L’homme fidèle – Critique aisée n° 147

Critique aisée n°147

L’homme fidèle
Louis Garrel – 2018
Laeticia Casta, Lily-Rose Depp, Louis Garrel

En ces temps troublés où règnent le pessimisme, la frustration, l’envie, le conspirationisme, le mensonge, la violence et, par-dessus tout, la bêtise (au front de taureau, comme je dis toujours), à l’heure sombre où le Président des États-Unis persiste à tenir les effrayantes promesses de campagne auxquelles personne ne croyait, où le Royaume Uni ne va pas tarder à larguer les amarres ou à imploser, où l’Italie s’est placée en chantant sous la direction de l’alliance de la carpe à chemise brune et du lapin à gilet rouge, sans parler de la France, où un mouvement spontané néo-poujadiste et ultra-minoritaire ne sait plus ni arrêter ses protestations ni à quel extrême, droite ou gauche, se vouer, en ces temps et à cette heure, on a envie de se détendre un peu. Entre une vidéo passée en boucle de trois pneus qui brulent à un carrefour et un débat complaisant entre un gilet jaune buté et trois journalistes pétrifiés, on se dit qu’il y a surement autre chose à regarder que BFM.

Alors, il est temps d’aller voir L’homme fidèle, le nouveau film de Louis Garrel.

Vous savez que dans mes critiques, je ne raconte jamais l’histoire d’un film. Je ne le ferai pas davantage ici. Et je vous conseille de ne pas lire celles qui le font, soit pour faire le malin, soit pour pisser de la copie, comme on dit (ou disait) dans le métier. Non pas que, dans L’homme fidèle, il y ait un suspense quelconque, malgré l’avis du crétin de service de Télérama qui l’a qualifié d’Hitchcockien.

Non, L’homme fidèle, c’est l’histoire d’un homme balloté comme un bouchon dans l’eau d’une rivière entre deux femmes qu’il aime, qui l’aiment et qui le manipulent avec adresse et détermination. Une démonstration de plus que l’homme est faible, gentil mais faible, et que ce sont les femmes qui choisissent. Par moi, vous n’en saurez pas plus. Si, un peu plus : vous saurez que c’est une comédie sentimentale, légère, teintée de pas mal humour et d’un peu de mystère, un marivaudage dans lequel vous vous sentirez bien. Elle vous fera surement penser à Rohmer et surtout à Truffaut. Pas mal comme références, non ? Comme moi sans doute, vous reviendrez à cet heureux temps de la Nouvelle Vague où Rohmer, Malle et Truffaut pouvaient, au grand dam de Godard, faire du cinéma sans avoir à aborder à chaque film tous les problèmes sociaux ou politiques du temps.

Vous pourrez apprécier le jeu de Laëtitia Casta, qui n’a pas toujours eu d’aussi bons rôles, la fraicheur de Lily-Rose Depp, l’air ahuri de Louis Garrel, et l’incroyable naturel mystérieux d’un garçon de 10 ans, Joseph Engel. Vous apprécierez aussi, je n’en doute pas, l’écriture de ce film et le coté littéraire que lui donnent les trois voix off qui le font avancer.

Installez-vous bien confortablement dans votre fauteuil de cinéma et laissez-vous porter par ce film délicat, intelligent et drôle. Il sera toujours temps après de rallumer BFM.

Programme des jours à venir :

16 Jan, 8 h 47 min      Tableau 238
17 Jan, 8 h 47 min      Le livre de l’Éthiopien – 5
18 Jan, 8 h 47 min      Rue du Ru de Vrou
19 Jan, 8 h 47 min      Les pastiches de Lorenzo – 2

 

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