Ce soir, il y a un blind dinner dans un bel appartement de la Place des Vosges. C’est Renée qui reçoit. C’est Gérald qui raconte. Christiane entre dans le salon, en retard. Elle est grosse, très grosse… Renée fait les présentations.
(…) « Et voici Christiane, claironne Renée, triomphale. Nous allons pouvoir passer à table. Il faut lui pardonner son retard, explique Renée tout sourire. La pauvre m’expliquait dans l’entrée qu’elle avait eu un problème de dernière minute pour faire garder son fils Marc-Antoine.
—Pas mon fils, mon chien… Marc-Antoine. Je n’ai pas d’enfant, Dieu merci !
—Marc-Antoine ? C’est un chien ? demande Renée, stupéfaite. J’ai toujours cru…
—Un Koochie d’Afghanistan, l’interrompt Christiane. Quatre-vingt kilos, quatre-vingt-dix centimètres à l’encolure… une bête splendide. Il vous tue un mouton en moins de trois secondes… il déteste les moutons.
—Mon Dieu ! s’exclame Anne malgré son athéisme intransigeant.
—Il n’aime pas beaucoup les gens non plus, poursuit Christiane. C’est pour ça que j’ai du mal à trouver quelqu’un pour garder Marc-Antoine quand je sors le soir.
—Mais vous ne pouvez pas le laisser seul ? demande Marcelle.
— Impossible ! Marc-Antoine ne supporte pas la solitude. Ça le rend neurasthénique. Après, j’en ai pour deux jours à lui remonter le moral.
— Même si vous lui apportez un mouton ? demande Marcelle avec une petite pointe d’ironie. »
Christiane ne semble pas apprécier.
« Bien ! dit Renée qui désire couper court au malaise naissant. Christiane, je crois que vous ne connaissez personne, ce soir ? Alors, dans le désordre, laissez-moi vous présenter Marcelle, maire de Gentilly, c’est bien ça, Marcelle ? Ah ! Ah ! André qui est médecin, François Longchamp, que vous connaissez surement, et mon vieil ami Charles. Charles écrit. J’aime beaucoup ce qu’il fait. Et là-bas, près de la fenêtre, Gérald, courtier en je ne sais pas quoi, Ah ! Ah ! et enfin Anne, sa charmante épouse. »
Pendant ce tour de salon, Christiane s’est contentée de hocher la tête en direction de chacune des personnes qu’on lui présentait.
« Christiane, continue Renée d’un ton enjoué, voudrais-tu expliquer à mes amis ce que tu fais dans la vie.
— Eh bien, disons que je suis créatrice chez Cottard. Voilà, c’est tout.
— Cottard ? Mais c’est du haut de gamme, ça, il me semble bien, dis-je en me rapprochant du centre de la pièce. Et, créatrice chez Cottard, c’est un bon job, ça ? »
Aujourd’hui, tout le monde dit « job ». Je trouve ça ridicule… mais il a bien fallu que je m’y mette. Alors, je dis « job ».
« C’est intéressant, répond la grosse, négligemment.
— Mon pauvre Gérald ! s’apitoie Renée. Tu ne vois pas que Christiane te fait marcher. Évidemment, tu es un homme et tu ne connais pas grand-chose à la mode. Je suis certaine que Marcelle et Anne ont déjà compris que Christiane, c’est Kris Wu, la plus en vogue des créatrices de mode depuis dix ans. »
Et bien sûr, voilà Anne qui embraye aussitôt :
« Excusez-le, Christiane. L’art de la mode et, je dois dire, l’art en général sont des notions qui échappent totalement à Gérald. Tout ce qu’il sait de la Maison Cottard, c’est probablement son chiffre d’affaires et le nom de son assureur. Ainsi, Kris Wu, c’est vous ?
— C’est moi, répond Christiane platement. »
À ce moment, j’entends Charles qui me murmure à l’oreille : « en chair et en os… »
Par chance, quand j’entends cette vanne, je suis en train de boire une gorgée de whisky et j’arrive à dissimuler mon éclat de rire derrière une toux irrépressible.
« Excusez-moi ! J’ai fait une fausse route, dis-je des larmes plein les yeux.
— C’est ça, continue Charles à voix basse, et elle, c’est une fausse maigre. »
J’explose à nouveau et je retourne à ma fenêtre en toussant, plié en deux.
« Ça ne va pas, Gérard ? me demande Charles. Vous avez besoin d’un médecin ? Vous savez, une fausse route ça peut être dangereux. N’est-ce pas André ? »
(…)
Ce texte est extrait de « Blind dinner » un court roman paru chez Amazon. fr
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Blind dinner
Un « Blind dinner », c’est un dîner un peu particulier dans lequel les invités ne se connaissent pas. Dans les beaux quartiers, c’est très à la mode. Renée, la maitresse de maison, trouve cela très chic et parfois follement drôle. Mais ce soir là, quand on a commencé à parler d’un mystérieux virus venant de Chine, le diner a vite tourné au vinaigre.
Merci François. L’occasion, c’est maintenant.
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De mon côté des que l occasion se présentera j acheterai les sept exemplaires en une seule fois pour en faire un seul cadeau
Ça me coûtera 51 euros le prix d’ un repas dans un bon restaurant
On peut effectivement se réjouir de constater que l’État de New-York ait pu trouver un procureur, un juge et une douzaine de jurés que Donald Trump n’ait pas réussi à influencer ni par ses insultes publiques ni par ses menaces secrètes. Soyons maintenant attentifs aux mesures de rétorsion et aux actes de vengeance voulus par le Donald ou spontanés de la part de ses supporters.
Ce n’est malheureusement pas une condamnation fédérale, mais seulement de la part de l’un des États qui, avec la Californie, est l’État le plus détesté par les autres. (Je ne parle pas, bien sûr, du Deep State, dont le siège est, on le sait, dans les caves profondes du District of Columbia.)
À 4 centimes la page, Blind Dinner vaut bien le célèbre Opéra de Quat’Sous dont la chanson phare restera pour toujours Mack the Knife (Mack le Surineur), surtout dans la version chantée par Louis Armstrong. Alors ce matin par transmission de pensée le voyou Mack le Surineur c’est Donald Trump et la bonne nouvelle qui » will make my day » est que le jury du tribunal de New York l’a reconnu coupable à l’unanimité des 34 chefs d’accusation qui fait de Trump le premier président des Etats-Unis condamné (le tribunal prononcera en Juillet la sentence, peut-être l’emprisonnement) pour crime. Je sais que cela ne l’empêchera pas le clown de se présenter à l’élection présidentielle en Novembre, mais je salue tout de même avec joie et soulagement cette décision du jury.