15 aout 1944, les alliés débarquent en Provence

Hier, c’était le 80ème anniversaire du débarquement en Provence. Vous ne savez probablement pas grand chose de cette vaste opération car elle a été occultée historiquement par le débarquement qui s’était produit en Normandie deux mois plus tôt.

Le Journal des Coutheillas s’est assuré l’exclusivité du témoignage d’Isabelle de Colmont qui a vécu cette opération en tant que membre de la Résistance et qui a pu accueillir les premiers G.I. sur la plage de Ramatuelle à l’aurore du 15 aout 1944. Ce témoignage, le voici :

« (…)  Le débarquement en Provence a fini par arriver. Il a eu lieu le matin du 15 août. Des parachutages d’armes et de soldats américains avaient eu lieu dans le maquis la nuit deux ou trois jours avant, et les FFI étaient descendus dans la plaine pour commencer les opérations de sabotage et de démoralisation des Allemands. On m’avait donné une radio et je parcourais le massif des Maures à bicyclette pour signaler les mouvements allemands. La nuit du 14 au 15 fut une nuit magnifique. Je l’ai commencée avec quelques FFI dans le village de La Garde-Freinet, au-dessus de Saint Tropez. Vers minuit, on nous a déplacé vers le petit village de Ramatuelle.

Au lever du jour, tout était calme ; les allemands semblaient avoir quitté la région. L’obscurité était absolue. Vers cinq heures, une faible clarté est apparue devant nous. Elle a dessiné à droite et à gauche les collines de Ramatuelle et devant, l’anse de Pampelone qui se découpait en plus sombre sur la mer gris foncé. Puis le ciel est devenu presque blanc, et sur la mer qui tournait au vert, nous avons vu les silhouettes de centaines de bateaux, des navires de guerre hérissés de canons, des péniches de débarquement qui tournaient autour et, en arrière, d’innombrables transports de troupe. La baie en était couverte. J’aurais juré qu’ils étaient des milliers. Ils avançaient si lentement vers la côte qu’ils paraissaient immobiles. D’un seul coup, l’enfer s’est déchainé. Les canons des navires tiraient en continu. On apercevait des fumées d’incendie qui montaient derrière nous, du côté de Cogolin… l’usine de torpilles et la garnison allemande, sans doute. Comme aucune réplique ne venait de la terre, au bout de quelques minutes les canons se sont tus. Alors, des centaines d’avions sont passés au-dessus de notre tête, fonçant vers l’intérieur des terres, à la recherche des Allemands. Enfin, les péniches se sont lancées vers la plage, les panneaux se sont ouverts et des milliers d’hommes se sont mis à piétiner dans l’eau pour courir jusqu’à l’abri des pins maritimes. Nos ordres étaient de rester sur la hauteur pour signaler les mouvements allemands, mais devant l’allégresse que ce déferlement de soldats, de jeeps, de camions et de chars soulevait en nous, notre petit groupe n’a pas su résister. Nous avons dévalé la pente en courant, en trébuchant, en criant pour rejoindre les américains qui commençaient déjà à s’installer. Ils ont d’ailleurs bien failli nous tirer dessus. Nous nous sommes embrassés, nous avons pleuré, nous avons crié, nous avons dansé et chanté avec eux. J’en avais oublié Antoine. Pourtant, lui aussi, il devait se trouver quelque part, sur cette plage ou sur une autre, du côté de Fréjus ou de Cavalaire. Mais, à cet instant, je ne pensais déjà plus à lui.
Ensuite ? Eh bien, ensuite, les soldats et les FFI ont progressé vers l’intérieur des terres pour libérer l’arrière-pays. Un peu plus tard, ils ont attaqué Toulon et Marseille. Beaucoup plus tard, ils sont remontés vers le nord jusqu’en Alsace, pour entrer enfin en Allemagne. Mais mon rôle à moi était terminé. Trois jours après le débarquement, un camion américain m’a emmenée jusqu’à Trets et je suis rentrée à Vauvenargues à pied.(…)

Ce récit, simple et sincère, figure au chapitre 6 de l’ Histoire de Dashiell Stiller.

Histoire de Dashiell Stiller
Paris 1935. Dashiell, jeune touriste Américain, prend une photographie de la terrasse d’un café du Boulevard St-Michel, le Cujas. Treize années plus tard, il est de retour à Paris pour rencontrer les huit personnages qui se trouvaient sur la photo. Il les fait parler sur leur vie, sur la façon dont ils ont vécu cette période troublée de la guerre, l’Occupation, la Résistance, la Collaboration, les Camps, la Libération… Mais pourquoi fait-il cela ? Pour écrire un roman ? Pour retrouver quelqu’un ? Pour expier un crime ? Pour retrouver sa propre histoire, l’histoire de Dashiell Stiller ?

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