Rendez-vous à cinq heures : les pavés de Gay-Lussac

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Les pavés de Gay-Lussac

Personne ne se souvient que Joseph Louis Gay-Lussac était contemporain de Napoléon Bonaparte, qu’il était chimiste, physicien etfrançais et qu’il avait, « dans la continuité de Lavoisier et le respect de l’école newtonienne d’Arcueil »,  beaucoup travaillé sur la physique des gaz et sur les hydracides. 

Mais chacun se souvient que ce monsieur a donné son nom à une rue du quartier du Val de Grâce dans le cinquième arrondissement et que cette rue fut « le théâtre des principaux affrontements entre manifestants et C.R.S. au cours des événements de mai 1968. »

On se souvient aussi que les pavés de la partie de cette rue qui va du Luxembourg à la rue Saint-Jacques avaient été prélevés par les étudiants pour en faire des barricades et des projectiles anti-forces-de-l’ordre. 

On se souvient enfin que, le calme revenu, les pavés de toutes les rues du voisinage avait été recouvertes de bitume, ceci dans le but d’imposer aux futurs manifestants d’apporter leurs propres projectiles. 

C’est ainsi que disparurent les beaux appareillages de pavés en éventail si agréables à l’oeil, en même temps que les éblouissants clous d’acier chromé plantés dans le sol qui délimitèrent longtemps les passages pour piétons et donnèrent naissance à l’expression populaire selon laquelle il vaut mieux « être dans les clous » que « sur le pavé ». C’est ainsi que ces marques d’une civilisation vraiment civilisée durent laisser la place au noir bitume uniforme et aux peintures agressives et dérapantes, successivement jaunes, puis blanches, puis jaunes à nouveau, selon les caprices de l’Administration. 

Alors, c’est avec une délicieuse surprise que j’ai pu constater, et photographier, il y a quelques jours une section de cette fameuse rue Gay-Lussac dans laquelle une assemblées d’hommes trapus, portant gilets phosphorescents et livides couvre-chefs, des archéologues sans nul doute, s’efforçaient d’exhiber les pavés d’autrefois.

Ça m’a fait plaisir de revoir ces vieux pavés, annonciateurs d’un retour aux sources claires d’une vie citadine faite de rues à double sens, d’autobus à plateforme, d’agents à képis et de taxis qui rentrent à Levallois. 

Hélas, deux jours plus tard, remontant la rue précitée, je constatai que mes chers vieux pavés avaient été à nouveau recouverts de quelques centimètres de goudron odoriférant, faisant disparaître à nouveau et pour longtemps toute trace d’une civilisation qui fut la mienne.

J’ai hâte de connaître la raison de cette exhuminhumation de mes vieux souvenirs. 

Je ne manquerai pas de vous tenir informés du suivi. Dans cette attente, veuillez agréer,  chers confrères, ….

Bientôt publié

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