The Donald is not that bad !

Hier, 19 janvier 2021, c’était le dernier des derniers jours les plus chaotiques du règne de Donald Trump. Dans quelques heures, son successeur sera ‘inauguré’ et nous saurons si, cette fois-ci, la Garde Nationale, la Police du Capitol, la Police de Washington, le FBI et l’Armée du Salut, mieux avertis par les cacardements des oies, auront réussi à éviter que le Capitol de Washington ne soit envahi par Les Barbares, comme failli l’être celui de Rome par Les Gaulois.

L’article d’aujourd’hui est une ré-édition : il avait été publié pour la première fois le 11 janvier 2017, neuf jours avant la prise de fonction de Donald Trump comme 45ème président des Etats Unis d’Amérique. Je viens de le relire et, après toutes les âneries et prévisions ratées que j’ai pu faire ces derniers temps en matière politique, ça me fait assez plaisir de le re-publier, tel quel, aujourd’hui. C’est mon blog après tout ! 

 

The Donald is not that bad !

11 Janvier 2017

Vous n’avez pas remarqué ?

Ces temps-ci, quand la conversation s’en vient, inévitablement, sur Le Donald, Donald Trump, il semble de bon ton, normal, malin et même recommandé de prendre un air finaud, ou sage, ou débonnaire, ou énigmatique et de dire :

« Dans sa campagne, il a menti, bien sûr, mais les autres aussi… », ou bien « Mais, dans sa campagne, il a dit des vérités, vous savez…  » ou bien « Sa victoire est le reflet du mécontentement du peuple ! « , ou bien « Il est le produit de l’antisystème, le résultat du rejet des élites qui gouvernent ce pays depuis trop longtemps ! « , ou bien « Il a dit des choses qui pourraient inquiéter, mais c’est un businessman. Il agira donc dans l’intérêt du business et, par là même, dans l’intérêt de l’Amérique. « , ou bien « Ce n’est pas un idéologue, c’est un pragmatique. Quand il se rendra compte des réalités, il changera d’attitude et de discours. « , ou bien « C’est vrai qu’il semble ne rien connaitre à rien, mais il saura s’entourer de conseillers, et de toute façon l’administration le maintiendra sur les rails ! « , ou bien « On peut peut-être dire qu’il n’a pas la stature, mais la fonction fait l’homme. Vous verrez qu’il sera un bon président.« , ou enfin « Tous les politiciens se valent… il n’est pas pire qu’un autre…« 

Foutaises !

A tout cela, je réponds : « Foutaises ! »  Ou plutôt, j’aimerais répondre : « Foutaises ! », mais je ne le fais pas. En effet, ma voix n’est pas très forte, je suis assez réservé et, la plupart du temps, j’essaie de rester modéré dans mes interventions, ce qui fait que je ne suis pas très écouté. Et puis, il faut dire aussi que j’ai un esprit d’escalier. Ca fait beaucoup de bonnes raisons pour préférer l’écrit à l’oral. Alors, à l’attention de tous ceux qui prononcent les petites phrases rassurantes que j’ai rassemblées plus haut, je ne dis pas, mais j’écris : « Foutaises ! Arrêtez de faire les malins ! »

Remarquez bien que je ne m’adresse pas à ceux qui claironnent : « Mais c’était prévisible ! » Soyons honnêtes, personne ne l’avait prévu et, thank God !, personne ou presque n’ose encore dire qu’il l’avait prévu. Mais je crains que cette forfanterie ne nous soit pas épargnée bien longtemps encore. Non, je m’adresse aux esprits forts, à ceux qui veulent se distinguer du troupeau en prenant le contre-pied du sentiment général : « Mais non, mais non, vous allez voir, tout va bien se passer. »

Mais non, mais non, vous allez voir, tout ne va pas bien se passer.

Ça ne va pas bien se passer du tout !

—Pendant toute sa campagne, Le Donald a menti. Vous me direz que c’est un exercice indispensable pour qui veut réussir en politique. Mais Le Donald, lui, est allé beaucoup plus loin, et sciemment, de manière programmée. Il a carrément inventé des faits. Il les savait faux, bien entendu.  Mais il savait aussi qu’un démenti de la victime n’a pas le millième du poids de la calomnie d’origine. La sagesse populiste ne manque pas de dire et de croire qu' »il n’y a pas de fumée sans feu » et on sait d’expérience que l’effet nocif de la fumée dure bien au-delà de l’instant tardif ou le menteur admet son « erreur ». Il semble que Le Donald connaisse bien le conseil de Francis Bacon « Calomniez hardiment ! Il en restera toujours quelque chose« . Le fait qu’un candidat à un poste de cette importance, proférant des énormités de cette taille, avérées fausses dans les minutes ou dans les jours où il les proférait, puisse être cru et qu’aucune sanction dans les urnes ou dans les tribunaux ne lui soit appliquée est proprement terrifiant. Enfin, moi, ça me laisse songeur. Et le fait qu’il puisse continuer comme ça, ça ne laisse pas de m’inquiéter. On peut avoir sa propre opinion, pas ses propres faits.

—Le Donald aurait dit des vérités pendant sa campagne ? Ah oui ? Lesquelles ?

—Son élection serait le résultat du mécontentement du peuple…, il incarnerait le rejet du système, la défaite des élites… ? Le peuple, parlons-en du peuple. Tout d’abord, il faut se rappeler que Le Donald a obtenu 2.800.000 voix de moins que son adversaire. Donc le peuple, pris dans sa globalité et dans sa majorité, n’a pas voté pour lui. Mais plus en détail, qui a voté majoritairement pour Le Donald ? : les hommes blancs, les campagnes, les peu-ou-pas-diplômés, mais aussi les ménages qui gagnent plus de 50.000 Dollars par an, ce qui correspond au revenu médian. Le peuple…

—Le Donald serait un businessman, donc enclin par nature à agir pour le bien du business et de l’Amérique ? Businessman Le Donald ? Voyons, tout le monde sait qu’il a hérité de son père, en même temps qu’une entreprise, une fortune dans l’immobilier, fortune qu’il a développée avec succès dans le reality show télévisé, qu’il a écornée avec un échec notoire dans les casinos et failli perdre dans une gestion frauduleuse d’une université à son nom. Avec ce Curriculum Vitae, on voit mal ce que Le Donald peut bien connaitre aux problèmes de l’exportation, de l’investissement industriel, de la gestion des grandes entreprises ? Et quand bien même il en aurait les capacités, aurait-il envie de travailler à autre chose qu’à ses propres intérêts ? Sa conduite passée dans la gestion de ses affaires et de ses déclarations d’impôts ne laisse rien augurer de bon.

Le Donald ne serait pas un idéologue ? Cela, c’est à peu près certain ! Pragmatique ? Je vous l’accorde. Mais à quoi donc s’emploiera très probablement son esprit pratique ? La réponse la plus vraisemblable se trouve dans le paragraphe précédent.

Le Donald est un ignorant, mais il saura s’entourer ? Pour soutenir cela, il faudrait avoir été sensible aux discours dans lesquels il assurait très bien connaitre le sujet, chaque sujet, n’importe quel sujet, sans jamais le développer plus avant. « Je connais très bien cette chose, j’en sais bien plus que vous, mais je ne peux rien dire pour le moment, mais vous verrez, vous verrez… »  Il ajoutait souvent quelque chose comme : « De toute façon, je vais réunir une équipe en or, avec les meilleurs hommes que l’on peut trouver en Amérique, des types extraordinaires, des spécialistes comme on en n’a jamais vus… » On peut toujours placer son espérance dans le bon sens et la raison du Congrès qui, on le sait, devra approuver la nomination des ministres, mais la liste qui se dessine n’a rien de rassurant. De plus, s’il y a une chose que l’on reconnait au Donald, c’est son talent de persuasion, son goût pour les compromis. De « compromis » avec le Congrès à « compromettre » quelques élus, il n’y aura pas loin à parcourir.

Le Donald n’a peut-être pas l’étoffe d’un président, mais la fonction fera l’homme ? Vous avez vu ça où, vous, que la fonction faisait l’homme ? La dernière fois que je me suis dit cette ânerie, c’était en mai 2012. Eh bien, presque cinq années plus tard, trouvez-vous vraiment que la fonction a défait le Pingouin pour faire l’homme ? Moi pas. Le volatil à la belle silhouette est resté fidèle à lui-même, se dandinant sur la banquise entre deux solutions, engoncé dans son costume de député-maire, sidéré par sa position inespérée, ébahi par son pouvoir, tout occupé à construire sa légende avant même qu’elle ait commencé. Certes, Le Donald ne ressemble pas à un pingouin. Il ferait plutôt penser, la gentillesse et la bonne volonté en moins, à Baloo, l’ours du Livre de la Jungle selon Disney : gros, grand, fort, mal léché, stupide, jouisseur, maladroit et ignorant. Pour transformer ça en homme, il faudra qu’elle se décarcasse, la fonction !

Tous les politiciens se valent, vous savez, tous pareils, tous pourris… Je ne connais pas beaucoup de phrases qui soient plus répétées et plus stupides que celle-là ! Colbert idem que Fouquet ? Churchill pareil que Cameron ? Pas de différence entre Bush II et Kennedy ?  Staline et Roosevelt même combat ? Et ne me dites pas que les américains avaient à choisir entre la peste et le choléra. Non, Trump et Clinton ne se valent pas, quoi que l’on puisse penser d’elle. Trump est ignorant, misogyne et raciste. Pas elle. Il est xénophobe, impulsif, inexpérimenté. Pas elle. C’est déjà ça, c’est déjà beaucoup.

Mais c’est aussi trop tard. Dans quelques jours, Le Donald sera « in charge » c’est-à-dire « en capacité », en capacité de faire ce qu’il voudra, en capacité de faire annuler la construction d’une usine d’un milliard de dollars au Mexique par une simple réflexion, et/ou de déclencher une guerre économique avec la Chine par un Twitt, et/ou d’annuler les accords de la Cop21 par une mauvaise plaisanterie prononcée la bouche en cul de poule au cours d’un cocktail.

Impeachment or not impeachment

Certains et, comme on dit, non des moindres, placent leur espoir dans une destitution, un impeachment comme on dit là-bas. Intéressante, la procédure d’impeachment, et il est à peu près certain pour moi que de telles procédures seront lancées contre Le Donald.

Aux anciens, ça rappellera les beaux jours du Watergate, avec Woodward, Bernstein, Deep Throat et Nixon dans les rôles principaux. Un feuilleton passionnant. Mais regardons l’histoire des procédures d’impeachments contre les Présidents des USA :

1868 – Andrew Johnson : abus de pouvoir – empêché puis acquitté

1998 – Bill Clinton : parjure et obstruction à la justice- empêché puis acquitté.

—Et Nixon, me direz-vous, vous oubliez Nixon !

Eh bien non, je n’oublie pas Nixon, car Nixon n’a pas été « empêché ». Il a démissionné (sous la menace d’une procédure d’empêchement, je vous l’accorde).

Deux cent vingt-sept ans de présidents US successifs et pas un seul véritablement empêché, ça jette un peu d’eau froide sur ce bel espoir d’en finir avec Le Donald avant l’heure, n’est-il pas ?

Une réflexion sur « The Donald is not that bad ! »

  1. Je pensais moi aussi comme ça dès le début de la campagne 2016, sans vraiment croire que l’animal serait élu. Mais si! Il l’a été. Alors je n’ai cessé de proférer « Dump Trump », mais la bête était coriace et profitait d’alliés lâches et opportunistes, dont surtout le Sénat Républicain (un oxymores?), et le mal à céder la place au pire. Enfin, la bête devenue immonde s’est fait terrasser, espérons qu’elle ne renaitra pas de ses cendres.

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