Mon roman – 3

Mon roman
Je vais écrire un roman. Pour l’instant, je n’ai pas le sujet. Mais tout le reste est prêt. Voyez plutôt :

 1 – Titre et épaisseur de mon roman (déjà paru)

 2- Personnages de mon roman (déjà paru)

3 – Construction de mon roman

C’est une des premières choses que l’on apprend dans toutes les bonnes écoles d’écrivains : la construction d’un roman ne se voit pas, mais c’est elle qui soutient l’histoire. Je n’ai aucune idée de ce que sera l’histoire de mon roman, mais par contre, sa structure sera comme ça :

Le début
Mon roman n’aura pas de début, ou alors un début qui aura l’air d’une fin, sans que ce soit vraiment la fin, la vraie fin, si vous voyez ce que je veux dire. En fait, le mieux serait qu’il commence à la page 27. Les vingt-six premières pages ne contiendraient que des lorem ipsum4, comme un parcours d’échauffement pour le lecteur. Je pense aussi à ne commencer qu’au chapitre III. Ça ferait gagner du temps à tout le monde.

La fin
Mon roman n’aura pas de fin non plus. Une fin, c’est triste, même quand c’est une fin gaie, une fin heureuse. C’est triste, surtout quand le roman est bon, parce qu’à la fin, le lecteur va quitter l’auteur et l’auteur va laisser le lecteur retourner à sa morne vie quotidienne. Alors c’est triste. Mais c’est triste aussi quand le roman est mauvais, parce que, si le roman est mauvais, la fin sera mauvaise et qu’une mauvaise fin, c’est triste. Donc, pas de fin.

Le milieu
Mon roman n’aura pas d’histoire donc pas de milieu. C’est Gustave Flaubert qui voulait écrire un roman sur rien5. Il n’y a jamais vraiment réussi. Mais moi, je battrai Flaubert. Pas d’histoire, pas de sujet. Que des mots, encore des mots, toujours des mots… paroles, paroles, paroles…

(4) : texte en latin de cuisine sans signification 
(5) Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien…G.F.

 

7 réflexions sur « Mon roman – 3 »

  1. Autrement dit, avis de prof, ce sera l’art de parler pour ne rien dire. Comme un discours politique, quoi, mais en plus long. Quoique…

  2. Si, j’ajouterai, comme le disait Raimu dans un film dont j’ai oublié le titre, « bon à rien et mauvais à tout ».

  3. Un roman sur rien, voilà une idée intéressante et prometteuse. Il serait le premier dans un nouveau genre qui reste à créer, le RIEN: Roman Illusoire Expérimental Nébuleux. Comme on peut s’y attendre, il consentrerait sur lui rien de moins que des polémiques et des critiques acerbes. C’est normal, la nouveauté dans la littérature ne provoque rien moins que des éloges de la part de ceux qui se croient être rien de moins que les gardiens du dogme. Mais il ne faut pas que l’idée d’un RIEN décourage son auteur car, comme le disait fort bien Beaumarchais, les détracteurs et autres pisse-vinaigre de toute idée nouvelle sont « les gens qui ne veulent rien faire de rien n’avancent rien et ne sont bons à rien ». Je n’ai rien d’autre à ajouter.

  4. Je connais un type qui réussi à écrire un livre sur rien : Yves Berger, qui a écrit « La pierre et le saguaro ». Et bien écrit de surcroît.
    Rien que des pierres et des saguaros.

  5. Le mieux donc, serait que tout le roman soit résumé à son seul titre.
    Par exemple :
    Titre du roman : « Histoire lamentable du terrible bandit « El Gancho » qui finit suspendu par les jarrets tel un porc à deux crocs de boucher (d’où son surnom car il traitait de même ses victimes), éviscéré de son vivant, mordant ses entrailles qui l’empêchaient de respirer, ses mains touillant ses tripes dans l’effort vain de les remettre en place ».

    Putain rien que de l’écrire je me suis fait la peur de ma vie. J’ai dû prendre un anti-inflammatoire. On pourra même supprimer les virgules et les adjectifs.

  6. Si je comprends bien (même si ce matin j’ai beaucoup de peine à comprendre le pourquoi des choses fatales), ce roman sera construit comme la rue de Rennes, c’est à dire avec des manques inexplicables. Bon! Faudra s’y faire!

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