Aventure en Afrique (27)

temps de lecture : 4 minutes 

Le marché de Filingué

Filingué se trouvait à 185 km au nord-est de Niamey. Chantal et moi nous y sommes rendus une fois en saison sèche et une fois en saison humide. Nous empruntions une piste en latérite à partir de la capitale qui était si déformée qu’elle avait pris la forme de tôles ondulées. Ce phénomène particulier fait d’ailleurs encore l’objet d’études par d’éminents chercheurs du CNRS et n’a toujours pas encore révélé tous ses secrets quant à sa formation.

La ”tôle ondulée” ébranlait fortement le véhicule. Les vibrations étaient telles qu’on avait l’impression que celui-ci allait finir par se démanteler à tout moment. C’était épuisant pour le véhicule, le chauffeur et les passagers. Avec les 2 CV, il fallait atteindre la vitesse de 60-65 km à l’heure pour que le véhicule passe à la crête des irrégularités. C’est seulement à ce moment-là que la direction devenait plus molle et l’adhérence presque nulle. Le freinage et le changement de direction étaient très délicats. À cette vitesse la caisse subissait peu de vibrations mais les suspensions souffraient. Pour effacer provisoirement la tôle ondulée, les services de la voirie passaient un gros balai cylindrique, en général tiré par un tracteur. Ce balai de 2.5 mètres de long faisait un petit angle par rapport aux ondulations. Ses poils étaient constitués de morceaux de câble métallique qui à la longue s’usaient et libéraient de véritables aiguilles, redoutables pour les pneus de 2CV.

Au début du trajet nous passions à proximité de petites collines, en forme de table. Lors de notre premier trajet un homme en uniforme et en armes nous fit signe. Je m’arrêtais pensant à un contrôle, mais sans rien dire, s’installa sur la banquette arrière. Il allait à Filingué et faisait du stop. À trois nous avions du mal à retrouver la vitesse de croisière nécessaire pour éviter les trop grandes vibrations.

Nous étions obligés de laisser un intervalle important entre les trois véhicules pour éviter la poussière dégagée par chacun…

Le trajet fut long et fatigant. Arrivés à Filingué, la grande place grillée par le soleil, était très animée, mais pas un arbre. Autour d’une grande mare, bêtes et  gens pataugeaient. Nous étions en plein Sahel : les peuls et les Touaregs étaient fortement représentés. On trouvait aussi des bouzous et des songhaïs.

Nous ne passions pas inaperçus; il était rare que des touristes viennent ici. L’atmosphère était écrasante, l’air brulant. Lors de notre visite en saison sèche, nous étions avec nos amis les Charpentier et Nicole commençait à suffoquer à cause de la chaleur et de tout ce monde qui nous entourait. Nous avions été obligés de la mettre à l’ombre dans l’école, de l’arroser et lui donner à boire pour qu’elle retrouve ses esprits.

Nous nous immergions dans une population d’hommes et de bêtes qui tous souffraient des températures incroyables. Une multitude de choses étaient à vendre, les gens malgré tout s’y retrouvaient. Je remarquais un camion chargé de passagers, il semblait vrillé. Je finis par m’apercevoir, qu’il avait trois roues de camion classique, que la quatrième à l’arrière semblait être une roue de voiture ! Il roulait quand même avec, des dizaines de personnes à bord ainsi que du matériel, des sacs, des animaux. Au bord de la mare les troupeaux venaient boire, ils arrivaient parfois de loin. Les bergers les faisaient rentrer dans l’eau quelques minutes puis les obligeaient à ressortir. Les troupeaux restaient de longues minutes sur la berge, puis retournaient à l’eau. Ce principe était nécessaire pour éviter que les animaux ne se gavent. On m’avait raconté que des ânes semi-sauvages mouraient par asphyxiés par absorption brutale d’une trop grande quantité d’eau.

Nous sommes revenus à Filingué en saison des pluies : tout était vert. La superficie de la mare avait beaucoup grandie. Des cadavres d’animaux flottaient par-ci par-là, cela n’empêchait pas les autres de boire, les gens de faire leur toilette et leur lessive. J’avais pu prendre de nombreuses photos de ce magnifique marché où nous nous sentions bien. De plus, les gens nous saluaient, échangeaient des signes ou des sourires avec nous. L’atmosphère était plus humide et donc plus sereine.

A SUIVRE 

4 réflexions sur « Aventure en Afrique (27) »

  1. De nos jours, Les horaires des trains étant imprévisibles, on en restera à ceux des marées (comme Sophie, bien sûr)
    Commentaire déplacé vers Ça peut toujours servir)

  2. « Le moi fait briller » ? Ça va ?
    Mais il ne faudrait pas que ce genre de gag à répétition comme les JP&G en cours, lesPeter and Mary à venir ou les rébus prévus en viennent à lasser le public.

  3. Alors bien sûr , d’aucun dirait c’était mieux avant quand on pouvait se balader en 2 cv en Afrique et aller se perdre
    parmi les peuls, au milieu de nulle part, sans craindre ni les rebelles, ni les microbes….
    Hier re cap chat a refoulé mes pensées profondes: je demandai moi aussi les horaires de train…et me demandai où était passée la mer le 14 au soir…
    Au fait , février ? Rien ? Je parle du bandeau ….

  4. Vachement difficile le ciné-rébus d’aujourd’hui.

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