Le Wokisme a 50 ans

« Le signe distinctif par excellence de l’intellectuel américain, c’est la culpabilité. Se sentir personnellement coupable, c’est témoigner d’un haut standing moral et social, montrer patte blanche, prouver qu’on fait partie de l’élite. Avoir mauvaise conscience, c’est démontrer que l’on a une bonne conscience en parfait état de marche et, pour commencer, une conscience tout court. Il va sans dire que je ne parle pas ici de sincérité, je parle d’affectation. »

Romain Gary – Chien blanc – 1970

Qui veut parier que ce texte aurait aujourd’hui déclenché une vague de protestations et d’insultes l’égard de Romain Gary sur twitter ?

 

4 réflexions sur « Le Wokisme a 50 ans »

  1. Aujourd’hui, sur le wokisme, je dirais volontiers que la position des intellectuels qui en sont adeptes est aussi de l’affectation, c’est à dire l’adoption d’une posture à laquelle on ne croit pas vraiment et non d’une conviction sincère. Donc, d’accord avec le « faux-cul » de Jim, car comment, étant par définition capables de mener un raisonnement critique, ces gens-là peuvent-ils croire à de telles choses. La raison pour laquelle ils adoptent le wokisme a été parfaitement expliquée par Romain Gary : montrer patte blanche, faire partie de l’élite.
    Mais les autres, les suiveurs, les étudiants frustrés, les désenchantés, les incultes, les envieux, les Savonaroles en puissance, ceux-là, j’aurais tendance à croire que eux, par l’abus de réseau social qui est leur quotidien, par le manque d’esprit critique qui les caractérise et par la crédulité qui en est la conséquence, ils sont probablement sincères. Et c’est beaucoup plus grave que quelques intellectuels avides de reconnaissance : ils nous préparent une génération de Robespierres.

  2. et pas uniquement pour ce texte limpide, je pense que Gary est un auteur prodigieux dont les qualités ne sont pas reconnues à leur juste valeur.

  3. Ce texte est extrait de Chien Blanc, un roman autobiographique sur l’époque où Gary vivait avec Jean Seberg à Hollywood. L’actrice était très impliquée dans la cause des noirs américains.
    C’est un roman contre la bêtise, pas que, mais contre la bêtise.

  4. Hum! C’est sûr que l’affectation n’est pas la sincérité, c’est plutôt faux-cul.

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