Hier dimanche, j’ai changé mes habitudes. Je suis allé prendre mon deuxième café à 9h30 au Café de la Mairie, place Saint-Sulpice. C’est drôle, parce que je ne vais jamais dans ce café… trop de monde, trop étroit, trop sixième arrondissement. Mais, là, bon, je voulais explorer.
Dans l’établissement, peu de monde (la photo est d’une autre époque). Je mets mon masque pour traverser la salle et m’installe sur la banquette face au bar. Derrière le zinc officie un crâne rasé à barbe et moustache. Son masque dissimule presque parfaitement sa barbe, mais pas son nez ni son abondante moustache ni sa bouche. Il parle avec un jeune serveur ébouriffé à barbe et moustache clairsemées dont le masque pendouille sous le nez. Je l’observe qui tartine une tranche de pain et je souhaite pour le client concerné que le serveur soit sain. Quand il m’apporte mon café, je lui dis :
— Excusez-moi, mais le masque, ça se porte sur le nez…
Pas de réponse.
— surtout quand vous beurrez une tartine pour un client…
Pas de réponse.
À ce moment, je le reconnais, j’aurais dû refuser le café et partir. Mais il pleuvait dehors. Alors, je me suis tu et, tout en tournant ma cuillère dans mon café allongé, j’ai observé.
Autour de la caisse enregistreuse posée au bout du bar, se sont réunis le barman, le serveur ébouriffé, un serveur asiatique, un garçon de cuisine africain et deux habitués caucasiens. Tous se sont engagés dans une conversation animée que je n’entends pas mais que je devine être du genre des brèves de comptoir. Les deux habitués ne portent pas de masque et les employés, oui, mais qui sous le menton, qui sous le nez. De nouveaux clients sont entrés. Pour cela, ils ont poussé la porte vitrée où une affichette prétend « Ici, le masque est obligatoire ! » Pourtant, un visiteur sur deux ne le porte pas. Une seule fois, le Pass sanitaire a été demandé à un client à son entrée. Pas à moi. (Ça tombait bien, je l’avais oublié chez moi.)
Et le garçon ébouriffé qui continue à se pavaner devant ma table avec son masque ostensiblement sous le nez… La suite, vous la devinez. Non ? La voici :
Ayant fait l’appoint des 3,10 € que je devais avec trois pièce de 1 €, une pièce de 0,05 €, deux pièces de 0,02 € et une pièce de 0,01 € (passionnant, non ?), je me vois refuser mes pièces jaunes par l’ébouriffé qui ramasse les 3€ et s’éloigne avec dédain. Comme je proteste bien fort dans le bistrot, il me dit : « Ne me parlez pas à moi, parlez à mon responsable ».
Le responsable est dehors sur la terrasse où je le rejoins. C’est l’asiatique de tout à l’heure. Je lui explique la situation, c’est à dire les masques, les pass et toute cette sorte de choses qui mettent en danger l’honorable clientèle, tandis que le dit responsable, je regrette de le dire, reste calme et poli, professionnel. Et je ne peux m’empêcher de terminer avec la complainte des pièces jaunes refusées.
Et c’est à ce moment que je réalise que c’est là le véritable motif de ma complainte : la menue monnaie refusée. Le serveur eut-il accepté mes petites pièces jaunes, je ne me serais pas senti vexé et j’aurais passé mon chemin sans vouloir redresser les tordus et leurs moitiés de gestes barrière.
À quoi ça tient, quand même, la contagion…
So What ?
c’est du deuxième degré, voire du troisième …
@Lorenzo : so what ?
@Lariegeoise : Il est évident que je n’avais pas oublié mon pass, mais dans mes récits, souvent j’aime bien me mettre en mauvaise situation. Quant à l’indulgence que tu as cru sentir, elle est due entièrement au style euphémistique que j’utilise parfois et, en l’occurence, ici. J’ai « discuté » avec le responsable sur la terrasse désertée, mais je peux t’assurer que les clients du Café de la Mairie, de derrière la vitrine, s’ils n’ont pas entendu les paroles, ont compris le sens de la chanson.
Une photo de bistrot ! Chouette on se refait une « cujasade »?
Le pass oublié, je rêve… il n’est pas sur ton phone?
Ton indulgence face à un bistrotier frondeur du masque qui vend son café 3 euros5 me laisse sans voix : toi qui vitupère les refuznik de la vaccination…
Certes il pleuvait mais tu aurais pu aller faire brûler un cierge à Saint Sulpice : c’eût été mieux utiliser tes piécettes…
La Direction Centrale des Renseignements généraux (DCRG), souvent appelée Renseignements généraux (RG), est un ancien service de renseignement français dépendant de la direction générale de la Police nationale (DGPN). Créés en 1907 sous cette appellation, les RG ont pour principal objectif de renseigner le gouvernement sur tout mouvement pouvant porter atteinte à l’État.