Qu’est que t’as fait à la guerre, Papa ? (8-Toujours la faim)

Toujours la faim

Mardi 12 juillet 1940

Les cheminots seront libérés aujourd’hui. Je leur donne une lettre pour ma mère qui est peut être restée à Paris malgré mes conseils.
Je crève de faim. C’est effrayant ce que la faim me hante. Est-ce la famine ailleurs en France ?
Aujourd’hui les cheminots sont partis.
Journée au camp calme. Je n’ai rien fait d’autre que lire, un vrai livre d’ailleurs, du Xavier de Montépin. C’est amusant de lire ici ce noir mélo !
J’essaie d’échanger un insigne de la 6ème D.I.N.A. pour une boule de pain. Ça ne marche pas…j’ai faim.
Ce soir, diné d’un bout de pain et de lard gras. Ça sent le suif. J’en garde un bout pour demain matin.
J’ai fait trois ou quatre fois le tour de la cour avec Prunet et Boyer. Je rentre fatigué. Manque d’habitude.
Avec Prunet, nous avons égrené tous mes souvenirs de bons restaurants ! Cafard.

Il parait que nos députés sont à Vichy. Léger conseil : qu’ils se méfient de notre retour.
D’ailleurs, que trouverons-nous au retour ? Que s’est-il passé en France ? On dit que des villes de l’intérieur ont été abimées, qu’il y a des victimes civiles en quantité. Est-ce vrai ? Que fait l’Angleterre ? Que fait l’Italie ? Ici nous n’avons aucune radio, bien que l’électricité fonctionne depuis hier soir. Nous attendons.

Malades.

Samedi 13 juillet 1940

Il y a grand bruit dans la chambrée aujourd’hui. Dumousseau fait une conférence avec gueulements à l’appui. Il est terrible et sa voix empêche tout le monde de dormir.

La dysenterie commence à sévir dans le camp. De nombreux malades ont été admis à l’hôpital. Il y a peu de moyens médicaux. Des morts sont à craindre.
Les autorités allemandes s’inquiètent. Leurs hommes sont également touchés et des mesures d’hygiène sont prises.

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