Les recommandations de mon prédécesseur
Jean-Georges Martinet me donna les consignes pour la poursuite de ses travaux. Il ne m’a jamais accompagné sur les chantiers, car disait-il, avait son mémoire d’ingénieur à préparer. Il me conseilla de beaucoup photographier surtout au début du séjour, car des scènes, des situations, des personnages pouvant nous choquer ou marquer nos esprits finiraient au bout de quelques semaines ou de quelques mois par devenir habituels dans notre quotidien ou dans le paysage. Il me conseilla pour l’immersion aussi d’aller voir à Boubon : Iliassou Hibrahima, qu’il m’avait présenté sur son cheval le jour du Grand Défilé. Iliassou Hibrahima était une personnalité. Il était marabout, avait épousé la fille du chef de village et possédait une belle pirogue !
Jean-Georges m’expliqua, qu’en début de séjour, il ne faut pas se laisser tenter par trop d’achats n’ayant pas encore la notion des prix pratiqués… les Nigériens sont un peu roublards. Il me proposa : « tu vas venir avec moi, j’ai un sac en croco (caïmans du fleuve) à offrir à mon épouse pour son anniversaire. J’ai déjà commencé la négociation la semaine dernière ». Il m’amène au Grand Marché de Niamey dans le secteur des étals des marchands de cuir et de peau. Là il retrouve son vendeur occupé avec une cliente. La jeune femme, qui devait être canadienne compte tenu de son accent, était en train de négocier un sac en croco et de marchander pour faire baisser le prix de quelques dizaines de francs CFA. Nous attentions qu’elle finisse et qu’elle parte avec son acquisition. Martinet regarde le marchand et lui dit « on n’est pas sur les mêmes prix, c’est une touriste ; nous nous étions presque mis d’accord la semaine dernière sur le prix, mais il faut que tu baisses encore un peu ». Il y eu un grand silence au milieu du brouhaha du marché puis le vendeur posa sa main droite sur le sac objet de la négociation et lui dit « il est à toi, la fille l’a payé ». C’est aussi cela l’Afrique !
Au Niger, il est nécessaire de tout marchander. Il n’y a pas d’étiquette avec indication du prix ou de date de péremption. Il n’y a pas non plus de facture. Ici on ne passe pas à la caisse sans un mot ! Bien au contraire tout est verbal ! Il doit se créer une sorte de combat, de duel, de jeu et ce toujours avec le sourire. Il faut prendre le temps de discuter. Ce dialogue est une marque de respect mutuel.
Dans le prix de vente il y a: le prix de revient ou d’achat pour la revente mais aussi la marge qui se fixe suivant le type de client : un autochtone, un blanc (européen) du Niger, un touriste. Les écarts peuvent être très importants. Il est possible de ne pas trouver d’accord et de laisser passer du temps, de revenir, cela est très apprécié. Au début ce n’est pas évident mais on finit par se prêter à ce jeu, on rentre dans la tradition et cela devient presque automatique.
Régulièrement Dogo nous proposait ses dernières trouvailles : bracelets, masques, serrures, poignards touareg, sac en cuire,… qui faisaient l’objet de grandes négociations.
A SUIVRE
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