Connaissez-vous le « Gen Z stare » ?
L’avez-vous rencontré ?
En avez-vous été victime ?
Est-ce que ça vous a fait mal ?
Et d’abord, savez-vous seulement ce que c’est ?
Et même avant, avez-vous une idée de ce que c’est que la Gen Z ?
Eh bien, voilà : il y a eu la génération silencieuse (1930-1945), les baby boomers (1945-1965), la génération X (1965-1980), les milléniaux (1980-1996), la génération Z (1996-2012) et la génération Alpha (2012- … )
La génération Z ou, plus familièrement la Gen Z, est donc la dénomination collective des gens nés entre 1996 et 2012.
Pourquoi Z ? Pourquoi ces dates ? Aucune idée ! Toujours est-il que ces gens là ont aujourd’hui entre 13 et 29 ans et il faut bien reconnaître que, globalement, ils sont assez nombreux, souvent exigeants, plutôt geignards et parfois rancuniers. Avec ces qualités, ils constituent un marché facile et colossal pour tous les revendeurs de complots, de paranoïas, de fake news et de mauvais goût.
Voilà pour la « Gen Z » !
Au « Stare » maintenant.
D’après les meilleurs dictionnaires anglais-français, le mot « stare » définit un regard fixe, vide, inexpressif ; certains vont même jusqu’à dire « bovin ».
Dans son acception la plus actuelle, le Gen Z stare (ou regard vide de la génération née entre 1996 et 2012) est cette attitude avec laquelle un membre de la Gen Z considère n’importe quel membre de n’importe quelle génération antérieure quand ce dernier lui pose une question, et même plus généralement, quand il lui adresse la parole.
Cette attitude consiste pour le Gen Z à fixer silencieusement du regard la personne qui vient de lui adresser la parole. Pour qu’il puisse être estampillé Gen Z Stare, le regard de l’émetteur doit être tenu plusieurs secondes, le corps doit demeurer immobile et si possible détendu, sans crainte d’aller jusqu’à la mollesse, les yeux doivent être grand ouverts mais pas écarquillés et le visage doit demeurer parfaitement lisse, sans aune trace de sourire ni de rictus.
J’ai utilisé plus haut le mot « inexpressif ». C’est celui qui vient naturellement à l’esprit quand on réunit, pour qualifier regard, des adjectifs tels que fixe, vide et/ou bovin. Mais, avec un peu d’expérience, la victime du Gen Z stare s’aperçoit très vite que le Gen Z stare est bien autre chose qu’inexpressif et que pour le Gen Z émetteur, il signifie quelque chose comme :
— Est-ce vraiment là votre question ?
ou comme
— Je n’en reviens pas que vous puissiez me demander une chose pareille !
ou bien
— Comment voulez-vous que je réponde à une question aussi inepte ?
ou encore
— Vous devriez quand même savoir que votre demande ne relève pas de mes compétences !
ou aussi
— Vous n’avez vraiment rien d’autre à faire ?
ou même
— Seule la politesse me retient de vous dire ce que je pense de votre question.
Et cetera…
À la seule condition de faire partie d’une génération antérieure à la Gen Z, tout le monde peut être victime du Gen Z stare : vous, moi, les parents, les grands-parents, les clients, les professeurs, les flics, les serveurs, les contrôleurs, tout le monde je vous dis.
Le Gen Z stare est loin d’être innocent. Pour ceux qui le pratiquent, il est une façon non violente d’affirmer leur indifférence et leur mépris pour tout ce qui n’est pas Gen Z.
Quand on est un humaniste débonnaire comme moi, ça fait chier.
Un de ces jours, je vous parlerai d’une autre mode à la con venue des USA, le « Vocal Fry ». C’est mauvais pour la santé, vulgaire, prétentieux et ça a un succès fous. Vous verrez, c’est ridicule.
NB : si par situation familiale ou sociale vous deviez être amenés prochainement à fréquenter des membres de la Gen Z, il serait prudent de vous entraîner à reconnaître le Gen Z stare au premier coup d’œil et pour cela, vous en trouverez de nombreux exemples sur YouTube. C’est instructif, et si cela n’était pas aussi agaçant, ça pourrait même être drôle. Par exemple :
Peut-être…
Et quoi de plus con qu’un oiseau ?
Tout ceci me laisse sans voix, je pense qu’ils doivent imiter un oiseau !
Il y a au aussi la génération spontanée, mais on ne sait pas où elle est passée.
Avant toutes ces generations, il y a eu la « generation perdue », ou « lost generation », limitée en nombre c’est vrai, datée autour de 1930, essentiellement américaine et parisienne, mais surtout bien plus intéressante dans ce qu’elle avait à dire car littéraire à vrai dire avec pour icônes Scott Fitzgerald et Hemingway.