ennuis s’additionnent, ensuite ils se multiplient.
    Neuvième formulation
 : L’erreur est humaine, mais pour provoquer une vraie catastrophe, il faut un ordinateur.
    Dixième formulation : 
Murphy était un optimiste

  4. Le pire n’est jamais sûr. Il y a plus de 40 % des électeurs qui ne sont si républicains, ni démocrates…Ils semblent qu’ils aient cette fois-ci voté majoritairement démocrate. Peut-être que quelqu’un surgira pour fédérer cette force et mettre fin au bi-partisme.

  5. Je suis désespéré par le séisme qui se prépare en Amérique et ses répercussions dans le monde. Ceci dit, si Trump à fait le jeu des Rouges pour les élections du Congrès d’aujourd’hui en leur assurant le vote des ultra-trumpistes, je ne pense pas qu’il se présente à l’élection présidentielle de 2024, d’abord à cause des casseroles qu’il traine, mais surtout à cause des ambitieux qui ont les pieds dans les starting-blocks, tout aussi radicaux que Trump mais plus jeunes, pour se présenter à la primaire. Ces nouveaux rouges sont même certains d’avoir le soutien de Trump et donc de ses ouailles.

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