Dernière heure : Les motoconnards

Dernière heure : les motoconnards
Dimanche 19 juillet

A Paris depuis le matin, je suis assis depuis vingt minutes  à la terrasse du Rouquet, à l’angle de la rue des Saints-Pères et du Boulevard Saint-Germain. Il fait beau et agréablement chaud à l’ombre généreuse du platane qui perce le trottoir.

Je retrouve Paris cet après-midi, et je note que tout y a changé, les sens de circulation, les places de stationnement, la silhouette de Notre-Dame, les terrasses de café, l’allure des touristes, leur nombre et même les langues qu’ils parlent.

Alors pourquoi, Grands Dieux, pourquoi les motoconnards(1) sont-ils les derniers à faire du bruit ?

Pourquoi, alors que tous les moteurs à explosion sont à présent presque silencieux, ce progrès ne s’applique-t-il pas aux motos et aux scooters ?

Pourquoi la Folle de l’Hôtel de Ville, si prompte à multiplier les occasions de verbaliser les automobilistes, ne fait-elle rien contre la seule véritable pollution sonore qui demeure à Paris, mise à part la fête de la musique ?

Pourquoi ? Oui, pourquoi ? Mais c’est parce que les motoconnards, à l’instar des Gilets Jaunes et des délégués syndicaux sont des intouchables. Touchez à un motoconnard, verbalisez-en un et observez. Comme si vous aviez donné un coup de pied dans leur fourmilière, ils vont sortir par milliers de leurs trous et venir en procession bloquer vos artères et demander votre tête, car l’un n’empêche pas l’autre.

Alors, pourquoi se donner ce mal, puisqu’il est si simple chez soi de s’équiper de doubles-vitrages et dans la rue de porter des écouteurs anti-bruit ?(2)

Note 1 :
Motoconnard : néologisme, contraction de motard et de connard, désignant un utilisateur de deux ou trois roues à moteur trouvant son plaisir à faire rugir son engin débridé pour aller le plus vite possible du feu rouge du 177  Boulevard Saint-Germain au feu rouge du 151 Boulevard Saint-Germain en assourdissant le plus grand nombre possible de personnes. Largement favorisé par l’action énergique et constante menée par la Folle de l’Hôtel de Ville contre l’automobile, le motoconnard a trouvé à Paris un écosystème qui lui permet de se développer sans contrainte. Comme les tiques à la campagne et les offshores au large des plages, les motoconnards, c’est chiant.
Note 2 :
Quelques minutes après avoir achevé l’écriture de cette « dernière heure », après avoir traversé le Jardin du Luxembourg dont les pelouses ensoleillées étaient recouvertes d’une marée humaine démasquée, je croisai une bruyante manifestation qui m’empêchait de traverser le Boulevard Saint-Michel : un bon millier de motoconnards, tout moteur hurlant, protestaient contre le « racket » du stationnement dont seraient victimes les motos. Motoconnards et, en plus, radins.
Note 3 :
La prochaine fois, je vous parlerai des excès de vitesse parisiens, jamais sanctionnés, des motoconnards.

 

2 réflexions sur « Dernière heure : Les motoconnards »

  1. Malheureusement, mon pauvre Philippe, il y a bien pire que les motoconnards. Depuis que tu as émigré dans le bas de l’Aisne, tu n’es pas au courant de la dernière calamité hidalguienne. Le pire, en réalité, ce ne sont pas les motoconnards qu’on entend arriver de loin, mais les véloconnards, beaucoup plus dangereux car ne faisant aucun bruit, roulant à une vitesse électrique délirante et ne connaissant absolument pas le code de la route et encore moins celui du civisme le plus élémentaire. Voilà, c’est dit.
    Et demain, si on m’y autorise, je vous parlerai des trottinoconnards.

  2. Madame Hidalgo a multiplié les contraintes et supprimé les sanctions.
    J’appelle cela de la lâcheté démagogique.
    Mais qui donc a voté pour elle ?

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