17 réflexions sur « Verte spirale »

  1. « 4000 mots… » le comptage assisté, c’est facile!

    L’exigence de brièveté est l’arme absolu, tout azimut, de la défense du statu quo!

    Je capitule, les conserviteurs ont gagné!

  2. Il eût été tellement plus simple, plus apaisant mais aussi plus enrichissant d’accepter la perspective de l’autre, avec ses forces et ses faiblesses, – mais ne se prétendant rien de plus que ça -, que de vouloir à tout prix faire de SA vision du monde, LA seule réalité ou vérité admissible!

    Ceci dit, je suis bien content de ne pas avoir à répondre aux autres questions…
    Le projet, bien que redondant, me stimulait.
    Toutefois, sur le plan de la communication, cela eût été en vain!
    ‘Rien’ vaut donc mieux que ‘Vain!’
    Tu as le dernier mot!
    Sartre est passé d’Être à Néant!

  3. Ce n’est pas facile de ne pas réagir à ces quatre mille mots. Mais réagir serait inutile car « l’incommunicabilité est un fait incontournable« , comme cela vient d’être démontré à longueur du commentaire précédent. Réagir serait donc inutile. Ce pourrait même être pénible. Alors, voilà ce que je vais faire : rien.

  4. Tout vient à point à qui sait attendre!

    Voici un premier essai!

    1) VAINE TENTATIVE d’éradication des désagréables tensions de susceptibilités!

    Si ce sont les adjectifs dont j’use parfois pour qualifier l’auteur des propos que tu tiens qui te décoiffent, de mon côté, c’est le ton et le style (auxquels tu accordes, en plus, tant d’importance) de tes évaluations, paternalistes et condescendantes, descendant en flammes mes ‘commentaires’ émis sur ton blog comme quelques travaux en cours de rédaction – qu’il m’est arrivé de t’envoyer pour feedback – qui me défrisent!

    Plutôt que d’en dresser un inventaire fastidieux, je préfère, par cet essai, nécessairement réducteur et donc raté d’avance, tenter de t’expliquer ce qui se passe (ou plutôt ce que je crois qu’il se passe) de mon côté, dans ma propre caboche lorsque j’émet des commentaires disgracieux sur ton ton. Si, pour ce faire, il va m’arriver de faire part de mes impressions à ton égard, saches que je ne cherche point à te situer dans mon pigeonnier imaginaire et subjectif. Je ne me réclamerais jamais de l’objectivité, ni de faits dénudés de l’interprétation subjective que j’en fais. Je m’efforcerai de ne point émettre de spéculations à ton égard visant à te percher au dernier rang du poulailler, au fond d’une loge dans une baignoire vide, au 1er rang d’orchestre ou encore sur la scène de la Comédie Française ou du Théâtre de Versailles, avec les dignitaires de la cour du Roi Soleil qui y accédaient quelques heures avant son couché!

    Je ne sais si tu as remarqué – moi ça m’a frappé – que, lorsque l’on va voir un film, l’impression qu’il nous donne dépend avant tout du contexte physique immédiat et/ou mental (souvent stocké dans notre mémoire) dans lequel nous nous y exposons. J’ai adoré ‘The Good, the Bad and the Ugly,’ surtout parce que je suis allé le voir avec une copine de la Fac. très portée sur la chose (pour ne pas dire nymphomane) qui m’a fait plein de gâteries surtout lorsqu’Elie Wallach dit à sa victime, qu’il a abattue d’un coup de revolver fatal alors qu’il trempait dans un bain mousseux, « When you have to shoot, shoot, don’t talk! » Inversement, un ami que je recevais a refusé de revoir Lawrence d’Arabie dont nous parlions abondamment parce que lorsqu’il l’a vu, il était avec l’une de ses femmes (il doit en être à sa cinquième) qui, depuis, l’a quitté. Revoir ce film lui aurait rappelée de trop de ‘bons souvenirs,’ que la re-vison du film aurait rendus amers!

    Les produits communicationnels à grande diffusion voient leur valeur ou leur pertinence souvent associées à ce qui se passait dans la vie des gens au moment où ils les ont consommés. Ainsi, on entend beaucoup de couples américains employer l’expression « This is our song » lorsqu’elle repasse sur les ondes. Ils se souviennent que c’est sur tel air qu’ils ont dansé ensemble pour la première fois. Beaucoup de chansons à succès le doivent (d’être à succès) au simple fait qu’elles sortent au début de l’été. Elles sont devenues des ‘TUBES,’ non en fonction de leur qualité intrinsèque, mais du fait que les gens qui les ont entendues, les ont particulièrement appréciées parce qu’ils étaient en vacances! Les industriels américains du cinéma avaient fort bien compris le phénomène que je m’efforce d’évoquer ici. Ils ajoutèrent aux salles obscures – où l’on ne peut décemment aller jusqu’au bout des choses trop discrètement entreprises -, les fameux ‘drive-ins.’ Là, dans les voitures où l’on plaçait le haut parleur individuel, l’essentiel de l’action se déroulait sur le siège arrière. Les yeux et les oreilles n’étaient pas les seuls sens convoqués! C’était bien mieux que le Cinérama ou le 3D!

    Bon! Même si tu refuses obstinément d’y aller, je crois que tu devines où je veux en venir.

    Comme un malheur, un produit communicationnel, n’arrive jamais seul!

    Dans ma vision des phénomènes de réception, il y a quelques similitudes entre le cours qu’offre un professeur d’une classe terminale et un film présenté dans une salle obscure ou sur le terrain d’un ‘drive in. ‘ Tout (c’est à dire le sens que crée alors l’élève ou le spectateur) dépend des rapports de coerséduction (de la nature des relations humaines) qu’il (l’élève ou le spectateur) vit ou ressent au moment de son exposition au bien communicationnel. Il y a du Pavlov là dessous, j’en conviens et je m’en excuse. Pavlov n’équivaut pas au morceau de sucre que je met dans ma tasse de thé!

    Certes, dans la comparaison salle obscure/salle de cours, il y a une énorme différence d’intensité et de répartition des pouvoirs. Au cinéma, le film est là et se déroule imperturbablement quoi qu’il se passe entre le spectateur et sa voisine! À l’école, en principe, les rapports de coerséduction (là, pour simplifier je laisse tomber toute dimension érotique et préfère parler de ‘jeux de reconnaissance mutuelle’) ne se font plus entre voisins de bancs d’écoles mais d’abord et avant tout entre le prof. et les élèves. C’est le livreur du ‘bien communicationnel’ (‘la matière,’ dit-on) qui exerce de sacrés rapports de coerséduction sur chacun des membres de son auditoire.

    Si de tels liens entre l’émetteur et le récepteur sont inexistants à la télé et au cinéma (bien que Mittérand soit tombé amoureux de Catherine Langet, alors jeune speakerine à l’ORTF), ils apparaissent avec faible intensité au théâtre et dans les salles de concert. Une jolie fille peut, tout comme Phèdre, se tortiller de désir et hurler comme une chatte en chaleur au 3e rang du balcon pour tenter d’attirer le regard lubrique de Mick Jagger, s’envoyant en l’air, sur scène et sous les projecteurs, avec sa guitare! Mais les liens éphémères qui peuvent momentanément (j’insiste) se tisser entre un comédien ou un chanteur sur scène et des membres de son public dans la salle ont, en général, peu de conséquences à moyen et long terme. Je conviens donc que le spectacle n’est pas l’école et que les jeux de pouvoir sont peu comparables entre les deux situations. La vie de la jeune fille du 3e rang de balcon à un concert de rock ne sera pas fondamentalement perturbée si ‘Nick Jagger’ ne l’a pas attentivement reluquée comme elle l’eut souhaité!

    Même s’il y a de grandes différences entre assister à un spectacle et participer à un cours dans une classe de terminale, il n’en reste pas moins que dans les deux cas, la consommation et la digestion des produits communicationnels (chanson dans un cas et matière du cursus dans l’autre) est affectée positivement et/ou négativement par les rapports de coercition et/ou de séduction qui s’exercent d’abord entre l’émetteur et le récepteur et ensuite et éventuellement (si sollicités par le prof.) entre les récepteurs.

    Les méthodes de l’enseignement ayant été fortement affectée, en Occident, par la psychologie ‘behavioriste’ de la carotte et du bâton, (Pavlov encore) les rapports de coerséduction fonctionnent à fond entre le prof. et les élèves. Si l’élève récite ou re-cite bien les propos du prof., il reçoit toute sa reconnaissance ( le prof. se reconnait en lui!), s’il n’y parvient pas ou fait preuve de trop d’originalité, le courroux de Dieu lui tombe sur la tête. Il se voit excommunié de la classe et se retrouve au dernier rang du poulailler avec un bonnet d’âne plutôt qu’au 3e rang de balcon à rigoler des ondulations phèdriques!

    Tout étudiant normalement constitué (ce n’était peut être pas mon cas puisque j’étais nul en gym.) sait que les résultats du bac vont considérablement affecter la trajectoire que prendra sa vie.

    Certes, de mon temps et je crois que c’est encore le cas, les copies que corrigeaient les examinateurs du bac étaient anonymes (l’espace identifiant l’auteur étant sous scellée), je ne fais donc pas ici allusion à la lecture de l’épreuve par celle ou celui qui l’évalue, en principe, anonymement.

    Ce sont les rapports de coerséduction qui ont entouré les moments les plus cruciaux de l’apprentissage de l’élève depuis le jardin d’enfants jusqu’aux classes terminales que j’évoque ici.

    Je soutiens qu’un enfant aura d’autant plus de mal à apprendre (saisir la matière enseignée) s’il se sent quelque part détesté, haï, méprisé, sous-estimé, paternisé par ceux-là même qui sont chargés de lui inculquer la ‘matière des cours.’ Inversement, si l’élève se sent ‘re-connu,’ intégré, valorisé, estimé, apprécié de ses enseignants et son préfet (ce pion en soutane qui médite sans cesse son bréviaire de la haine); tous ces effets se conforteront mutuellement et s’accumuleront en lui, facilitant ainsi son absorption et sa digestion de la matière, sans le moindre haut le cœur ou hoquet!

    J’ai cru comprendre, mais j’ai une très grande empathie pour l’erreur, que tu, – à toi de me corriger si je me trompes – as connu un destin scolaire qui coïncide avec le second cas de figure ici évoqué. Cheminement sans la moindre anicroche chez les Frère Quatre Bras, je ne sais si tu as passé ton bac à la sortie de cette école privée ou si tu as suivi tes classes terminales au Lycée Louis Le Grand ou si c’est dans cette institution de grand renom que tu as fait ta ‘prépa’ pour les Ponts. Peu importe! C’est là un parcours remarquable dans lequel, en plus, à Louis le Grand, tu t’es fait d’excellents amis qui nous prodiguent encore des conseils que nous aurions dû suivre! Je ne nie pas, le moindrement, que tu sois doté des qualités recherchées et récompensées par l’enseignement français mais j’ajoute (c’est là la thèse que j’avance) que réussissant bien tes travaux et récitant bien tes leçons, beaucoup de tes profs. t’ont ‘reconnu’ et se sont ‘reconnus’ en toi. Tes rapports avec tes enseignants relevaient surement plus de la séduction intellectuelle que de la coercition. Fiers de tes succès remarquables, tes parents n’ont cessé de te présenter à leurs amis ou leur parler de toi, toujours sous des angles hyper flatteurs.

    Au contraire, mes pérégrinations scolaires au sein d’une institution privée et catholique, relèvent du premier cas de figure. Ce n’était pas que j’étais particulièrement paresseux, comme on ne cessait de me le répéter, mais je me sentais ‘étranger’ (dans le sens que Camus confère à cette situation dans son célèbre roman) à l’école, à ses valeurs, à ses ‘matières’ et surtout à ses gardes chiourmes. Par contre, il est vari que j’avais (et j’ai encore) une énorme faiblesse, celle de ne pouvoir enregistrer avec haute fidélité, les propos que j’entends et les mots, les phrases et les pargraphes que je lis. J’ai beau remettre cent fois le disc sur le pick-up et relire attentivement des dizaines de fois la même fable, le Zukini qui dort en moi ne s’est jamais réveillé!

    Donnant ainsi la désagréable impression de refuser de ‘perroqueter’ mes profs., ces derniers en dressèrent leur plumage et, du faite de leur arbre perchés, me jetèrent tous les quolibets dont leur propre maîtres avaient, en leur temps, l’habitude d’affubler les ‘cancres’ qu’ils avaient ainsi appris à mépriser.

    Victime de la conspiration des profs. de Fénelon…
    (Je sais! qui emploie le terme de ‘conspiration’ révèle ainsi son haut niveau de crétinerie et pourtant, j’ai découvert à Abidjan, cinquante ans après, dans une école de commerce canadienne [où j’enseignais pour passer l’hiver au chaud] que, lorsque les profs d’une institution se retrouvent tous dans une salle commune pour préparer leurs cours et concocter leurs évaluations des travaux étudiants, ils discutent entre eux du’ bon classement’ des élèves. Ils ont remarqué que ceux d’entre eux qui ne hiérarchisent pas leurs étudiants selon une courbe identique à celle de la majorité des autres profs. se retrouvent sujets à des avertissements de la part du directeur… ils synchronisent donc leur liste de classement! Racontant ce constat à une amie d’adolescence porteuse de jouvence, elle conforta mon propos et ajouta qu’aux Oiseaux, les profs. et les bonnes sœurs projetèrent sur elle tous les défauts qu’ils et elles avaient pu glaner chez ses trois sœurs qui l’avaient précédée dans cet enfer christique pour filles.)

    Donc… victime de la conspiration des profs de Fénelon orchestrée par l’abbé-préfet, coureur de jupons des mamans d’élèves bien conservées, qui baptisa Cécile à Saint-Tropez (Il choisissait ses chambres de villégiature dans La Haute!), je me retrouvais toujours dernier en tout y compris en gymnastique (il est vrai que j’ai toujours été très raide…). Seule exception, le dessin, matière trop insignifiante pour que les profs en cet art puissent fréquenter les autres profs. et être contaminés par leurs commentaires unanimement défavorables. Toutefois, si ces peintres du dimanche me classaient souvent premier, je me suis toujours demandé si c’était parce qu’effectivement j’avais ‘une bonne main’ ou parce qu’ils savaient que mon père, dessinateur publicitaire alors connu, aurait pu, en attirant son attention par les bonnes notes et les bons commentaires qu’ils m’accordaient, les introduire dans sa profession alors plus lucrative que l’enseignement?

    C’est clair! Pour moi et diamétralement opposé à ton sort, mes études primaires et secondaires à Fénelon furent un enfer christique absolu.

    Pour rassurer le lecteur qui pourrait trouver le récit de mon aventure, ‘pathétique,’ j’ajouterais que mes pérégrinations sur les bancs d’écoles se sont quand même fort bien terminées. Elles se sont si bien terminées que j’ai pris grand plaisir à passer le reste de ma vie dans des salles de cours. Comme le dit un acteur français de notre âge, « lorsque l’on aime son métier, on n’a jamais l’impression de travailler. »

    Agé de 19 ans et après un deuxième échec au bac, j’aurais dû faire mon service militaire et apprendre à manier les armes. Après, je serai devenu terroriste. C’est d’ailleurs parce que j’ai vraiment envisagé cet avenir que je vais expliquer l’automne prochain sur mon blog, comment on peut vouloir devenir terroriste!

    Mais, grâce à un conseil de mon parrain et surtout grâce au fait que mes parents avaient quelques moyens financiers (ou étaient disposés à faire de grands sacrifices pour tenter de rectifier ma trajectoire), j’ai fait un troisième essai pour sauter cet obstacle qui, non franchi, interdit l’entrée dans la bourgeoisie. À l’époque, seul un tiers des candidats obtenaient leur bac du premier coup. Au troisième essai, le tiercé était donc gagnant! (de mauvaises langues s’empresseront de dire que je suis encore nul en maths!) Mais encore fallait-il trouver l’écurie susceptible de transformer les galops d’essais malheureux en victoire certaine.

    Aussi, sur la suggestion de mon parrain, ma mère est allé voir Pollès, le directeur du cours Bergson; ‘boite à bac’ fort dispendieuse et dont le campus s’étendait en de nombreux points (souvent agréables) de Paris. Ils étaient aisément accessibles en Solex, mon ‘jolly Jumper’! Toutefois, malgré le coût élevé de la scolarité, n’entrait pas au cours Bergson qui le pouvait que financièrement. Il fallut montrer ‘patte blanche’ ou au moins que l’on fut en mesure de faire un ‘sans faute’ dans cette troisième et ultime tentative.

    Ma mère m’emmena donc rencontrer Pollès. Après qu’il eut jeter un bref coup d’œil sur les documents attestant de mes échecs en tout, il me demanda si, par hasard, il n’y avait pas une matière dans laquelle je n’avais pas toujours été dernier (ou avant dernier s’il y avait eu un absent)! J’ai alors été frappé par le fait que dans la grande noirceur, au lieu de se morfondre, de se frapper la poitrine de grands coups de ‘mea-culpa’ ou encore de se jeter de la cendre au visage comme le font les Catholiques, les Juifs (on me permettra la généralisation car ce qui suit est hyper positif) semblent avoir l’habitude d’aller dans tous les sens, de fouiller de fond en comble pour voir si, par hasard, il n’y aurait pas un endroit d’où l’on pourrait apercevoir le tout petit point de lumière qui perce au bout du tunnel.

    Et effectivement, je me suis souvenu (qui, dans mon cas, ne s’en souviendrait pas?) qu’en redoublant ma première à Fénelon (donc l’année précédent cette rencontre), au cours d’une période où notre prof. de français (littérature) était tombé malade et avait été remplacé à pied levé par un prof. du Lycée Condorcet, ce dernier m’a fait passer de dernier de classe à premier! Chez moi, c’est tout l’un ou tout l’autre, le propre des génies ou des fous!

    J’aimerais dire que cette histoire prouve qu’il y avait bien conspiration des profs de Fénelon contre moi, le prof de Condorcet ne les fréquentant point et donc dépourvu de leur mauvaise influence, sut apprécier ma vraie valeur, Na!

    Mais l’interprétation de cette exception (qui infirme la règle) que je fis alors et que je livrais à Pollès se trouvait, je crois plus dans la nature du sujet de la dissertation salvatrice. Ce prof. (dont j’aurais dû précieusement garder le nom) nous avait demandé de répondre à la question: « Qui, de Molière avec Tartuffe ou de La Bruyère avec Onuffre avait eu le plus de chance de convaincre le public des effets dévastateurs de l’hypocrisie chez les courtisans? »

    Ma réponse, dans ses grandes lignes, consistait à faire valoir que le lecteur d’un livre ne ressent pas ce qu’il lit et n’y réagit point de la même façon qu’un spectateur d’une pièce de théâtre.

    Quand on lit un livre aujourd’hui comme au XVIIe siècle, en principe, si on le lit à voix basse ou sans mouvoir ses babines, (malgré ton conseil), on est seul. Et, être seul, par définition, c’est quand il n’y a personne pour nous suggérer ou nous faire sentir qu’Onuffre, c’est nous! On trouve ses défauts, dépeints par La Bruyère, détestables et ils nous font inévitablement penser à quelques personnes de notre entourage!

    Tandis qu’au XVIIe Siècle, à Versailles, les courtisans les plus en vue, devaient se faire voir en s’asseyant, non pas au 3e rang du balcon où quelques observateurs pervers et distraits auraient pu les voir rigoler inopinément, mais ils devaient s’assoir, dis-je, non pas aux premiers rangs d’orchestre, mais carrément sur la scène.

    Là, sous le feux de la rampe, tous les spectateurs pouvaient les voir réagir. S’ils riaient, les snobs de la basse cour ou de la haute bourgeoisie qui occupaient le parterre riaient aussi. Par contre, les Grands Courtisans dont l’un d’eux avait pour clef, Tartuffe, ne rigolaient plus lorsque leurs travers et vices étaient habilement mais clairement parodiés par les acteurs. Le public, du poulailler au parterre, savait de quoi et surtout de qui il s’agissait. Et le vrai Tartuffe, celui que l’acteur parodiait, sentait sur ses épaules peser le poids insupportable des regards désapprobateurs. Pas moyen de s’en sauver et de se sauver! Un vrai ‘Procès de Moscou’ à Versailles avec trois siècles d’avance!

    Cette explication, chez moi, tenait de ce que Boris Cyrulnick (un de tes potes) a appelé, depuis une vingtaine d’années en France, la ‘Résilience,’ alors que c’est une des bases de l’identité américaine. Effectivement, souvent banni des profs et mis au coin avec un bonnet d’âne, je savais ce que c’était que le regard désapprobateur des autres, encouragés par les profs.

    À l’écoute de cette histoire, Pollès, un philosophe juif admirateur de Bergson, me sauva du marasme intellectuel dans lequel je stagnais chez les curés exactement comme Moïse fut sauvé des eaux par la sœur du Pharaon!

    Mon histoire l’ayant séduit, il prit le risque, pendant les deux premiers trimestres, de faire comme si j’avais eu mon 1er bac et, à la place des cours de littérature de terminale, il me fit suivre ses cours de philo où je brillais et donc apprenais!

    Convaincu qu’il me fallait mon premier bac pour faire ce que j’aimais enfin mais n’avais pu entrevoir avant cette heureuse expérience, les cours intensifs du 3e trimestre, véritable bachotage, me permirent de franchir cette haie que je ne haïssais plus!

    L’année de philo légitime qui suivit fut un grand bonheur et je fis des progrès sensibles dans presque toutes les disciplines, sauf l’anglais et la gymnastique. Mais j’obtins mon bac philo du premier coup et pu ainsi accéder à La Sorbonne qui reste pour moi un lieu paradisiaque.

    Tu me diras que j’aurais pu faire court et dire en une phrase que j’avais constaté que tu avais aimé l’école et moi pas. Effectivement pour l’argument qui suit cela eût suffit. Mais, d’une part, même si personne veut l’entendre, j’aime, comme tout le monde, raconter ma vie et, de l’autre, je crois que cet exemple de résilience peut servir à des parents qui lisent ce blog (mais sans doute pas ce commentaire trop long) et dont les enfants ne performent pas toujours au niveau qu’ils souhaiteraient. Je crois, modestement, que mon aventure est porteuse d’espoir et mérite, à défaut d’être connue, au moins d’être racontée!

    Tout cela donc pour dire effectivement que si tu as connu un cheminement scolaire des plus heureux, tu as naturellement tendance à y revenir sur tes vieux jours. Tu aiguises ton amour des œuvres d’auteurs encensés dans les classes terminales (qu’elle soient catholiques ou laïques) où tu as brillé de tous tes feux et où tu t’es fait reconnaître de tous tes profs et préfets (s’il y en eut?)!

    À cela je n’ai rien à redire, je conviens que je pourrais trouver beaucoup de ce que je recherche chez Proust et ces auteurs qu’il est, depuis des générations, convenu de respecter. Ce n’est donc pas la matière qui me pose problème mais le style, le ton que tu emploies pour en faire la défense et l’illustration lorsque tes propos se trouvent confrontés à quelques commentaires impertinents de ma part. C’est cette défense et illustration qui me semble univoque et ressemble à celle que firent Lagarde et Michard ou leurs pairs en notre temps. Pire, les propos que tu tiens à l’égard de certains de mes commentaires, me rappellent, comme si j’y étais encore (passant toutes mes nuits à refaire, en cauchemars, mes classes terminales que je voudrais terminées une fois pour toutes) ceux des profs. qui me semblaient me détester et me prendre pour le dernier des cons.

    Pour ne citer qu’un exemple qui m’a marqué, lorsque j’ai commencé à commenter ce que tu mettais sur ton blog, tu m’as fait part de l’obligation dans laquelle tu te trouvais de faire fonctionner tes ciseaux de censeur, tu t’es d’ailleurs pour ce faire, donné le nom d’un Dieu Grec que j’ignore encore. J’ai trouvé tes raisons valables mais je n’ai pas compris ni digéré pourquoi tu as éprouvé le besoin d’ajouter que de tous tes nombreux commentateurs, j’étais le seul à passer à la moulinette de ton Dieu Grec. Cela m’a rappelé, comme si j’y étais, les profs. de la classe terminale de Fénelon, pourtant incapables d’enseigner eux-mêmes à Condorcet, mais me qualifiant d’exceptionnel et rarissime crétin! Ce propos inutile dans ton argumentation me replongeait dans ces années d’enfer. De surcroît, ils occultaient les cinquante années que je venais de passer sur l’estrade des profs d’université. Je découvris alors que loin des yeux, loin de l’esprit, de ce que j’étais devenu tu ignorais tout ou à peu près!

    Cela m’a d’autant plus choqué qu’au Canada, il est indispensable de respecter les étudiants quel que soit leur performance ou manque de performance. Tout prof. qui se comporte à la française (comme les profs de Fénelon que je viens d’évoquer et que tes propos me rappellent) ou à la Donald Trump se voit pris par le dos de la ceinture et au collet pour être physiquement éjecté de la salle de cours!

    Donc, en clair, ce n’est pas toi, Philippe Coutheillas que je vise par mes adjectifs d’auto-défense mais ces profs de classes terminales envers qui, comme Donald Trump le fait, je n’ai pas d’autre choix que de leur attribuer à mon tour tous les vices et défauts dont ils m’ont affublé. Trump est plus rapide, il sent ce qu’on va lui reprocher et en accuse immédiatement ses futurs accusateurs! Génial mais ça prend des couilles ou des milliards!

    Si je t’en veux, ce n’est pas à ta personne mais c’est parce que je t’associe (j’espère à tort) avec ces malfaiteurs que furent mes enseignants fénelonesques quand je lis tes propos concernant mes commentaires.

    Avec le recul, lorsque je me sens moins personnellement visé, je trouve au contraire que, par ton blog, tu fais tout ce qu’il faut pour aider tes lecteurs (et leurs enfants et petits enfants) à lire les auteurs du programme comme il faut, avec la bonne intonation et l’unique interprétation valable pour leur permettre de passer le bac haut la main et, peut être, d’entrer à Normal Sup, rue d’U.L.M. ou faire Hypocagne!

    Comme Bourdieu l’a magnifiquement montré avec Passeron dans Les Héritiers et La Distinction, le succès scolaire (et universitaire dans les matières littéraires) découle de l’adéquation entre CE qui est enseigné et CE qui est raconté à table dans le milieu familial. Ce qui explique que ceux qui réussissent dans les Facs. de médecine sont des enfants de médecins, ceux qui réussissent à Sc. Po. et l’ENA sont des enfants de grands administrateurs, etc. etc.

    Par tes prises de position, plutôt très convenues, tu rends tes lecteurs convenables et susceptibles d’être reconnus par les responsables d’institutions bien établies. Bravo!

    De mon côté, je me demande ce que vaut tout cela dans la conjoncture mondiale actuelle? Une scolarité trop franchouillarde ne risque-t-elle pas d’interdire la création d’Européens et de citoyens de la ‘Terre Patrie’? Évidemment, de tels propos contestataires et néo-soixanthuitards te font dresser le poil des bras!

    En tout cas, j’espère que tu auras compris qu’il n’y a rien de personnel dans mon agressivité. Encore une fois je te suis reconnaissant de tout ce que tu m’as fait découvrir de la haute société française sur laquelle, sans toi, je n’aurais jamais pu jeter un coup d’œil ou laisser trainer une oreille.

    De plus, et j’en suis très touché, je te remercie aussi de te montrer parfois soucieux de mon opinion… même si les chances de la partager sont nulles!

    Évidemment, j’anticipe que tu ne prendras pas cela comme je le voudrais (je distingue l’homme sympathique et agréable des propos quelque peu paternalistes qu’il lui arrive de tenir à l’égard de mes propres écrits). L’incommunicabilité est incontournable.

    Le prochain essai abordera la question moins ‘touchy’ visant à savoir QUI de l’ÉCRI-VAIN ou du lecteur est le moins VAIN? que tu as abordée dans ta dernière réponse sur ce thème.

  5. Halte au feu les mecs! Votre controverse record pour une simple affaire de spirale – un petit chemin bocager breton comme il n’en existe encore que sur des îles à l’abri de la bitumisation et du passage des moissonneuses-batteuses – a pris des proportions cycloniques qui donnent le tournis aux lecteurs et les emportent dans des nues dont ils ne peuvent pas même imaginer où ils en retomberons, peut-être sur une autre île d’ailleurs.

  6. Ça se Corse… je brûle! Voila une réplique qui me pose directement beaucoup de questions…

    Pour tenter de restreindre la liberté que tu oses prendre à me soupçonner de ‘collégien du 3e rang de balcon qui se tord de rire quand Phèdre se tort de douleur affective…’ (enfin, ça c’est la version des commentateurs qui écrivent les corrigés du bac! ou les manuels de littérature des classes, bien nommées, ‘terminales’ ), il me faudrait de longues pages, de longs essais… que, de nos jours, personne ne veut lire, dis-tu, arguant que la technologie ne permet plus de les acheminer… (ses wagons sont pleins des ‘tweets’ de Trump ou de ses doubles; pour le bonheur de l’humanité!)

    Dernier de classe du dernier rang, je suis insulté de me retrouver au 3e rang de balcon de la Comédie Française alors que je dormais et rêvais si bien dans ma ‘baignoire’!

    Je te répondrais donc, inévitablement de façon réductionniste (par rapport à l’infinie immensité de ma pensée) à certaines de tes questions, inévitablement selon la façon dont je les ai perçues et non selon la façon dont tu les a formulées et que tu es seul à connaître… même si tu t’efforces d’expliciter en long, en large et en hauteur, (évidemment)!

    en attendant, je vais essayer de poser mon regard sur le Monde de l’Écriture… je me sentirais peut être moins seul…

  7. « …mais je ne peux m’empêcher d’ajouter mon grain de poivre roux viré au sel. »
    « …Dès que tu mets sur la scène public, via ton blog, tes écrits ou tes photos, ils ne t’appartiennent plus! »

    Ce n’est pas ton grain de sel sur mes textes qui me gratte et j’en ai reçu parfois de plus piquants sur le Monde de l’Ecriture. A ceux-là, je réponds, ou pas, sur le plan du fond ou de la forme commentée ou critiquée. Ce qui est irritant dans tes commentaires, au milieu des louanges et des protestations d’admiration, ce sont les qualificatifs, épithètes et adjectifs que tu m’attribue parfois. Mais je ne vais pas développer, car je crois t’en avoir déjà parlé.

    « … il est vain de tenter d’enfermer l’imagination des lecteurs épris de liberté ou plus modestement qui aiment déjanter la vieille guimbarde… »
    Un lecteur ne me parait pas épris de liberté, au contraire : en s’engageant dans un roman, il ne demande qu’à être guidé, mené, trompé, charmé, surpris. Si le lecteur est vraiment épris de liberté, qu’il écrive. Cependant s’il tient vraiment à lire, que ce soit l’un de ces bouquins pour adolescents medievo-fantastico-incultes que l’on appelle je crois « jeux de rôle« , ou bien l’annuaire du téléphone dont il utilisera les nombreux personnages pour créer librement son propre roman, ou encore un de ces textes de Obaldia entièrement composés de mots inventés. Mais s’il lit Flaubert, Salinger, Moravia ou Soljenitsyne, il ne sera pas libre.
    Par ailleurs, que signifie pour toi « déjanter la vieille guimbarde… » ? Lire un roman en le détournant ? Prendre la Recherche du temps perdu comme le compte rendu de soirées mondaines, Madame Bovary pour une histoire de cocu, L’Attrape-cœurs pour une aventure du Club des Cinq, Phèdre pour un spectacle du Grand Guignol ? Le genre de la parodie est tout à fait admis et honorable (il est même plus difficile que beaucoup ne croient), mais lire un roman en le déjantant sous prétexte que l’on serait épris de liberté, cela ressemble à une idée de collégien en révolte, tu sais, celui qui rigole au troisième rang de balcon en voyant Phèdre se tordre de désir sur scène. Mais est-ce bien cela que tu as voulu dire avec « déjanter… » ?

  8. Effectivement, je suis un apôtre du Gai ou Gay savoir! peu importe!
    La rigolade rabelaisienne avec ses excès doit se mêler à quelques feux-follets philosophiques! Histoire de ne pas passer tout le repas sous la table!
    La clef de notre opposition peut se retrouver, au moins en partie (car aucune analyse ou explication fait le tour du sujet) dans l’ouvrage édité par Stefan Collini, INTERPRÉTATION ET SURINTERPRÉTATION (PUF, 1996) opposant, entre autres, les postures du sémiologue (je n’ai rien à cirer du mauvais romancier) Umberto Eco (qui cherche à enfermer le lecteur dans la signification qu’il veut ou aurait voulu inculquer à son texte) à l’Américain Richard Rorty qui a compris qu’il est vain de tenter d’enfermer l’imagination des lecteurs épris de liberté ou plus modestement qui aiment déjanter la vieille guimbarde dans laquelle les braves gens (Brassens) auraient voulu qu’ils circulent paisiblement.

    Je n’ai rien contre ce que tu imagines en prenant tes photos ou en écrivant tes textes, je devine souvent tes géniales intuitions… Tu les exprime avec tant de style qu’elles s’imposeraient presque… mais je ne peux m’empêcher d’ajouter mon grain de poivre roux viré au sel.

    Dès que tu mets sur la scène public, via ton blog, tes écrits ou tes photos, ils ne t’appartiennent plus!

    Tout écrivain sait cela… et tout prof aussi! La plupart de mes étudiants m’ont fait le coup que je te fais! L’important c’est de servir de déclic, de détonateur!

    Évidemment, c’est comme les bouteilles de carbure, ça nous pète souvent dans la figure… mais les propos, écrits, prononcés ou dessinés font moins mal et certains nous stimulent!

  9. Tes deux derniers commentaires ou, plutôt, le dernier et sa remorque sont bien dans ta ligne habituelle.
    D’un sujet généralement léger, tu fais un sujet de polémique puis un sujet de grosse rigolade, enfin un sujet de leçon, dans cet ordre ou dans un autre.

    Il faut quand même rappeler les faits :
    Parmi les photos que j’ai prises cet été dans l’Ile aux Moines, j’ai trouvé dans l’une d’entre elles un effet que je n’avais pas recherché, celui d’une spirale de verdure et d’ombres se concentrant sur deux petits personnages, en l’occurrence deux femmes en route vers la plage. En plus de cet effet optique, je trouvais que la photo reflétait bien la douceur et le calme de ces vacances, à cet endroit, à cet instant de la journée. Je l’ai intitulée « Verte spirale » Je reconnais que ce titre était un peu démesuré et prétentieux pour un sujet aussi anodin, mais je souhaitais attirer l’attention sur l’effet que j’y avais remarqué.

    Que tu y aies vu autre chose m’étonne sans m’étonner (ça va comme paradoxe ?). La métaphore du train de « La mort aux trousses » entrant dans le tunnel au moment où Cary Grant renverse Eva Mary Saint sur sa couchette était vraiment très appuyée. Cette légère lourdeur, dans un film par ailleurs plutôt élégant et sophistiqué, était très certainement voulue par Alfred, car il n’était surement pas un lourdaud. J’imagine que, assuré du succès de son film, il pouvait se permettre de narguer les puritains d’Hollywood et des environs tout en satisfaisant probablement ses propres obsessions.
    Le fait que tu aies pu rapprocher la scène d’Hitchcock de ma photo m’étonne, car les différences sont essentielles (tunnel/spirale — roche/végétation— mouvement/immobilité—Alfred/Philippe—etc..) (Il n’y a rien de tel qu’une bonne analyse pour gâcher un sujet, n’est-ce-pas ?), sans m’étonner car tu n’en est pas à ton premier rapprochement.

    Et ce dernier rapprochement m’a effectivement rappelé cette histoire de psy, dont nous savons tous qu’elle est très connue. Je l’ai racontée quand même parce que je la trouve drôle et parce que je voulais faire le parallèle entre ton interprétation de ma photo et celle des croquis par le patient. Faisant cela, j’ai sciemment choisi la version croquis, car je pense que la version Rorschach est moins démonstrative (voir la représentation d’une femme nue dans une tache d’encre est quand même plus plausible que dans le croquis d’un avion). J’ai ensuite choisi avec soin mes croquis, car ayant adopté sans réfléchir le triangle pour premier dessin, j’ai tout de suite craint que tu ne l’assimiles à un sexe de femme (ce qui aurait amoindri l’effet de l’histoire) (ça n’a d’ailleurs pas manqué derrière le pudique monokini). Comme dessins suivants, j’ai donc choisi un arbre et un avion dont ma faible imagination ne m’a pas indiqué tout ce que tu pourrais tirer.

    Dans une histoire drôle, c’est comme dans un problème de mathématiques : il y a des hypothèses à respecter, sinon on sort du sujet, on a tout faux et l’histoire n’est plus drôle. Quand Coluche commençait ses histoires avec : « C’est l’histoire d’un mec…« , il fallait le croire, c’était l’histoire d’un mec. On verrait plus loin si le mec était flic, belge ou académicien, mais on savait que ça n’allait pas être l’histoire d’une girafe.
    Donc, le patient regarde de simples croquis innocents, et au bout du troisième, plus personne de l’auditoire n’a de doute sur sa pathologie (nous sommes entre gens simples). Ce n’est pas ça qui est drôle (c’est pénible, hein, toute cette explication), c’est sa réaction. Aucune des données de l’histoire, des hypothèses du problème, ne concerne le psy, donc a priori sain d’esprit. Si l’éventuelle folie du psy devait participer à l’histoire, le conteur l’aurait spécifié au début, dans les hypothèses. (Il n’y a rien de tel que de tenter de démonter les ressorts d’une histoire drôle pour la rendre triste ou idiote, mais je crois que c’était nécessaire.)

    Et là-dessus, cédant à ton penchant pour le contre-pied, la permutation des situations et donc le paradoxe, tu me sors en pirouette qu’on ne peut jamais savoir qui est fou et qui ne l’est pas, que le psy cache sa folie lâchement (sic) derrière sa science, et toute cette sauce que l’on rencontre habituellement sur les forums de discussion.

    Et quand j’ai le tort, non, l’imprudence de rappeler les données de l’histoire, aussi objectives, apolitiques et arbitraires que peuvent être les hypothèses d’un problème mathématique, tu me sors des leçons sur la non objectivité du test de Rorschach et sur la méthode Champollion, tu fais semblant de me contredire sur des questions que je n’ai pas abordées sur un terrain sur lequel je ne suis pas allé, tu m’embrouilles avec un paragraphe hermétique opposant la francophonie et l’anglophonie, tu me demandes de te présenter des gens, de lire Foucauld et d’aller au cinéma, tu m’expliques à quoi servent les avions dans la haute société et tu finis, en m’étonnant, sans avoir dit un mot de Trump.
    Polémique, leçon, rigolade. C’est bien ça.

  10. J’ai oublié… Si tu me montres un triangle base en l’air, je vais voir un mini monokini féminin, si tu me montres un arbre, je vais voir un cache sexe masculin (c’est derrière les gros troncs d’arbres que les mâles vont pisser) et si tu me montres une image d’avion, je te dirais que c’est le meilleur moyen d’unir les sexes à distance! (et d’éviter l’inceste!… quoique dans la haute noblesse, on aille loin pour rester en famille!)

  11. Si « Nul ne peut décider qui, du patient ou du thérapeute, est l’obsédé sexuel » à fortiori. qui, de toi ou de moi, est le plus en mesure de distinguer le subjectif de l’objectif?

    Ce qui diffère dans nos histoires respectives du patient/psy – obsédés sexuels, est que dans ta version, le psy présente des images d’OBJETS dénommés, tandis que dans ma version, il s’agit de plaques du test de Rorschach qui, par définition ne sont pas définies et dénommées par la vox populi ou doxa. Une plaque de test de Rorschach est constitué d’une tache d’encre fraîche sur un papier qui est plié avant qu’elle ne sèche, ce qui donne à la tache son aspect symétrique mais insensé une fois la feuille dépliée.

    L’intérêt de la chose est que cette forme, purement due au hasard, un peu comme un cumulus dans le ciel, n’est pas socio-culturellement IN-formée et baptisée d’un quolibet du genre ‘triangle, arbre ou avion!’ C’est comme un hiéroglyphe égyptien! Cette forme n’a ni queue (sauf pour l’obsédé) ni tête et ne peut être dénommée tant que Champollion n’y a pas mis son grain de sel ou plutôt sa pierre de Rosette grâce à laquelle le souffle du vécu des deux autres langues à moitié mortes a pu être insufflé aux graffitis des lointains ancêtres des rapeurs du Caire.

    En bref, dans le test de Rorschach, rien d’objectif ne permet au psychiatre de dire ce que signifie objectivement la tache d’encre. C’est sa subjectivité contre celle du patient. Les soumis au système (la plupart des gens et surtout ceux qui votent Mélanchon) diront que l’interprétation du Psy est ‘scientifique’ puisqu’il a fait de longues études au de la de la terminale (terminus de la pensée pour la plupart des gens) alors que le patient (hypnotisé potentiel) ne sait pas trop ce qu’il dit et c’est pour cela qu’il va voir un Psy. (il ne reviendra pas une fois qu’il aura découvert que ce dernier est un pervers qui collectionne les images pornos pour les montrer en catimini ou sous le manteau à ses meilleurs clients.)

    Mais si l’on reste dans mon histoire avec une tache d’encre et que tout se joue sur les diplômes et reconnaissance professionnelle, je voudrais que tu me dises pourquoi tu ne crois pas en mes théories de la communication et que tu crois en la capacité des Psys à dire des choses ‘objectivement fondées’ Certes le nombre d’années d’études post bac est inférieur pour être doc. en com. mais la reconnaissance des pairs est assez semblable au niveau des publications dans les revues scientifiques et dans les accusations mutuelles de délire!

    Tu conviendras que dans la version Rorschach de cette histoire, si le Psy peut affirmer de façon décisive que c’est le patient qui est l’obsédé c’est parce qu’il détient les diplômes qui lui permettent d’émettre un diagnostic, généralement considéré comme ‘Scientifique!’

    Dans ta version de l’histoire, le fait qu’il s’agisse de dessin représentant des choses précisément dénommées ou décrites donne l’illusion d’objectivité puisque ces images représentent (aux yeux des ‘enculturés de la même façon’) des objets identifiés: un triangle, un arbre, un avion.

    Si l’on réfléchit une seconde, on s’aperçoit que la relation d’identification n’est pas entre l’objet et son nom (qui donne l’illusion d’objectivité) mais entre les personnes qui usent du même terme face à ces objets aux formes variables (les ailes de l’avion sont è géométrie variable, le triangle peut être isocéle, comme rectangle, etc. et l’arbre peut être un sapin comme un palmier). En fait le nom générique comme le nom spécifique, sont des expressions (apprises et donc arbitraires) qui permettent à des gens qui sont passés par les mêmes écoles, même programmes, mêmes bonnets d’âne, mêmes coup de règles sur les doigts chez les bonnes sœurs et sur les fesses chez les curés…

    Quand je dis triangle, arbre et avion, j’affirme que je suis francophone et ai trop été chez m’sieur le curé. Si je puis traiter des objets dénommés en français, je ne pourrais agir avec les anglophones face à ces choses innommables que sont The Triangle, the Tree and the Aircraft… Plutôt que d’objectivité, universellement compréhensible (avec tous les risques d’anthropomorphisme) il serait plus sage de parler d’INTERSUBJECTIVITÉ. À la communauté d’interprétation la plus forte revient le pouvoir de dénommer ‘objectivement’ les choses.

    Plus simplement, je voudrais que tu me présentes une seule personnes qui agisse OBJECTIVEMENT et non SUBJECTIVEMENT.

    Comme l’ont bien vu les Sophistes, tout n’est qu’un jeu de rhétorique, en dictatures, certains sont moins égaux que d’autres mais en démocratie (L’Athènes des Sophistes), rien ne nous empêche de dire que les Psy est plus fou que son fou!

    Lire Michel Foucault et voir One Flew Over the Cuckoo’s Nest!

  12. « Nul ne peut décider qui est le véritable obsédé sexuel ? »
    Ah ! le gout immodéré du paradoxe et du contre-pied…
    Objectivement, dans cette histoire, le patient est un obsédé sexuel.
    Subjectivement, il pense que c’est le psy qui l’est.
    Le psy l’est peut-être mais, objectivement, dans les données de l’histoire, rien ne permet de le dire.
    A quand la prochaine pirouette ?

  13. C’était à cette histoire que je pensais.
    Je suis heureux de voir que tu la connaissais.
    Je la racontais dans presque tous mes cours, souvent à propos de la publicité subliminale; certains experts voyant des orgies dans les glaçons flottant dans le verre du scotch promu par l’annonce publicitaire.

    Cette histoire, telle que je l’ai connue était racontée à propos des tests du Psy Suisse, Rorschach qui part de la présentation d’une collection de taches d’encre aux contours symétriques.

    Évidemment l’intérêt est dans la chute. Elle conforte, il me semble, la thèse localisant le sens des propos (paroles, dessins, taches d’encre, etc. ‘utterances’ in English) chez le récepteur.
    Nul ne peut décider qui est le véritable obsédé sexuel?
    Le patient, dans cette histoire, est convaincu que l’obsédé c’est le Psy qui cache lâchement son obsession derrière sa ‘science,’ prétendant que sa collection de dessins pornos n’est qu’une batterie de tests de Rorschah!
    Tu ne t’en sortiras pas comme ça! Pervers!

  14. Cette même histoire de psy a une autre fin :
    Après le triangle, l’arbre et l’avion et la dernière réponse du patient, le psy lui demande :
    —Cher Monsieur, je n’arrive à comprendre comment la vision d’un triangle, d’un arbre ou d’un avion puisse vous faire penser à des femmes nues !
    Alors le patient :
    —C’est simple : je ne pense qu’à ça !

  15. En réponse au tunnel d’Hitchcock
    Ça me rappelle cette histoire :
    Un psychologue fait passer un test à un patient. Il lui présente une succession de dessins en lui demandant de dire ce à quoi le dessin lui fait penser.
    Premier dessin : un triangle
    Le patient :
    — Ça me fait penser à une femme, une femme avec une large poitrine, allongée nue sur une table…
    —Bon , dit le psy
    Deuxième dessin : un arbre
    Le patient :
    — Ça me fait penser à une femme, nue. Je vois ses seins, son sexe, ses…
    —Bien, dit le psy
    Troisième dessin : un avion
    Le patient :
    —Alors là, je vois deux femmes, nues, sur de la moquette. L’une a des petits seins et des fesses superbes, l’autre…
    —Très bien, dit le psy. Je vois ce que c’est : vous êtes un obsédé sexuel.
    Alors, le patient :
    —Obsédé sexuel ! Obsédé sexuel ! Et qui est-ce qui me montre tous ces dessins cochons ?

  16. Ça me fait penser au fameux tunnel de La mort aux trousses (N. by N.W.) d’Hitchcock qui est sensé nous faire penser à autre-chose… chose à laquelle je ne manque jamais de penser!

    Décidément Philippe fait dans l’érotisme sublimé ou subliminal!

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