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Une bien belle petite histoire, racontée dans un style surprenant, rafraîchissant et apaisé auquel nous n’étions pas forcément habitués.
Pourquoi toujours s’en prendre à celles et ceux qui ne s’expriment pas comme nous?
Les Grecs, plus courageux que nous, ont lancé cette fâcheuse coutume en s’en prenant aux barbares. Depuis, les langues véhiculaires se sont répandues et puisque, comme les meilleurs d’entre-nous, les barbares parlent anglais en amour comme en affaires et en sciences, on en a déduit que « nous étions tous des Barbares! » Alors, nous nous en sommes pris, lâchement, aux animaux les plus beaux, les plus doux et les plus amicaux, comme les chevaux et les oiseaux.
À cela j’opposerai donc un grand rêve et une petite histoire vraie.
Le grand rêve:
Si Bouddha devait avoir raison, c’est en canard que j’aimerais être réincarné. Il vole en groupe dont les leaders pratiquent, sans frais de campagnes électorales stupides (puisque les humains naissent avec leurs opinions), l’alternance à la gouverne. Le canard vole droit en gardant son cap vers le chaud quand il fait froid et vers le froid quand il fait chaud, un centriste quoi! Sous l’eau, au contraire, il démultiplie ses capacités de vire-voltage selon les changements rapides de positions de sa pitance et, à ce sport, il est beaucoup pus habile que les humains qui s’emmêlent les manches lorsqu’ils retournent leur veste. Enfin, sur terre, le canard marche d’un pas tranquille (pas celui de l’oie comme les hommes vraiment cons) en promenant la famille nombreuse dont il prend la tête chaque année. Son pas est si bien assuré que lorsqu’il traverse les routes d’Amérique du Nord, il provoque embouteillages et carambolages d’automobilistes ravis par la persistance d’un sens de la famille presque aussi exceptionnel que celui des Coutheillas.
Réflexion faite, c’est en pélican que j’aimerais être réincarné. Cet oiseau se comporte dans les trois dimensions et les trois éléments comme le canard mais il se fatigue moins que lui puisqu’il est sédentaire des régions au climat agréable à l’année longue et qu’il rigole souvent en plongeant de haut avec ses copains sur ses proies sous-marines. Enfin, argument décisif pour moi, il se garde toujours une petite friture comme encas sous le bec au cas où une fringale soudaine viendrait le surprendre dans sa sieste.
La petite histoire vraie, authentique, véridique:
Il y a quelques années, à la fin du printemps, tardif au Canada, Lise, mon épouse, a failli marcher sur un oisillon qui venait de tomber du nid après avoir enfilé son pyjama de duvet tout neuf. Ce genre de chose arrive souvent. On ramasse alors le bébé oiseau que l’on s’efforce de dorloter et de nourrir mais, généralement, il ne survit pas. Lise a pris la chose au sérieux. Elle a téléphoné à un vétérinaire qui, fait rarissime, a consenti a lui prodiguer quelques conseils gratuits. Elle est allée se procurer une pipette et quelques aliments pour bébés piaffes et l’a sauvé. Il s’est mis à faire des bonds puis à voler. En quelques jours, il volait dans toute la maison sans jamais se cogner aux vitres pourtant grandes et nombreuses. Il s’est mis à chanter dans les bouquets de fleur et à prendre ses repas avec nous. Il émettait de belles mélodies très variées. Un jour, en se posant à côté de nous sur son rond de serviette, je me suis aperçu que de nombreux petits points rouges perlaient sur sa poitrine. J’ai cru qu’il avait attrapé une maladie honteuse. Mais il chantait de mieux en mieux (ce que l’on ne fait pas quand on a une maladie honteuse!) On s’est alors documenté et on s’est aperçu que notre petit piaffe était en fait un « roselin » qu’on ne trouve que dans le Nord Est de l’Amérique. Au bout de trois semaines ou un mois on a pensé que notre petit ami serait quand même mieux dans la nature. Il y retrouverait peut être sa famille d’origine et, pourrait certainement y fonder la sienne puisqu’il n’avait pas de maladies honteuses. Sa présence nous était agréable mais, contrairement aux chats (que, heureusement pour lui nous n’avions point alors), il ne faisait pas ses besoins dans la litière. Ce constat et les bons sentiments nous convainquirent d’organiser son évasion fin juin/début juillet. Nous lui avons ouvert la porte et, tranquillement, prenant de l’altitude, il est allé se fondre dans le fait des arbres environnants. Tous les jours nous écoutions attentivement persister ses chants d’un arbre à l’autre. Fin août, le jour où nous fêtons l’anniversaire de Lise, alors que j’étais dans le garage, il y est entré et est venu se poser fermement sur mon épaule droite. Fort agréablement surpris, j’ai été le montrer à Lise dans la maison. Il s’est mis à voltiger d’un meuble à l’autre en se posant de temps en temps sur elle, tout en sifflotant toujours aussi joyeusement. Comme dans son enfance encore fraîche, il a mangé avec nous à table et lorsque l’on a servi le gâteau d’anniversaire, (dont on avait retirer les chandelles pour ne pas l’affoler), il s’est précipité dessus et s’en est délecté en de grandes becquetées, après quoi il a demandé la porte et est reparti en chantant. Depuis, chaque été, ses ‘descendants’ (les oiseaux se reproduisent en hauteur) viennent dans les arbres du jardin nous murmurer quelques airs de famille…
Après ça, si les oiseaux sont des cons, que dire des hommes?
Courage! Il n’y en a plus que 9 comme ça!
Quel oiseau superbe! La photo, de plus, est magnifique.
Dommage, le commentaire…
Bravo ! Je ne devrais pas applaudir, mon beau-frère est un ornitho convaincu…