Aurélien et Bérénice : Un coup de foudre et Un coup du sort

Je vous ai déjà parlé de ce petit jeu, « Adoptez un Incipit », qui consiste à prendre la première phrase d’un roman, si  possible connu, et d’en faire la première phrase d’un texte original et personnel.
J’en avais exposé la théorie dans un célèbre article, « ADOPTEZ UN INCIPIT », et la pratique dans un texte « INCIPIT »
Vous pouvez lire ces deux textes en cliquant sur leur titre ci-dessous :

ADOPTEZ UN INCIPIT

 INCIPIT

 Aujourd’hui, je renouvelle l’exercice, mais en plus fort : avec le même incipit, celui du roman d’Aragon, Aurélien, je vous propose cinq textes :

 Aurélien et Bérénice – 1 – Un coup de foudre
Aurélien et Bérénice – 2 – Un coup du sort
Aurélien et Bérénice – 3 – Un coup pour rien
Aurélien et Bérénice – 4 – Un coup de baguette magique
et 

Aurélien et Bérénice – 5 – Un coup de Jarnac

qui commencent tous les cinq avec cette phrase :

« La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. »

Par pitié pour le lecteur exténué que vous êtes probablement, seuls les deux premiers textes vous sont livrés aujourd’hui. Le troisième le sera demain et le quatrième, réparti sur les deux jours suivants. Allons-y :

 1-Aurélien et Bérénice – Un coup de foudre

La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide.
La deuxième fois aussi d’ailleurs. Ses traits étaient remarquablement asymétriques : son nez aiguisé s’incurvait du haut en bas vers la gauche et son menton pointu obliquait franchement dans la même direction comme pour suivre le mouvement initié plus haut. Semblable à un toit de chaume au-dessus d’une fenêtre en œil-de-bœuf, son sourcil droit, plus haut que le gauche, surmontait un œil couleur café au lait, mais avec plus de lait que de café. Si son œil droit était pratiquement de la même couleur que le gauche, il s’obstinait à regarder dans une direction différente de celle de son faux jumeau. Cachées par des cheveux épais dont la couleur rappelait celle de ses yeux, quoiqu’avec un peu plus de café, ses oreilles demeuraient invisibles. Aurélien se dit que c’était préférable. Sa bouche et ses dents étaient chez elle ce qu’il y avait de plus réussi : il n’y avait pratiquement rien à leur reprocher.
Sur cette constatation encourageante, Aurélien se mit à considérer la silhouette de Bérénice. Malgré sa taille moins que moyenne, elle arrivait quand même à paraitre dégingandée. C’était l’effet de sa grande maigreur à laquelle s’ajoutait une légère scoliose idiopathique. Poitrine creuse, dos vouté, bras ballant, pas trainant, c’était sa posture coutumière.
Mais à leur troisième rencontre, il lui adressa la parole pour la première fois, et c’est au cours de la conversation qui suivit qu’elle lui apprit qu’elle venait de gagner quatre-vingt-huit millions de dollars au loto.
Il lui dit : « Je vous aime, Bérénice » et lui fit quatre enfants.

2-Aurélien et Bérénice – Un coup du sort

La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide.
La deuxième fois aussi d’ailleurs. Ses traits étaient remarquablement asymétriques : son nez aiguisé s’incurvait du haut en bas vers la gauche et son menton pointu obliquait franchement dans la même direction comme pour suivre le mouvement initié plus haut. Semblable à un toit de chaume au-dessus d’une fenêtre en œil-de-bœuf, son sourcil droit, plus haut que le gauche, surmontait un œil couleur café au lait, mais avec plus de lait que de café. Si son œil droit était pratiquement de la même couleur que le gauche, il s’obstinait à regarder dans une direction différente de celle de son faux jumeau. Cachées par des cheveux épais dont la couleur rappelait celle de ses yeux, quoiqu’avec un peu plus de café, ses oreilles demeuraient invisibles. Aurélien se dit que c’était préférable. Sa bouche et ses dents étaient chez elle ce qu’il y avait de plus réussi : il n’y avait pratiquement rien à leur reprocher.
Sur cette constatation encourageante, Aurélien se mit à considérer la silhouette de Bérénice. Malgré sa taille moins que moyenne, elle arrivait quand même à paraitre dégingandée. C’était l’effet de sa grande maigreur à laquelle s’ajoutait une légère scoliose idiopathique. Poitrine creuse, dos vouté, bras ballant, pas trainant, c’était sa posture coutumière.
Mais à leur troisième rencontre, il lui adressa la parole pour la première fois, et c’est au cours de la conversation qui suivit qu’elle lui dit : « Je vous aime, Aurélien ».
Il quitta la pièce et partit pour le Guatemala.

LA SUITE, APRES-DEMAIN AVEC AURÉLIEN ET BÉRÉNICE – UN COUP POUR RIEN 

 

ET DEMAIN, UN TOURNE-DISQUE

5 réflexions sur « Aurélien et Bérénice : Un coup de foudre et Un coup du sort »

  1. Mais, Rebecca, la prouesse est considérable, car il reste 3 autres textes à venir. Patience.

  2. Excellente idée.
    La description de Bérénice est amusante au plus haut point.
    Il est simplement dommage que seule la fin change, d’un texte à l’autre. La prouesse eut été considérable si les textes avaient tous différé, tout en commençant par le même incipit.
    Voyons la suite…

  3. Aragon n’en était pas à un coup d’essai avec Aurélien. C’etait un coup de maître!

  4. Et le coup du balayeur, donc ! (C’est un tacle très, très irrégulier).
    Et le coup de minuit. Le coup de soleil (ou de lune). Le coup de fourchette. Le coup de sirocco. Le coup de grâce.
    Le concours est ouvert, à vos plumes.

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