Une douche froide (4/5)

4 – Le Bar Gagarine

Il l’avait rencontrée le lundi précédent au Bar Gagarine de l’avenue des Champs Bradburiens. On lui avait dit de s’installer dans le premier box à droite en entrant — on s’arrangerait pour qu’il soit libre — à partir de dix-huit heures et d’attendre. S’il voulait être pleinement satisfait de l’expérience, on lui avait aussi conseillé de traiter Marantza comme une personne ordinaire, une femme comme les autres, avec ses sentiments, ses besoins et ses exigences de femme ordinaire.

Mais quand à dix-huit heures quinze Marantza apparut à la porte de service tout au fond de la salle, Platmn trouva qu’elle n’avait rien d’une femme ordinaire. Grande, élancée, moulée dans une sobre combinaison noire parsemée de discrètes étoiles roses, la taille soulignée par une de ces larges ceintures scintillantes hors de prix, le menton haut, le visage pâle encadré par des cheveux ébène coupés courts, tout dénotait en elle l’assurance, l’élégance et le luxe inabordable. Elle resta quelques instants immobile, l’air distant, scrutant la salle de ses yeux vert émeraude. Quand elle croisa le regard de Ptlamn, elle baissa légèrement la tête et commença à chalouper vers lui entre les tables sans le quitter des yeux une seule seconde. Cela lui prit bien toute une demie minute pour traverser le bar et venir se planter devant Ptlamn qui restait bouche bée, interdit.

— Bonjour, je suis Marantza. Vous êtes Ptlamn, avait-elle prononcé d’une voix sensuelle.

— Euh… Oui, c’est moi.

— Ce n’était pas une question. Allons-nous-en, voulez-vous ? Je n’aime pas cet endroit.

— Euh… d’accord. Où voulez-vous aller ?

— Eh bien, pourquoi pas chez vous ?

— Euh… tout de suite, comme ça ?

— Écoutez, les papiers sont signés, le crédit a été accordé, tout est en règle. Il n’y a pas de raison de tergiverser. Je ne vous plais pas ? Vous avez changé d’avis ? Vous pouvez annuler la réservation, vous savez.  Il en est encore temps. Vous serez remboursé sous déduction des frais de dossier. Vous voulez annuler ?

— Non, non, bien sûr. Ne vous fâchez pas. Je suis un peu surpris, c’est tout. Je ne m’attendais pas à…

Radoucissant sa voix, elle l’avait coupé :

— Je ne me fâche pas, Ptlamn, je vous informe de vos droits. Alors ? Vous voulez que nous y allions, maintenant ?

Ptlamn s’était levé et avait sorti sa C.U.V. (Carte Universelle de Vie) pour régler la B.U.R. dont il n’avait bu que la moitié. Mais Marantza avait touché sa main qui tenait la carte, provoquant chez lui un léger choc électrostatique.

— Laissez, avait-elle dit en se dirigeant à pas vifs vers la sortie. C’est compris dans la formule.

Il l’avait suivie.

A SUIVRE

 

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