15 réflexions sur « Sortie de tunnel »

  1. Je trouve la photo parfaite et en adéquation avec le titre. Je ne vais pas redire les explications de Philippe que d’ailleurs je n’aurais pas juger utile de donner si j’étais lui. Cette sortie vers la lumière aurait pu avoir pour titre « retour » ou « entrée » dans la lumière. Mais la photo montre bien qu’il s’agit d’une sortie (on sait laquelle). De toute façon, sortie ou entrée c’est la même chose comme le résumait Boris Vian: « une sortie, c’est une entrée que l’on prend en sens inverse ». J’aime mieux le mot sortie dans le titre. Je considère même que la photo est dans la mouvance « orphique » telle que la définissait Guillaume Apollinaire pour la peinture de l’époque (cubisme orphique). Cette référence à Orphée et les risques infligés par les dieux si il y a retour est tout à fait en phase avec la photo et sa sortie de tunnel. Sébastien dans son excellente nouvelle Orphée présentée récemment dans le JDC à utilisé le mot couloir. Même histoire! En conclusion, la mienne en tout cas, la photo et le titre sont l’un et l’autre parfaits et cohérents.
    A propos de « sortie », un mot très riche de sens et d’emploi divers, je renvoie à un bel exemple sorti du Grand Meaulne d’Alain Fournier et que vous pouvez retrouver par ce lien:
    https://dicocitations.lemonde.fr/citation_auteur_ajout/37001.php

  2. « La peinture consiste à remplir un espace vide et la photographie à vider l’espace de tout ce qui est inutile »
    C’est comme la littérature alors :
    « … (Il faut)supprimer d’un texte tout ce que tout le monde connait déjà par le journal ou le cinéma, ce que tout le monde sait avant de le lire, le composer par conséquent de trous. Ce qui reste, c’est de la dentelle. » (Alexandre Vialatte)

    « il y a trop de « noir » inutile à mon avis. »
    Oui, mais comment remplacer du noir et par quoi ? du blanc ?

    « Le cadrage pose problème »
    Pour reprendre le style des cartels d’exposition :
    « le cadrage, soigneusement étudié, est ici volontairement déséquilibré pour provoquer un déséquilibre semblable chez l’observateur : tant d’obscurité sur ce côté de l’œuvre exprime la noirceur des idées portées par la droite, pourtant percée de 6 petites lueurs d’espoir. On le sait, le chiffre 6 quand il est triplé est celui du mal absolu. On aurait donc ici de fausses lueurs d’espoir, lueurs démoniaques destinées à tromper l’homme. Quant à la gauche, il n’y a même pas d’espoir de ce côté-là, puisqu’elle est interdite. »
    Selon la dernière livraison de Vanity Fair, la véritable signification de cette photographie est exprimée entièrement par son titre original, inscrit au dos du premier tirage, mais auquel l’éditeur a préféré, par un mercantilisme fréquent dans cette activité para-artistique, le titre banal de Sortie de Tunnel, titre qui, il faut bien l’avouer, est immédiatement accessible au gugusse pecum.
    Ce titre original et mystérieux, Vanity Fair peut le révéler aujourd’hui, était : « Coucher de soleil sur l’Adriatique ». Et l’œuvre est signée bien sûr BORONALI.

  3. ce n’est pas la photo qui pose problème : c’est le cadrage. Francisco Hidalgo était peintre et photographe. Il trouvait paradoxal d »avoir été l’un puis l’autre et disait : La peinture consiste à remplir un espace vide et la photographie à vider l’espace de tout ce qui est inutile. Ici, dans ta photo, il y a trop de « noir » inutile à mon avis. Recadrée, cette photo serait parfaite.

  4. C’est pas bientôt fini cette querelle de clochers, ou des anciens et des modernes, ou des académiques et des impressionnistes, ou pour j’n’sais quoi? Sapristi! Tout s’explique dans le titre les gars, « sortie ».

  5. Si j’ai bien suivi, ta photo n’a pas de sens. J’en reste interdit. Ou alors, son sens varie selon l’humeur, ou même l’heure. Il eut alors fallu photographier un sens giratoire, pas un sens interdit.

    Mais alors pourquoi lui avoir donné un titre ?

  6. Cher Lorenzo
    j’ai fait dire à cette photo prise il y a deux ans sans intention aucune ce que j’avais envie de lui faire dire hier soir, dans une parodie de ces cartels que l’on peut lire dans les expositions d’art contemporain sous une toile de drap déchirée et plantée de 366 épingles de nourrice.
    J’aurais pu disséquer cette photo d’une autre manière, disant qu’en affichant ce panneau de sens interdit, elle entend dénoncer les ténèbres dans les quelles nous enfonce la civilisation de l’automobile, ou encore parler du déséquilibre dans la construction de l’image qui montre bien le désarroi de l’artiste devant l’extinction du paupérisme après 20 heures le soir.
    Et comme disait l’autre, tous les gnous sont dans la pâture.

  7. Excusez-moi les gars et les filles, fallait vous y attendre, mais je ne peux pas m’en empêcher. Je ne suis absolument pas d’accord avec Philippe, ce qui est rare, et avec avec ses lecteurs, ce qui est encore plus rare. La photo doit parler d’elle-même.

  8. Eh oui Philippe, c’est toujours frustrant d’avoir à expliquer à des critiques ou même à des septiques ce qu’est une création qu’elle soit picturesque ou écrite, un poème par exemple, l’Albatros de Baudelaire (exemple plus spécifique) qui compare le poète à « ce prince des nuées exilé sur le sol au milieu des huées ».

  9. Merci de m’avoir éclairé sur le sens de cette sombre (à 90 %) photo ! De la discussion jaillit la lumière qui en éclaire le sens qui m’était jusque là interdit.

    Je confirme que sur la gauche porteuse d’espoir, la musique brésilienne et l’affreux Drucker, je crains que notre désaccord ne soit total. Même s’il est vrai que l’espoir vient de la gauche. Le problème c’est qu’il est assez vite déçu.

  10. À Edgard :
    Expliquer une photo, c’est un peu comme expliquer une histoire drôle ou pire, un calembour, ça fiche tout en l’air, mais il fallait bien que je réfute ton explication puisque, sur les choses importantes comme l’art, la musique brésilienne et le futur de Michel Drucker nous ne sommes jamais d’accord.

    Cette photo été prise il y a deux ou trois ans à Neuilly/Seine. Elle représente la sortie du tunnel qui permet de passer sans la voir sous cette banlieue sordide. Elle est prise du côté du pont de Neuilly que les voitures dont on aperçoit les phares vont emprunter pour arriver dans ce paradis qu’est le quartier de Paris-La Défense.

    Maintenant, sa signification :
    Plus de 90% de la surface de la photo sont occupés par l’obscurité, à peine percée par trois paires de phares, élégamment disposées selon une parallèle à la diagonale Nord-Ouest / Sud-Est. L’artiste a voulu montrer par là que les conducteurs, anxieux, se suivent de près dans cette nuit lugubre pour ne pas se perdre corps et âmes. Mais, sur le côté gauche, nait l’espoir, car l’espoir vient toujours de la gauche, sous la forme de ce panneau. Le fait qu’il soit éclairé par un plein soleil établit sans ambiguïté qu’il marque la sortie du tunnel donc la fin de l’angoisse des pauvres hommes qui s’y étaient engagés l’un derrière l’autre à l’instar des moutons de Panurge. Mais ce panneau a un double rôle, une double signification : tout en marquant la fin de l’obscurité, il exprime l’interdiction formelle d’y retourner. On reconnait bien l’optimisme viscéral de l’artiste à cette œuvre dans laquelle l’homme est dépeint comme sur le point de sortir d’une longue période d’obscurantisme avec l’impossibilité morale d’y retourner.
    C’est fort, c’est très fort.
    Et en plus, c’est joli, non ?

  11. Je me joins aux suppliques de l’Arrière Jeoise et de tous les autres éminents lecteurs …. Philippe, ne nous abandonne pas ! Surtout que dans 15 jours tu vas être contraint de t’y remettre. Alors, fais-le spontanément dès ce soir, ce serait plus classieux. A titre personnel, mais ce ne saurait en aucun cas être un argument décisif, je te l’accorde, j’ai épuisé, mon cher Bernard Piveau, tous les jeux de mot possibles avec les veaux. Je te serais donc très reconnaissant de parler un peu de la vie des vaches, des taureaux, des génisses, des truies, des cochons (ou des porcs, ça s’y prête mieux), des poules et des coqs, et pourquoi pas aussi des brebis, des boucs, des chèvres, des lapins, des dindons, des pigeons, des perdrix, des faisans, des sangliers, des chevreuils, des cerfs, des biches, des faons, des minets et des minettes, des parisiens, des ingénieurs, des retraités exilés, des bretonnes et pourquoi pas des ariégeoises !
    Certain que tu ne sauras résister aux trompettes de la gloire, cher Philippe, j’anticipe quelque peu peu sur ta généreuse décision qui t’honore et que je connais déjà pour te dire dès à présent MERCI !

  12. L’intitulé de la photo du jour, « Sortie de tunnel », est trompeur. On ne voit pas la lumière au bout du tunnel, mais bien des lumières qui sortent du tunnel. Le spectateur est donc hors du tunnel – on ne sait d’ailleurs pas s’il y est jamais entré – et il voit des lumières en sortir. Lumières bien incertaines au demeurant, reléguées au second plan par celle, rouge, insolente, du panneau « sens interdit ». Alors qu’en réalité, c’est nous qui sommes dans le tunnel dont ne voyons pas le bout. Surtout si le Journal de Campagne s’arrête… car c’était bien le Journal, notre lumière au bout du tunnel.

  13. Oui ! L’arriégeoise a raison. Lançons une pétition pour le retour du Journal de Campagne, de Minette, Roger, et pourquoi pas Coupy (surnommé très approximativement « mains rouges » si mes souvenirs sont bons) ? Exigeons le retour quotidien des veaux, vaches, cochons (Oh il doit bien y avoir des cochons dans le coin, ne serait-ce que le voisin amateur de reggae !), couvées (il y a bien un coq dans le voisinage, si mes souvenirs sont bons).

    Montrons notre force et contraignons Philippe à poursuivre notre Journal de Campagne.

  14. Les enfers hier matin, arrêt brutal hier soir, un tunnel aujourd hui ….le moral des lecteurs fidèles est mis à rude épreuve !
    Edgar a parfaitement résumé le désarroi qui est le nôtre : là c est la sinistrose qui nous guette!
    Je lance une pétition pour le retour de Minette, laissé en plan sur son tracteur!

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