Journal de Campagne (50)

Journal de Campagne (50)
Lundi 4 mai 2020 – 16h47

J’avais prévu pour aujourd’hui de vous commenter la photo que j’ai publiée hier : « Alfred Donneddu et son grand orchestre », mais je remets ça à demain.

Actualité oblige, et je me dois de traiter dès aujourd’hui un sujet brûlant : une des dernières déclarations de Mike Pompeo. Je vous préviens, aujourd’hui, ça va être rasoir. Pas de texte humaniste et bucolique, pas de second degré, pas de subtilité littéraire, mais un exposé technique rigoureux ouvrant tout droit sur une polémique relative aux causes du développement de l’épidémie de Covid-19. Accrochez-vous.

A- La cause unique d’une catastrophe (Acts of God – catastrophes naturelles mis à part) n’existe pas. Une catastrophe, petite ou grande, est TOUJOURS le résultat d’un ensemble de causes, par exemple :
1-Mégot de cigarette incandescent oublié
2-Présence d’un matériau inflammable à faible distance
3-Détection automatique d’incendie en cours de réparation
4-Pas de dispositif provisoire de surveillance mis en place en remplacement
À chaque étape, il faut que l’élément (n+1) co-existe avec l’élément n pour que la catastrophe survienne.

B- Selon le Secrétaire d’État Mike Pompeo, il y a une « enormous evidence » (sic) indiquant que le COVID-19 est parti du laboratoire P4 de Wuhan.
Les problèmes que cette déclaration me posent sont les suivants :
1—Depuis Colin Powell, c’est bizarre, mais je n’accorde plus la même confiance aux Secrétaires d’État US, et encore moins à Mike Pompeo.
2—Enormous evidence est au singulier. Only one evidence ?
3—En anglais, evidence veut dire aussi bien indice que preuve. Dans quel sens est-il utilisé ici ? Indice ou preuve ? Soupçon ou accusation ?

C- Bon d’accord, je cherche la petite bête (la toute petite bête). Et quand plusieurs chefs d’État et, parmi eux, ceux d’Allemagne, du Royaume Uni et de France sont d’accord pour dire que la Chine n’a pas tout dit, j’ai tendance à croire qu’il y a virus sous roche.
Mais le problème, comme d’habitude, n’est pas là. Une rupture de confinement dans un labo P4 est exceptionnelle, mais c’est un incident qui peut arriver. Et il est probablement arrivé.

D- Ce qui est incompréhensible, c’est que, une fois l’incident survenu, on ne soit pas parvenu à contenir la contagion à quelques dizaines de personnes et quelques centaines de mètres carrés.
Que la cause d’origine soit une défaillance matérielle ou une erreur humaine, l’organisation d’un P4 est telle qu’une défaillance humaine ou matérielle entraine le déclenchement d’une procédure de sécurité. Un P4 qui ne possède pas (ou ne possède plus) des automatismes de ce type n’est pas un P4 et doit être fermé.

E- Comment en est-on arrivé là ?
1—Erreur humaine et/ou défaillance d’un matériel ?
2—Absence d’aveu et/ou non détection des conséquences ?
3—Crainte de sanctions et/ou détection défectueuse ?
4-Hiérarchie monarchique et/ou maintenance défectueuse ?
5-Organisation générale défectueuse et/ou contournée.

F- Sur tous les points indiqués ci-dessus excepté le premier, on voit que la Direction est responsable, non pas de l’événement d’origine, mais de l’ampleur de ses conséquences.
Je ne connais ni la Chine ni les Chinois, enfin pas tous, mais je me suis laissé dire que, là-bas, le respect de la hiérarchie était supérieur à la volonté de transparence. Et qui d’autre que la Direction Générale du Labo de Wuhan aurait pu dissimuler si longtemps l’incident d’origine et ses conséquences ? Oui, qui donc, mis à part les supérieurs administratifs ou politiques de cette direction ?  Ou mis à part peut-être aussi le Ministre responsable de ce secteur d’activité ? Etc…

G- La vraie question n’est pas « La contagion est-elle partie du labo de Wuhan ? »
La vraie question, c’est « Pourquoi la contagion a-t-elle filé ? Pourquoi l’a-t-on laissé filer ? »

 

7 réflexions sur « Journal de Campagne (50) »

  1. on est bien d’accord.
    Cela dit, le corps médical (auquel j’appartiens) du reste du monde a été d’une irresponsabilité extraordinaire et coupable. Aucune mesure de protection n’a été envisagée dans aucun pays du monde alors que cette épidémie incontrôlable avait débuté en novembre 2019 en Chine.

  2. Mon sujet n’était pas Trump, mais puisque plusieurs commentaires y ont fait référence, il faut bien que j’y vienne aussi.
    Je ne serai pas aussi péremptoire. Je ne crois pas que ce soit ni comme ça, ni imparable.
    1- Nous sommes bien convaincus et tous d’accord, mais pour le moment sans en avoir de preuve véritable (et en cela, ne serions nous pas un peu complotistes nous aussi ?) qu’il y a eu une « défaillance » en Chine au départ de l’épidémie.
    2- Je pense que ce n’est pas la défaillance qui est criminelle, mais l’éventuelle volonté de la cacher qui lui a permis de se répandre de façon galopante et a laissé moins de temps et moins d’information aux autres pour s’y préparer.
    3- Le Donald n’est pas le seul à avoir des informations sur ce qui s’est passé ; il n’en est cependant qu’au stade de « enormous evidence ». What evidence ? Quel indice ? Quelle preuve ? Depuis qu’il est au pouvoir, le Donald affirme toujours qu’il en sait plus que tout le monde et avant tout le monde quel que soit le sujet. L’affirmation de Pompeo, soufflée à lui par Trump, ne suffit pas pour qu’on le croit. Et puis enfin, quelle preuve ? Au moins , Colin Powell avait sorti un flacon.
    4-Si Donald accuse la Chine, ce n’est pas pour la dénoncer aux yeux du monde, dont il se fiche, mais pour exciter davantage le xénophobisme atavique de ses troupes et justifier quelques surtaxes douanières et punitives supplémentaires.
    5- Les renseignements allemands, français et anglais ont aussi des éléments sur ce qui s’est passé à Wuhan en particulier et en Chine en général. D’autres pays aussi. Peut-être considèrent-ils que ce n’est pas le moment, en pleine catastrophe, de prendre des sanctions envers la Chine ?
    6- Aucune des grandes actions intentées par le Donald sur le plan international n’a jusqu’à présent porté ses fruits (Corée du Nord, Iran) mais n’a fait en général que renforcer les dictateurs en place. Ce n’est pas de se faire gronder par Donald qui fera changer la Chine.
    7- Toute analogie n’est pas bonne à prendre, mais toutes choses égales par ailleurs, fallait-il suivre Hitler pour s’opposer au Communisme ?

  3. Le raisonnement logique me semble être le suivant :
    1 il y a eu « forcément » une défaillance en Chine, à mon avis involontaire, mais une défaillance aux conséquences criminelles absolument inacceptables.
    2 il faut bien que quelqu’un ait le courage de la dénoncer (sinon, où va-t-on ?) et le seul qui peut se le permettre et qui ose le faire, malheureusement, c’est Trump.
    Donc, même si je n’aime pas ce personnage et personnellement je ne l’aime pas, nous n’avons pas le choix. Il faut le suivre parce qu’il n’existe aucun autre dirigeant assez puissant pour se permettre de dénoncer le comportement criminel de la Chine.
    C’est comme ça, Philippe, imparable.

  4. Comment le virus s’est échappé du Lab P4 de Wuhan? That is the question! La Chine refusant de coopérer avec l’OMS pour la recherche de la vérité, toutes les hypothèses, même les plus invraisemblables, sont permises. Y compris celle-là avancée au tout début de la découverte du covid 19: ce serait des animaux du labo P4 qui auraient été vendus par des employés peu scrupuleux à des marchands du marché aux animaux vivants de Wuhan. Saura-t-on un jour la vérité? moi j’en doute. On saura plus vite ce qui a mis le feu à Notre-Dame.

  5. Non, je suis tellement peu complotiste que les complotistes me traitent de naïf.
    Pourquoi a-t-on laissé filer la contagion ? Pas pour nuire. À qui, à quoi, d’ailleurs. Mais pour éviter d’affronter des responsabilités donc des sanctions, une perte de prestige, de situation, de face.
    Qui ? N’importe qui entre la femme de ménage qui a laissé la porte du labo ouverte, le chercheur qui ne s’est pas décontaminé en sortant du P4, l’employé de maintenance qui n’a pas changé à temps le moteur de l’extraction, le responsable des achats qui par économie n’a pas renouvelé les filtres à la fréquence voulue, ou qui a acheté des filtres Melita et s’est mis la différence dans la poche, le directeur technique, le secrétaire général, le directeur de recherche, n’importe qui qui s’est senti coupable et a espéré qu’en se taisant, les preuves de sa faute seraient noyées dans la tourmente.

  6. Je n’aime pas Pompeo tout simplement parce qu’il est inféodé à cet irresponsable Trump. Ceci dit, ce qu’il dit à propos de la responsabilité de la Chine sur l’origine de cette pandémie covid 19 qui va avoir des conséquences énormes et encore inestimables à l’échelle de toute la planète est absolument indiscutable (jusqu’à preuve du contraire). Il a d’autant plus raison que la Chine prétend dans ses medias internes, dans sa propagande internationale (y compris par son ambassadeur en France dans une interview dans le Parisien la semaine dernière) que c’est les USA qui sont à l’origine de la pandémie. Cette propagande chinoise est imbuvable. Si la Chine continue dans cette voie, je vais commencer à propager l’idée que c’est elle qui a déclenché volontairement cette pandémie pour détruire l’économie occidentale et sa puissance, forte du principe très simple que sa population est le double de celle de la démocratie occidentale (USA + Europe) et qu’elle est totalement soumise au pouvoir central. Donc à la fin des fins, c’est elle qui gagnerait la domination du monde. J’en ai froid dans le dos. Na!

  7. Donc un ingénieur expert, ça expose en 7 points;je comprends que ces pauvres énarques soient bién peu efficients dans la gestion de la crise actuelle: eux n ont droit qu à trois parties, le dernière sensée présenter une synthèse définitive.
    Cette mise en abyme de l origine du mal se lit comme un polar, tu nous offre une nouvelle facette de ton talent. À J50, bravo!
    Surtout je suis intriguée par la proposition finale : espièglerie de confiné ou reelle piste
    complotiste?
    Le débat est ouvert…

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