L’écriture en tant qu’objet social

Morceau choisi

 L’autre matin, à La Compagnie du livre, ma librairie favorite, en achetant pour l’offrir Le Voyant d’Étampes, et pour le lire, le dernier Beigbeder, je suis tombé sur un petit opuscule à huit euros cinquante intitulé Le Goût de l’écriture. La quatrième de couverture disait notamment ceci : «… dès lors les écrivains questionnent : à quoi sert d’écrire, d’où vient l’envie, d’où venait le désir ? Voyage au cœur de l’écriture en compagnie de ceux qui la connaissent le mieux et lui doivent d’exister : Denis Diderot, Nicolas Boileau, Gustave Flaubert,…».
C’était tentant, non ? Et puis, huit euros cinquante…
Je l’ai donc acheté, rapporté chez moi et, confortablement allongé sur le canapé du salon, l’ai entamé aussitôt le déjeuner fini. Le petit livre s’ouvrait sur un extrait du Degré zéro de l’écriture. Roland Barthes y disait ceci :

« On sait que la langue est un corps de prescriptions et d’habitudes, commun à tous les écrivains d’une époque. Cela veut dire que la langue est comme une Nature qui passe entièrement à travers la parole de l’écrivain, sans pour autant lui donner aucune forme, sans même la nourrir : elle est comme un cercle abstrait de vérités, hors duquel seulement commence à se déposer la densité d’un verbe solitaire. Elle enferme toute la création littéraire à peu près comme le ciel, le sol et leur jonction dessine pour l’homme un habitat familier. Elle est bien moins une provision de matériaux qu’un horizon, c’est-à-dire à la fois une limite à une station, en un mot l’étendue rassurante d’une économie. L’écrivain n’y puise rien, à la lettre : la langue est plutôt pour lui comme une ligne dont la transgression désignera peut-être une surnature du langage : elle est l’air d’une action, la définition et l’attente d’un possible(…) »

En tombant sur le tapis, l’opuscule n’a pas fait le moindre bruit. Je me suis réveillé à 14h10.

 

Une réflexion sur « L’écriture en tant qu’objet social »

  1. Je partage ton admiration pour Roland Barthes qui n’est, à mon avis, qu’un charlatan au jargon facile et creux.
    « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement » Boileau.

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