Deux Amériques

Dernière heure : il y a deux Amériques
mercredi 7 novembre

Il y a un mois, pour introduire un article sur la division grandissante des USA, j’écrivais « L’Amérique va dans le mur ! » Bien sûr, en écrivant cela, je voulais rapprocher l’expression populaire bien connue du fameux mur Trumpien qui, à l’instar du mur d’Hadrien contre les barbares écossais, devrait protéger les White Supremacists contre les invasions de Goths, Wisigoths et autres caravanes de Body Snatchers venus du Sud.

Mais aujourd’hui, le mur de Trump, qui ne sera d’ailleurs jamais fini, n’est pas celui qui me préoccupe. Celui que les Américains viennent de se construire pour leur propre usage est bien plus inquiétant. Ce mur-là, ils ne foncent pas dessus tête baissée. Ce mur, il les sépare, il les divise. Il suffit de regarder un peu en détail les résultats des Midterms pour réaliser où passe la frontière qu’il définit. Elle ne passe pas entre états rouges et états bleus, ni entre Côtes Est et Ouest et Grandes Plaines. En réalité, et les analyses fines du scrutin le montrent, elle range d’un côté du mur les habitants des villes et des banlieues et de l’autre ceux des campagnes, d’un côté les sociétés multicolores et multiculturelles et de l’autre les sociétés blanches, d’un côté ceux qui ont suivi des études et de l’autre ceux qui n’en ont pas suivi. Bien sûr, un peu partout dans le monde occidental d’aujourd’hui, on trouve des indices de cette répartition de l’électorat — le vote sur le Brexit en est un exemple frappant — mais nulle part au point où en sont parvenus les USA.

Certes, à l’issue des Midterms, Trump a perdu sa majorité à la Chambre, mais c’est toujours le cas dans les Midterms ; certes, il a renforcé sa majorité au Sénat, mais davantage de postes Démocrates que Républicains étaient en jeu ; certes, l’atmosphère à Washington va être encore un encore peu plus Rock’n Roll.

Mais la vraie signification des Midterms, c’est celle-là : il y a maintenant deux Amériques. Et le Donald passe son temps à dresser l’une contre l’autre.

Bon, maintenant, je me tais. Il est 18 heures, et le Président des États Unis va commencer sa conférence de presse.

3 réflexions sur « Deux Amériques »

  1. Le candidat Trump n’était déjà pas un candidat décent, le Président Trump est un président indécent. Au cours de sa campagne, le candidat avait suffisamment prononcé d’anathèmes, de mensonges et d’énormités pour inquiéter non seulement les sympathisants du parti Démocrate, mais aussi une bonne partie des Républicains. La stupeur qui a envahi les deux camps au soir de l’élection fut un symptôme de cette inquiétude.
    Au lendemain de cette élection, il y a eu des protestations, des manifestations, mais pas plus que lorsque Sarkozy ou Hollande ont été élus, et certainement moins que si Le Pen ou Mélenchon l’avaient été.
    Les armes, les partis far-right, le suprémacisme blanc, le racisme et la violence ne sont pas du côté des opposants à Trump, tout au plus parfois l’arrogance. Chacun ses défauts. Je préfère l’arrogance.
    Il n’est pas interdit de penser que cette élection a été effectivement volée aux Démocrates si l’on considère les affaires de « russian meddling », celle de Cambridge Analytica, les déclarations intempestives et tardives de Comey, et des tas d’autres choses que j’oublie. Ayant mis leur mouchoir sur les affaires Comey et Cambridge Analytica, les Démocrates, minoritaires à la Chambre et au Sénat, ont tenté, sans en avoir vraiment les moyens, de mettre à jour l’interférence russe.
    Je connais un peu l’Amérique, j’y vais de temps en temps, je lis quelques journaux US et regarde beaucoup CNN. Si les critiques sur Trump y sont permanentes et sévères, pas une seule fois je n’ai entendu ou lu quelqu’un (homme politique ou journaliste) dire qu’on allait en faire des papillotes, du Donald.
    Moi que Trump empêche parfois de dormir, je n’ai jamais pensé qu’il ne finirait pas son mandat. J’ai écrit mes raisons. Même aujourd’hui, même avec cette perte de la majorité à la Chambre, je suis convaincu qu’il restera jusqu’au bout, la répartition actuelle au Sénat ne permettant pas qu’une procédure d’empêchement parvienne à son terme. Avec la nouvelle majorité à la Chambre, il est possible, pour moi peu probable, qu’elle débute mais elle n’ira pas à son terme, faute de temps et de majorité sénatoriale. Le limogeage de l’Attorney General que Trumpe vient d’effectuer pour le motif que celui-ci, bien qu’il l’ait nommé, n’était pas assez aux ordres, et le remplacement par un plus fidèle encore de Trump va ralentir sinon arrêter l’enquête du Procureur Spécial Mueller.
    Les sénateurs Républicains, pour avoir le soutien de Trump et garder ainsi leur siège (Trump s’est moqué hier des Sénateurs Républicains qui ne l’avaient pas soutenu et avaient par conséquent été battus), sont prêts à tout avaler : le renversement des alliances, l’amitié avec les dictateurs, la mise aux oubliettes d’une écologie minimale, le soutien objectif à la NRA, le chantage aux dollars pour les pays qui n’obéiraient pas à ses ukases, l’abandon de lois sociales et sociétales, le mensonge et l’insulte érigés en moyens de communication ….`
    Avoir vu quelques meetings de Trump au cours de la dernière campagne des midterms était édifiant et terrifiant, non seulement à cause des déclarations incroyables du Donald, mais aussi par la vision de son public.
    L’Amérique est coupée en deux, comme beaucoup de pays occidentaux. Mais la parole de Trump a libéré celle de tous les racistes, xénophobes, homophobes, conspirationnistes, créationnistes et autres cinglés du pays et elle les galvanise tous les jours.
    Les Démocrates, leurs électeurs et leurs sympathisants ne sont pas des anges, ils peuvent être hautains, arrogants, intéressés, mais on peut préférer quand même leur discours et leur programme à ceux du Donald dont le monde aura du mal à se remettre, parce que le populisme, ça ne finit jamais bien.

  2. Ces élections américaines m’inspirent un autre type de réflexion. Peut-être parce que j’ai lu un peu de philosophie.
    On se souvient, au lendemain de l’élection du Donald, de l’indignation de ses opposants défilant comme une armée avec armes, bagages, pancartes, délires et fanfares, sûre de le mettre bas en deux échauffourées. Coupée en deux, l’Amérique, qu’elle était déjà. Dont cette moitié à qui on avait volé sa victoire naturelle. Disons-le, une Amérique arrogante de son bon droit supposé. L’autre moitié, l’Amérique de la provocation envers ces bisounours, et qui n’en revenait pas de l’avoir emporté.
    …Aujourd’hui qu’en est-il de ces manifestations-tsunami des bons sentiments, qui devaient faire de Trump des papillottes ? Rien. Le Donald est toujours là, et bien là.
    Tout ça pour ça.
    L’Amérique est coupée en deux, armée jusqu’aux dents, et alors…? Ce n’est toujours pas elle qui jette ses réfugiés latinos sur les routes.

  3. C’est comme pour les rats. Politiquement il y a en effet deux Amériques, celle des villes, fiefs plutôt démocrates, et celle des campagnes, fiefs plutôt trumpiens. Comme les États ruraux sont nombreux et que chaque État envoie deux sénateurs à Washington, Trump profite de cette situation au sénat.
    J’ai moi aussi suivi la conférence de presse de Trump, toujours aussi content de lui, menteur, simpliste et méprisant avec tous ceux qui ne lui lèchent pas les bottes. Puis j’ai suivi celle de Nancy Pelosi, prochaine leader démocrate de la chambre, quelle différence de rhétorique! Elle restant dans la tradition conciliatrice américaine et le rappel des valeurs américaines qui datent de la naissance de la nation. Cela dit, je pense pour ma part que Trump est bien le gagnant de ces élections qu’il saura habilement exploiter pour sa réélection en 2020. L’Amerique est mal barrée pour les 6 ans à venir. S’en remettra-et-elle, je me le demande.

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