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L’Univers, ses lois, ses principes et autres âneries (5) -Le principe d’Heisenberg

Le principe d’Heisenberg

—Dis-donc, je viens d’en entendre une bonne. Y a un savant, un allemand, Wurtemberg je crois qu’il s’appelle, ou quelque chose comme ça, il a dit qu’en principe, c’est pas possible connaitre en même temps la vitesse et la position d’un truc qui se déplace un peu vite. Non mais, j’y crois pas ! C’qu’ils vont pas chercher quand même ! En tout cas, si c’est vrai, il faudra le dire aux flics ! Parce qu’ils arrêtent pas de m’envoyer du papier pour me dire que, j’sais plus quand, j’étais Porte de la Chapelle à 129 kilomètres-heure sur le Périphérique. Y doivent pas en avoir entendu parler, de Gutenberg ! Eh, garçon ! Un aut’ Calva, siouplait ! Tu r’veux un café ?

—Non, merci. Il s’appelle Heisenberg, Werner Heisenberg.

—Qui ça ?

—Eh bien, le savant dont tu parles. C’est un physicien : Heisenberg. Pas Gutenberg, ni Wurtemberg : Heisenberg.

—Ah bon …

—Et ce dont tu parles, c’est de son principe, le Principe d’Heisenberg. C’est de la science.

—Comme le Principe d’Archimède, alors ?

—C’est ça. On dit aussi Principe d’Indétermination ou Principe d’Incertitude.

—T’es certain ? Non, j’rigole ! Et c’est bien ça qu’y dit, Machinberg, qu’on peut pas savoir en même temps où on est et à quelle vitesse on va ?

—Si on veut, mais ça ne s’applique qu’à des particules.

—Des trucs tout petits alors ?

—C’est cela, de la taille de l’atome, ou plus petit encore.

—Alors, ça ne s’applique pas aux voitures ?

—Ni aux voitures, ni aux hommes, ni à rien d’autre que des particules.

—Donc, c’est fichu pour mon PV. J’peux pas leur sortir Furstemberg et son principe pour le faire annuler ?

—Non.

—Dommage ! Mais c’est sûr, ça, qu’on ne peut pas mesurer en même temps la position et la vitesse ? Moi, je crois que s’ils prenaient des télescopes électroniques, des microscopes télescopiques, des radars, des sonars, et tout le bazar de la NASA, ils y arriveraient.

—Même avec les meilleurs instruments, les plus précis du monde, ils n’y arriveraient pas.

—Incroyable !

—Mais non, pas incroyable. Difficile à comprendre, mais pas incroyable. Le principe d’incertitude ne découle pas d’une insuffisance expérimentale, mais d’une propriété fondamentale de la matière.

—C’est vache, quand même !

—C’est comme ça.

—Mais, dis-moi, à quoi ça sert le Principe de Goldenberg ?

—Heisenberg, le principe d’Heisenberg !

—Bon d’accord, le Principe d’Heisenberg. Bon, ben, celui d’Archimède, je vois bien à quoi il sert : à flotter, et ça, c’est drôlement utile. Mais, celui-là, à quoi y peut bien servir ?

—Eh bien, il sert à aller plus loin dans la construction de la théorie quantique, à mieux expliquer certains phénomènes, par exemple l’intrication quantique, la superposition quantique, la dualité quantique, l’effet tunnel quan…

—Oh ! Eh ! Oh ! Pas si vite ! Et d’abord, c’est quoi, ça, l’imbrication quantique ?

—Pas l’imbrication, l’intrication… Eh bien, c’est le phénomène dans lequel deux particules ont des états liés, autrement dit ce qui arrive à l’une arrive à l’autre quelle que soit la distance qui les…

­—Sans blague ! Et l’effet tunnel ?

—C’est la propriété qu’ont les particules quantiques de traverser des obstacles infranchissables comme s’il y avait…

—Marrant ! Et la dualité quantique ?

—C’est la propriété des particules d’être à la fois corpuscules et ondes, c’est-à-dire…

—Formidable ! Et tu comprends tout ça, toi ?

—Absolument pas.

—Et les autres ?

—Je n’en suis pas sûr.

—Ah bon ?

—Ecoute : il y a un prix Nobel de Physique, Richard Feynman, qui a dit : « Si vous croyez comprendre la mécanique quantique, c’est que vous ne la comprenez pas »

—Mais alors, pourquoi y font tout ça, ces savants ?

—Tu vas comprendre ; le même Feynman a dit aussi : « La physique, c’est comme le sexe : ça peut donner naissance à des résultats concrets, mais ce n’est pas pour ça que nous la pratiquons. »

—Et le Prix Nobel, là, Rainman, il y comprenait quelque chose ?

—Feynman, pas Rainman, bon sang de bonsoir ! Feynman ! Pas davantage. Il a même dit au cours d’une conférence :  « Croyez-vous vraiment que je puisse vous expliquer tout cela de manière que vous le compreniez ? Non, ce n’est pas sérieux : vous n’allez certainement pas comprendre. Mais alors, direz-vous, pourquoi vous donnez-vous tant de mal ? Pourquoi passer tant de temps devant nous, si c’est pour que nous ne comprenions rien à ce que vous allez dire ?
Précisément, je me suis fixé comme objectif que vous restiez ici à m’écouter. Car pour ne rien vous cacher, les étudiants non plus n’y comprennent rien. Pourquoi ? Tout simplement parce que je n’y comprends rien moi-même. Personne d’ailleurs n’y comprend rien. »

—Ah ben, ça, ça m’rassure !