Couleur café n°31
Le Nicot Latin
161 rue Saint Jacques
Paris 5ème
25 novembre 2019 17h30*
Deux hommes sont installés au comptoir depuis un temps indéterminé.
Ils s’appellent Bouvart et Ratinet**.
Bouvart finit son verre et s’apprête à partir.
Ratinet
Allez ! Un dernier verre…
Bouvart
Peux pas… suis en scooter.
Ratinet
Et alors ?
Bouvart
Ben non… Quatre enfants…
Ratinet
Et alors ?
Bouvart
Ben non… c’est bientôt Noël, je peux pas. Imagine… Papa est mort pour Noël, pas de cadeaux, tout ça…
Ratinet
Ah, oui, d’accord…je comprends. Bon ben, tout à l’heure, tu reviens ?
Bouvart
Ben oui, bien sûr !
*
* Remerciements du JdC à Thomas qui lui a rapporté avec promptitude et fidélité ce dialogue authentique et Beckettien.
**Que les héritiers de Camille Bouvart et d’Alfred Ratinet veuillent bien me pardonner d’utiliser régulièrement leurs patronymes dans mes petites histoires et qu’ils comprennent que, si je le fais, c’est en hommage à leur inoubliable œuvre commune qui a bercé et nourri la jeunesse des meilleurs d’entre nous, je veux parler bien sûr des
Tables de logarithmes – Librairie Hachette – 1904
bientôt suivies des
Nouvelles tables de logarithmes – Librairie Hachette – 1950
Moi aussi j’ai perdu ce bréviaire. Dommage car avec la chute du prochain astéroïde type Chicxulub, ça pourrait me servir.
J’ai toujours ma Graphoplex au fond du tiroir, mais avec le curseur de la Grapho log-log un peu plus large. Si intéressé, je l’échange contre un curseur étroit.
Elle me sert à l’occasion pour le délice de tirer des traits et mesurer un peu.
J’ai aussi le Formulaire de Maths Spés dit « Papelier ». édition de 1958 de VUIBERT.
On n’a pas fait mieux depuis ( à confirmer) sauf peut-être le BetonKalender.
Ma règle Graphoplex que j’ai acquis en octobre 1960 (première année de prépa à St Louis) est toujours en bon état de marche. Mais c’est surtout quand j’ai commencé ma vie professionnelle en 1968 comme chef de produit qu’elle m’a le plus servi pour faire tous les plans financiers . Il n’y avait qu’une seule machine à calculer à manivelle pour tout le département marketing de la société, laquelle était en permanence accaparée par une vieille anglaise revêche, nommée Sheila (paix à son âme), qui traumatisait tout le monde et refusait de se départir de la fameuse machine au prétexte du privilège du genre (en principe féminin) et de l’âge. Je n’en veux pas à cette Sheila car j’avais un plaisir fou d’être devenu un as de la graphoplex, trouvant des combines entre un peu de calcul mental et l’usage de la règle pour faire mes calculs à la vitesse de la lumière. Quant à ma table des logarithmes, je ne sais pas non plus ce qu’elle est devenue. C’est un souvenir que j’aurais aimé conservé. Mais saurais-je encore m’en servir aujourd’hui? Je me souviens tout juste que Log 10 = 1, Log 100 = 2, etc.
Malgré mes recherches, impossible de retrouver mon exemplaire des Nouvelles tables de logarithmes, dédicacé par Albert Ratinet. J’ai dû le prêter à quelqu’un.
Par contre, j’ai toujours ma règle Graphoplex, achetée en 1959 chez un grossiste de la rue de Metz. Si l’étui marron a un peu perdu de ses couleurs et si les morceaux de scotch argenté qui le maintiennent en vie s’effilochent, après cinquante-quatre années de sommeil, la règle fonctionne toujours ! Incroyable, non ?
Ah les bons souvenirs attachés à cet extraordinaire outil qu’était « La table des logarithmes » qui, avec la règle à calcul « Graphoplex », procuraient au calcul des délices bien plus jouissifs que l’utilisation d’une calculette moderne.