Vous êtes sans doute comme moi, du moins sur certains points particuliers.
Par exemple, je parierais bien que finalement, vous aimez bien Macron, mais que vous n’osez plus vraiment le dire à qui que ce soit.
Je pense aussi que vous êtes du genre à voir au moins deux épisodes par jour de votre série américaine favorite, tout en continuant à affirmer qu’il n’y a rien de mieux qu’un documentaire sur Arte.
Et là, c’est une certitude, vous n’avez jamais dit à aucun de vos enfants que vous non plus, vous n’aimez pas les brocolis.
C’est sur cette ligne de pensée que je pense que vous comme moi considérons que l’élection de Donald Soprano à la présidence des États Unis est un événement contrariant, et que l’occupation du siège qui est à la droite de Trump-All-Mighty par Elon-le-Mutant l’est encore davantage.
Je crois même que, parfois, votre contrariété vous pousse jusqu’à émettre en public quelques critiques envers le diabolique Professeur Musk-Master-Of-The-World-At-Last, sa fortune, ses satellites, son réseau social et l’utilisation qu’il en fait.
En cela vous êtes suivi par bon nombre de personnalités politiques et médiatiques qui sont, comme on le sait, un exemple pour tout le monde. Et, avec elles, vous vous lamentez sur la disparition progressive de l’esprit critique, de l’humanisme et même de la démocratie, toutes choses fondamentales auxquelles vous croyez encore un peu et que, selon vous, l’Apprenti Sorcier Maximum met en danger.
Alors pourquoi vous, ces personnalités politiques et médiatiques exemplaires, vos enfants, petits enfants, votre beau-frère et votre dentiste, continuez-vous à utiliser Twitter ? (Moi, je ne suis pas concerné : je ne sais pas comment ça marche. Mais vous ! Pourquoi ?)
La non-utilisation de leurs services – le mot boycott ne me plait pas car il fait trop mot d’ordre politique – c’est la seule arme qui reste à notre disposition pour lutter contre ces dangereux mégalomanes qui nous proposent ces pommes empoisonnées que sont Facebook, X-Twitter et Tik Tok.
Alors, un peu de cohérence, que diable ! Stoppez toute communication sur X et consorts !
Venez plutôt discuter sur le Journal des Coutheillas.
Post Scriptum
Aux dernières nouvelles, une nouvelle plateforme de médias sociaux vient d’apparaitre : Bluesky Fondée par un ancien de chez Twitter, devenue indépendante de X, elle bénéficie d’une vague d’adhésion due au dégoût de l’algorithme Xien, de la même manière que X-Twitter avait bénéficié du dégoût de l’algorithme de Facebook.
Vous pouvez toujours essayer. Ça ne peut pas etre pire que X.
Toutefois, les messages que j’’ai pu y lire hier matin ne m’encouragent pas à y entrer.
Une question : pourquoi les gens tiennent-ils si fort à faire connaitre leur foutue opinion sur tout ?
Si vous me retourniez la question en la personnalisant un peu, je vous répondrais qu’ ils n’ont qu’à faire comme moi : publier un blog confidentiel.
En relisant ce poème que je connais depuis toujours, je m’aperçois que ma mémoire a fusionné deux textes d’auteurs différents : Le Colloque Sentimental, de Verlaine (Dans le vieux parc solitaire et glacé, deux formes ont tout à l’heure passé) et Une allée du Luxembourg, de Nerval (Elle a passé la jeune fille, frêle et svelte comme un oiseau). C’était devenu pour moi un autre poème : Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Elle a passé la jeune fille …
La poésie reprend le dessus, c’est pas trop tôt …
Merci à Antoine Pol / Brassens, Baudelaire, Alain Souchon, chanté en prime, alors au tour de Gérard de Nerval:
Une allée du Luxembourg
Elle a passé, la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau:
À la main une fleur qui brille,
À la bouche un refrain nouveau.
C’est peut-être la seule au monde
Dont le cœur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D’un seul regard l’éclaircirait!
Mais non, – ma jeunesse est finie…
Adieu, doux rayon qui m’a lui, –
Parfum, jeune fille, harmonie…
Le bonheur passait, – il a fui!
https://www.youtube.com/watch?v=P5weqdVaChQ
Oui, Baudelaire, bien sûr, le grand, le patron. Mais Alain Souchon, parfois c’est charmant:
:
Je chante un baiser
Je chante un baiser osé
Sur mes lèvres déposé
Par une inconnue que j’ai croisé
Je chante un baiser
Marchant dans la brume
Le cœur démoli par une
Sur le chemin des dunes
La plage de Malo Bray-Dunes
La mer du Nord en hiver
Sortait ses éléphants gris vert
Des Adamo passaient bien couverts
Donnant à la plage son caractère, naïf et sincère
Le vent de Belgique
Transportait de la musique
Des flonflons à la française
Des fancy-fair à la fraise
Elle s’est avancée
Rien n’avait été organisé
Autour de moi elle a mis ses bras croisés
Et ses yeux se sont fermés, fermés
Jugez ma fortune
Sous l’écharpe les boucles brunes
C’est vrai qu’en blonde j’ai des lacunes
En blonde j’ai des lacunes
Oh, le grand air
Tournez le vent la dune à l’envers
Tournez le ciel et tournez la terre
Tournez, tournez le grand air
La Belgique locale
Envoyait son ambiance musicale
De flonflons à la française
De fancy-fair à la fraise
Toi qui as mis
Sur ma langue ta langue amie
Et dans mon cœur un décalcomanie
Marqué liberté, liberté chérie
Je donne le départ
Pour ce moment délicieux hasard
Adamo, MC Solaar
Oh, tous les milliards de dollars
Le vent de Belgique
Envoyait mélancolique
Ses flonflons à la française
De fancy-fair à la fraise
Si tout est moyen
Si la vie est un film de rien
Ce passage-là était vraiment bien
Ce passage-là était bien
Elle est repartie
Un air lassé de reine alanguie
Sur la digue un petit point parti
Dans l’Audi de son mari
Oh, son mari
Je chante un baiser
Je chante un baiser osé
Sur mes lèvres déposé
Heureusement, avec la chanson de Brassens et son évocation de l’inconnue, Paddy nous fait sortir pour quelques instants de la sordidité du moment. Qu’il en soit remercié. Pour moi, le plus beau poème sur le thème de la femme inconnue, c’est celui de Baudelaire :
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair… puis la nuit! – Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité?
Ailleurs, bien loin d’ici! trop tard! jamais peut-être!
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais!
Ou peut-être d’une inconnue, comme une passante, l’une de celles de la belle chanson de Georges Brassens (paroles du poète inconnu Antoine Pol).
Pour ma pomme qui n’est pas une poire, X restera toujours le symbole de l’inconnu.