La Mitro 8 – La légende

8. La légende

Pendant ce temps, la foule, qui commençait à peine à se disperser, discutait des événements de la matinée. Il faut dire qu’elle était un peu déçue, la foule. Il n’y avait pas eu la moindre goutte de sang, la moindre explosion, le moindre coup, pas même le moindre cri. Elle avait tout juste aperçu le couple Mueller sortir bras-dessus bras-dessous du sous-sol de la mairie. Bref, pas grand-chose à raconter. « Tout ça pour ça, se disait-on, c’était pas la peine de nous déranger. » Aussi, chacun y ajoutait un peu du sien pour améliorer l’anecdote et la rendre plus présentable afin qu’elle puisse entrer dignement dans l’histoire sociale de la ville. Ce serait l’affaire de quelques heures.

Mais un nouvel événement vint interrompre ce lent processus d’élaboration de légende et, du même coup, le rendre superflu.

Cet événement, c’était Félix qui remontait la rue du Béal en courant et qui criait :

       – Monsieur le Maire, Monsieur le Maire, venez vite, c’est terrible ! C’est Cabanis ! Il a de la mitro ! Il a de la mitro !

FIN

 

14 réflexions sur « La Mitro 8 – La légende »

  1. Merci et félicitations, Paddy

    Courage au delà des Pyrénées… Lâcheté en deçà de la Baltique… (les coutumes des Amérindiens sont Inuits)

    Comme, je le décèle au travers de ton beau poème, sur ce plan, nous n’avons pas encore digéré ni Rabelais, ni Montaigne, ni La Boëtie, ni Las Casas… (le Siècle où l’Europe découvre, sans les comprendre, les mœurs divins des habitants des Amériques!)

    Pour moi, c’est une question de cohérence idéologique…

    Contre la propriété!

  2. Salut à toi René-Jean qui sans ambages
    Et même avec un certain courage
    Nous révèle un goût prononcé pour le partage
    Dans la lignée de cet apanage
    Que Rabelais ce grand sage
    Attribuait au mariage
    Et qu’il nommait cocuage
    Sans préciser dans quels assemblages
    Les corps reclamant avec rage
    Ne se satisfaisant plus d’enfantillages
    Des extases sans élagage.

  3. Le cocuage… un truc méditerranéen!
    Le partage des femmes… un truc amérindien!
    Le partage des femmes et des hommes… mon truc!
    Enfin… dans le bon temps!

  4. Le mariage n’a pas le monopole du cocuage et des carabistouilles qui s’ensuivent. Le cocuage est aussi l’un des apanages de la démocratie, non? En l’occurrence les cocus sont les électeurs car, comme le disait un maître en politique, Henri Queuille (inspirateur de Mitterand, Chirac et Hollande), « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ». Et pour nos amis Américains: cocuage = tromperie = trumpery et réciproquement!

  5. Au risque de répéter mon commentaire final écrit en Juin 2015, je dirai que j’ai relu avec beaucoup de plaisir les 8 épisodes de La Mitro, encore plus qu’en 2015. C’est peut-être que le moment – l’atmosphère détendue des vacances propice aux lectures frivoles – s’y prêtait mieux cette année. Une histoire de cocu doit être savourée en épicurien et celle-ci était parfaite pour être lue à l’heure de la sieste, vautré dans un hamac à l’ombre d’un platane, bercé par le chant des cigales et le parfum de la garrigue, ou bien, à défaut de cigales, allongé dans un transat rayé bleu et blanc, face à une légère brise marine, bercé par le rire des mouettes et le parfum du goémon. Les protagonistes de La Mitro sont tous caricaturés avec une justesse délectable. Gérard, le cocu de l’histoire, n’est pas inconnu. Les cocus de la littérature sont en général naïfs et incapables de croire à une infamie de leur chère et tendre. Tel est Gérard le Parisien. On retrouve dans La Mitro l’influence des grands auteurs experts du cocuage et du dénouement alambiqué des situations monumentales qu’il engendre: Marcel Pagnol bien sûr, grand maître du cocuage bon enfant à la provençale, mais aussi Feydeau, grand maître pour le cocuage plus sophistiqué à la parisienne. Là des menaces de claques, là les portes qui claquent! Ces deux auteurs aimaient dépeindre les cocus de naissance ainsi que s’exprimait le César de Pagnol, ces maris qui «ne sont bons qu’à être cocus, et encore faut-il que leurs femmes les aident» ainsi que l’écrivait Feydeau. En plus de ces deux maîtres, j’ai bien retrouvé dans la faconde du maire Valensolles des traces des discours du maire de Champignac et même du chef gaulois Abraracourcix. Enfin, pauvre Gérard! il n’avait sans doute pas connaissance de cet avertissement de Rabelais (dans Gargantua): «Tout homme marié est en danger d’être cocu. Le cocuage est naturellement l’un des apanages du mariage ». À bon entendeur, salut!

  6. Une excellente série, c’est vrai, où tous les personnages, quoique caricaturaux, sont brossés avec justesse.
    Je n’avais pas pensé au rapprochement avec la comédie de boulevard. Et pourtant, on en sent bien l’influence. Quelle galerie de personnages! Oui, Feydeau ou Guitry eut vraiment brossé de chacun des portraits grandioses.
    Je reste cependant sur ma fin quant au style du dénouement, qui ici, contrairement au style foisonnant et riche des autres épisodes, fait dans le …dénuement.

  7. Quel clavier? Ceci dit, j’approuve ton choix de Bernard Blier pour jouer le rôle du cocu niais, il toujours su si bien le faire.

  8. Rectification bernard c’est Gérard et paris c est cabanis je termine mon commentaire car je n arrive pas à maîtriser le clavier

  9. Bon roman feuilleton, . Belle description de la Provence avec ses terrasses en sol liées ou il fait bon de boire du pastis et de jouer à la belote. Pagnol en aurait fait un bon film . Je vois très bien Bernard blier jouer le rôle de bernard Jean lefevre dans celui de paris et Bernadette lafont .tant pis elle n est pas blonde .dans celui de Martine

  10. Ha ben tant mieux ! D’où je suis, moi, je n’arrive pas à voir Bernard.

  11. Bon roman feuilleton, . Belle description de la Provence avec ses terrasses en sol liées ou il fait bon de boire du pastis et de jouer à la belote. Pagnol en aurait fait un bon film . Je vois très bien Bernard

  12. Bravo, Patrick.
    Tu as détecté toutes mes influences : Pagnol, Feydeau, Guitry… Celle de Goscinny n’était pas consciente, mais à la relecture, elle est bien là. Il en manque trois, et de taille, mais il n’y avait pas d’espace pour elles dans ce décor : Marcel Proust, bien sûr, Raymond Chandler et, enfin, Alexandre Vialatte. J’ai déjà rendu hommage au petit Marcel, au nonchalant Raymond et au bienheureux Alexandre dans des pastiches antérieurs. Après ce pastiche de Pagnol, il me reste à faire le Guitry (je dis faire le Guitry comme on dirait faire le Zouave) puis le Feydeau, mais ça, c’est une autre histoire. Si, un jour, j’y arrive, on verra alors pour Homère et Shakespeare, mais c’est pas demain la veille.

  13. Ce roman feuilleton, paru par épisodes dans le JDC comme autrefois, c’est du nanan! J’attendais le dénouement final pour écrire mon commentaire. Comme de nombreux lecteurs l’ont exprimé à la suite des épisodes précédents, j’ai reconnu moi aussi du Pagnol dans le récit, mais surtout le Pagnol du cinéma, celui que l’on associe à la Provence, au chant des cigales, aux places de villages ombragées et nonchalantes, mais que l’on associe aussi aux voix des acteurs qui l’ont animé: Raimu, Charpin, Fernandel, etc. Mais ce n’est pas seulement Pagnol que j’ai reconnu. J’ai reconnu aussi la comédie de boulevards (Feydeau, Guitry, etc), chère au narrateur, je le sais, et ses cocus un peu niais qui en sont indissociables. Les personnages sont bien caricaturés, y compris la blonde de service. J’ai même vu dans le personnage de Monsieur le Maire un côté Abraracourcix, mais là peut-être que mon imagination a débordé le vase. Oui, j’ai lu ce feuilleton avec plaisir au fil de ses parutions.C’est du nanan!

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