Paris était une fête

Hier, mercredi 28 octobre, le journal Le Monde titrait :
Pour la première fois, le nombre de piétons morts par accidents de vélos
et de trottinettes a dépassé celui des morts par le mutant n° 157 du Covid.

Les victimes sont jeunes car les vieux parisiens ne sortent plus de chez eux depuis que les frais chirurgicaux dus aux accidents de la circulation ne sont plus pris en charge par la Sécurité Sociale au-delà de 65 ans.

La vie dans Paris est devenue compliquée malgré la réélection de madame Hidalgo pour la cinquième fois consécutive. Jugez-en plutôt.

Les anciens grands axes de circulation ont été réduits à une seule voie et les rues à une voie sont interdites aux automobiles. On devine la finalité implacable de ces arrêtés municipaux … Le stationnement de surface est strictement interdit et, par souci d’économie, les parcmètres ont d’ailleurs été démontés.

Les livreurs ne pouvant plus circuler et encore moins se garer, les magasins d’alimentation ont donc fermé les uns après les autres. Les parisiens les plus aisés se font livrer par hélicoptère. Les jeunes vont faire leurs courses dans les super marchés de la périphérie en vélo, en trottinette, en scooter ou en moto. On ne sait pas comment s’alimentent les autres. La moto et le scooter représentent désormais les moyens de locomotion motorisés majoritaires dans Paris, avec les SAMU et les voitures de police.

Heureusement, les transports en commun fonctionnent encore, en tout cas le métro. Les lignes de bus ont été supprimées en raison de leur lenteur devenue incompatible avec les besoins de la population laborieuse. Il est vrai que depuis la disparition des voies de circulation qui leur étaient réservées, ils mettaient plus de six heures pour traverser Paris, même aux heures creuses. Personne ne souvient de ce qu’on appelait hier un taxi ou un Uber.

Les Champs-Élysées ont été transformés en champ de marguerites à la grande satisfaction des écologistes et en champ de ruines au grand désespoir des commerçants qui ont fermé boutique. La municipalité de Paris a dit que ce n’était pas la faute des marguerites mais celle des étrangers xénophobes qui ne veulent plus venir visiter notre magnifique capitale dont ils sont jaloux. (Précision : les frontières sont fermées aux étrangers pour des raisons sanitaires).

Les bennes à ordures traditionnelles jugées trop polluantes ont disparu, remplacées par des brouettes poussées par les appelés du contingent. Les jeunes recrues du service militaire redevenu obligatoire ne sont hélas pas assez nombreuses. Conséquence : les tas d’ordure ont envahi les rues de la capitale et les rats circulent en plein jour. La leptospirose est devenue plus fréquente que l’infection par le Covid.

Les enfants sont escortés à l’école par des CRS. Enfin, le peu qui reste, car ceux des familles favorisées sont partis faire leurs études aux USA et les autres sont réfugiés chez leurs grands parents en zone libre de virus à la campagne.

A cause du réchauffement climatique, il a neigé tout l’hiver. Les vélos et les trottinettes ne pouvant plus circuler dans les rues verglacées, ce fut une aubaine pour les piétons même âgés qui reprirent possession de leur ville. Les jeunes adeptes des transports modernes et écologiques se sont précipités dans le métro où l’affluence était considérable depuis que les bus avaient été supprimés par madame Hidalgo pour cause de pollution. Les queues interminables commençaient dans la rue en amont des bouches et le nombre de victimes par écrasement dans les couloirs et par chute sur les voies a augmenté. Des employés prudents dormaient sur leur lieu de travail ce qui n’était pas sans poser des problèmes de toilette le matin.

Cet hiver, on a mesuré une température de moins 25 degrés au sommet de la Montagne Sainte-Geneviève dont l’ascension par la face Nord a fait quelques victimes pour la plupart retraitées et mal équipées. Comme les flamands roses, le Covid a suivi les voies migratoires classiques. On l’a provisoirement perdu de vue chez nous mais il s’est transporté dans les régions tropicales mal préparées à ce colonialisme d’un nouveau genre.

Sur décision du Ministre de la Santé, le professeur Raoult, les maisons de retraite, les centres de soins palliatifs, les services de gériatrie et les cliniques privées avaient été transformés en unités spécialisées pour le Covid. Comme les hôpitaux, toutes ces structures fort onéreuses sont désertées depuis que l’on sait endiguer les complications de cette maladie. La plupart des médecins désoeuvrés sont partis chercher du travail en Roumanie ou à Dubaï. Les ambulances privées ont disparu à cause de l’interdiction de stationner devant les immeubles pour aller chercher les malades dans les étages. Il est vrai que l’insécurité dans les cages d’escaliers colonisées par les dealers ne les y encourageait pas non plus. Seules circulent les ambulances rouges du SAMU avec leurs sirènes hurlant en permanence malgré une pollution sonore déjà maximale avec les motos et les scooters. Désormais, par précaution, les secouristes et les pompiers sont armés.

Les terrasses provisoires qui ont remplacé les places de stationnement de surface sont vides dans la journée. En effet, les cafés et les restaurants ne sont autorisés à ouvrir qu’entre 22 h et 6 heures du matin car la transmission du Covid se fait majoritairement dans ces lieux de débauche. De toute façon, ils ne peuvent pas recevoir plus de dix personnes en même temps. La plupart ont fait faillite. Nombre d’écrivains célèbres habitués à rédiger aux terrasses ensoleillées de nos cafés parisiens sont en dépression grave depuis trois ans. Les plus chanceux ont émigré dans l’Aisne où le virus a disparu. Les veaux seraient naturellement immunisés ce qui réduirait à néant sa propagation. Le jury du prix Goncourt ne peut plus se réunir chez Drouant à cause du Covid. La littérature est sinistrée. On prétend que cet hiver on brûlait les livres pour se chauffer dans la capitale.

« Oui, d’accord, mais tout ça, ce n’est pas de ma faute, c’est la faute au virus, au télétravail et à l’extrême droite », affirme madame Hidalgo. « Il n’y a plus de touristes à cause de la fermeture des frontières et plus de parisiens à cause du télétravail imposé par des capitalistes sans scrupules qui ont délocalisé leurs entreprises dans le Larzac ». Un referendum national récent a d’ailleurs donné raison à la Maire de Paris : 77 % des français sont favorables à sa politique ; les 23% qui y sont opposés sont les habitants de l’Ile de France. On a atteint là l’ultime limite de la démocratie …

Selon nos experts financiers, plus personne ne veut habiter Paris. Comme le commerce, l’immobilier dans notre capitale s’est effondré entraînant la ruine de milliers de petits propriétaires et de gros. Les appartements parisiens sont désormais vides ou squattés par des dealers même dans les anciens beaux quartiers …

et le jeudi 29 octobre 2029, le fameux « Jeudi très Foncé », la bourse s’effondrait. Le krach financier allait toucher la France plus rapidement et plus complètement que le Covid.
 

Lorenzo dell’Acqua

 

7 réflexions sur « Paris était une fête »

  1. C’est bien vrai, Edgard tel Lucky Luke dégaine maintenant plus vite que moi. Je vais me remettre à l’entraînement.
    PS: oubliez mon commentaire précédent, un remake de celui de 8:14 que j’ai cru perdu en route.

  2. Lire Paris est aujourd’hui « Une fête en larmes » pour respecter le titre exact du roman de Jean d’Ormesson.

  3. Aparté pour Lariégeoise : Jim s’et fait prendre de vitesse ce matin ! Il est vrai qu’il a fait la grasse matinée !

  4. Je vois que le moral est remonté et que tu as retrouvé ton optimisme aussi légendaire que salvateur. Je ne pensais pas, quant à moi, que l’on tiendrait encore neuf ans avant d’en arriver là !

  5. Lire « Une fête en larmes » pour respecter le titre exact du roman de Jean d’Ormesson.

  6. Aujourd’hui Paris est une « Fête en larmes »! (Titre d’un roman de Jean d’Ormesson).

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