En direct du Luxembourg

Ils sont une douzaine, garçons et filles. Ils ont entre quinze et vingt ans. Ils portent des tenues de sport disparates mais il est clair qu’ils se répartissent en deux équipes. Ils sont légers, ils courent, ils sautent, se retournent, virevoltent, ils font voler la poussière, jamais ne se touchent. Ils ne crient pas, parfois ils s’interpellent brièvement, presque à voix normale : à moi… Paul… ici…à droite… faute… allez… mais, la plupart du temps, on entend

seulement le frottement de leurs tennis sur le ciment ensablé du terrain de jeu du Luxembourg. Ils font planer de l’un à l’autre un disque léger qui décrit de gracieuses courbes ou de rapides lignes droites.

Ils jouent à l’Ultimate (prononcez eultimaite). Ce jeu que je découvre avec vous aujourd’hui serait né en 1940 à l’université de Yale (Connecticut) où les étudiants avaient pris l’habitude de terminer leur repas en se lançant les moules des tartes de la marque Frisbee qu’on leur servait chaque jour. Comme pour bien d’autres jeux étudiants, les amateurs du lancer de moule à tarte n’ont pas tardé à formaliser les règles. L’arrivée des

Frisbee en plastique a remplacé le moule traditionnel et le jeu de Frisbee est devenu populaire. Sans doute pour se distinguer du jeu de plage de Monsieur-Tout-Le-Monde, les tenants du jeu d’équipe ont fondé des associations et formalisé les règles encore un peu

plus avec la volonté affirmée de l’orienter vers un jeu de gentlemen. L’Ultimate se caractérise en particulier par l’absence d’arbitre et l’interdiction des contacts. (Je ne peux m’empêcher de rappeler au passage cette comparaison : le football est un jeu de gentlemen joué des voyous, le rugby est un jeu de voyous joué par des gentlemen.)

D’après mes informations (Wikipédia), ce sport ne serait arrivé en France qu’en 1980. Il aurait donc mis quarante ans pour venir du Connecticut jusque chez nous, puis quarante autres années pour arriver dans les jardins du Luxembourg.

Ne serait-ce l’absence de cage de but, remplacée ici par une ligne de but comparable à celle du football américain, l’absence de balle, remplacée ici par un Frisbee souple ou rigide, et l’absence de violence, remplacée ici par l’agilité, on croirait voir jouer au

handball. Ne serait-ce l’absence de la règle des trois pas (dans l’Ultimate, il est interdit de marcher avec le Frisbee), on croirait tout aussi bien voir jouer au basket.

Le spectacle est gracieux, léger, joyeux, intense.

C’était, en direct du Luxembourg, notre rubrique Sport et Jeunesse.

A vous les studios.

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