Les banshees d’Inisherin -Critique aisée n°249

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Critique aisée n°249

Les banshees d’Inisherin
Martin McDonagh – 2022 – 109 minutes
Colin Farrell, Brendan Gleeson, Kerry Condon, Barry Keoghan

Les banshees sont des fées irlandaises dont le cri annonce la mort de quelqu’un et Inisherin, c’est là :

Ce qui frappe tout d’abord, c’est la lumière, la qualité de la lumière : l’air ne pourrait pas être plus pur, plus transparent, la profondeur de champ plus grande, la clarté des images plus nette. Les matinées ensoleillées sont glorieuses, les crépuscules interminables et les nuits pluvieuses.

Ensuite, c’est la beauté des paysages, avec ces maisons basses aux murs épais, ces minuscules pâtures entourées de murets de pierres sèches et grises  entre lesquels serpentent de rares chemins de terre qui mènent à ces formidables falaises rocheuses escarpées en surplomb d’un océan immense.

Enfin, ce sont les habitants, avec leurs noms bizarres, leurs gueules d’iliens, leur accent irlandais, et leur mode de vie séculaire : ils poussent leurs vaches vers les pré clos, ils rencontrent leurs voisins au pub, ils colportent les nouvelles à l’épicerie-bureau-de-poste , ils se confessent le dimanche…

1923… De temps en temps, quelques coups de feu lointains. C’est la guerre civile qui s’achève sur la Grande Ile. Colm et Pàdraic sont amis depuis l’enfance. Colm vit seul avec un Border Collie dans une maison isolée au bord d’une plage. Il compose sa musique et joue du violon. Pàdraic vit avec Siobhàn, sa sœur, dans une maison isolée sur la falaise. Il élève quelques vaches laitières et partage son affection entre Colm, Siobhàn et une ânesse naine, Jenny. Colm et Pàdraic se retrouvent chaque soir au Jonjo’s Pub. C’est comme ça depuis toujours. Mais ça, c’était avant, avant le début du film car, quand le film commence, Colm ne veut plus être l’ami de Pàdraic. Il ne veut même plus que Pàdraic lui parle. Il jure même à Pàdraic que s’il lui adresse la parole, il se coupera un doigt. À chaque fois, un doigt…

Et ça y est, le ressort est remonté, le drame va pouvoir commencer. Malgré la beauté des paysages, la gentillesse de Pàdraic et l’absence de méchanceté de Colm, malgré les interventions de Siobhàn et les avis de Dominic, l’idiot du village, malgré les reproches du curé et les conseils du tenancier du pub, c’est fichu et Colm et Pàdraic vont s’affronter. Ils ne seront jamais quittes. Les blessures seront irréparables, la tragédie restera en suspens mais, comme le malheur, elle sera définitive.

La qualité de la photographie, la splendeur des paysages, le pittoresque des iliens, l’humour toujours présent — non pas le comique des situations, mais véritablement l’humour des personnages — la volonté inébranlable et finalement la folie des deux personnages principaux personnages, le jeu parfait des quatre comédiens sous le titre qui incarnent Pàdraic, Colm, Siobhàn et Dominic, la présence des rôles secondaires comme le curé, la tenancière de l’épicerie-bureau-de-poste et le patron du pub, tout cela fait un film superbe.

Il a été primé à la Mostra de Venise et le sera probablement aux Oscars.

 

5 réflexions sur « Les banshees d’Inisherin -Critique aisée n°249 »

  1. J’ai beau chercher une métaphore intéressante, je ne la trouve pas. C’est une fable sinistre sur la folie des hommes, peut-être, mais ça ne m’aidera pas à vivre. Quant aux images, David Lean avait fait beaucoup mieux.
    PS : Philippe, tu me dois 13 euro.

  2. Un film en tous points remarquable je suis bien d’accord. Une histoire à la fois tragique et comique dans un cadre remarquable, celui de la côte ouest de l’Irlande entre terre et mer, dans un monde clos, celui d’une petite île détachée de son continent, des personnages typiquement irlandais dont un seul s’échappera, la belle et gentille Siobhan, pour aller vivre une vie normale en accord avec ses goûts personnels (la lecture). J’ai vu dans ce film comme la transcription cinématographique d’un grand roman ce qui n’est heureusement pas le cas ( voir les test films/romans publié dans le JDC récemment). Un roman tel que l’aurait pu écrire Henri Queffélec (le père de Yann).

  3. J’ai oublié de citer deux précédents et excellents films de Martin McDonagh : Bon baisers de Bruges, Three billboards

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