Avant-hier, Lorenzo s’étonnait de l’absence de réponse à son commentaire déplacé sur mon séjour enfantin à Rome. Mais moi, que plus grand chose n’étonne, ça m’a laissé froid. Par les températures qui courent, c’est déjà quelque chose.
Plus grand chose ne m’étonne ? Si, quand même : j’ai été surpris de n’avoir suscité avec mon article sur la cérémonie des J. O. que deux commentaires. Intéressantes, certes, ces deux interventions. Bea, qui n’écrit que rarement parce qu’elle réfléchit avant, a tenté gentiment de me sortir de ma bouderie supposée. Quant à Jim, il a fait part de son appréciation mitigée sur la cérémonie française, regrettant comme moi la gaîté de celle de Londres. Et je ne crois pas que ce soit parce qu’il est à moitié Anglais, Jim. En tout cas moi, je ne le suis pas.
Ce qui m’a surpris (mais après tant d’années d’édition du JdC, comment puis-je l’être encore ?), c’est que personne d’autre n’ait senti le besoin de faire entendre soit sa différence dans ce concert de louanges, soit son enthousiasme pour une création enfin provocatrice.
Ma critique n’était sans doute pas assez acerbe pour déclencher le déluge de contradictions (ou l’averse d’approbations) comme le cri de l’imbécile déclenche l’avalanche.
Je tacherai de faire plus méchant la prochaine fois.
Mais, plus méchant, je pourrais le faire tout de suite ! Il suffirait pour cela que je m’attaque au fond du spectacle, moi qui, jusqu’à présent, m’étais limité à en attaquer la conception. Mais, après une longue absence, je suis de retour à Paris, sous les marronniers du Luxembourg, devant une San Pé ruisselante de condensation, attablé à la Terrasse de Madame. Il y fait bon, je suis entouré de touristes ravis, je suis presque en paix avec presque tout l’univers.
Presque en paix ? Ouais, presque, parce que, bon, La Cène, c’était quand même pas terrible. Provocation convenue, cliché libertaire, passeport pour la branchitude, on a l’habitude. Mais ce qui a été pire et même assez lamentable, c’est qu’après que leur sketch (tout juste acceptable s’il avait été exécuté par les G.O. d’un Club Med des années 60) ait été critiqué, les concepteurs n’ont eu de cesse d’affirmer publiquement qu’ils n’avaient pas voulu parodier la fresque de Léonard de Vinci et surtout pas le dernier repas du Christ.
Faut quand même être gonflé (ou plutôt, dégonflé) pour oser dire une chose pareille. Pour quiconque ayant vu la scène, la transposition de la Cène est une évidence absolue.
Même lâcheté pour justifier la tête de Marie-Antoinette posée sur son giron et chantant la Révolution. Ridicule, provoquant, conventionnel, inutile. Je n’ose pas parler de mauvais goût, par crainte de me faire crucifier. Où est la célébration du sport, de l’humanisme, de la paix là-dedans ? Peut-on vibrer d’enthousiasme, frissonner d’émotion sur de telles images. On dirait que Thomas Jolly en est resté aux spectacles de travestis que donnait l’Alcazar ou le Paradis Latin dans les années 60-70.
Bon, ça suffit comme ça pour la cérémonie. (J’appréhende quand même un peu la celle de clôture)
Mais heureusement, il y a plein de bonnes choses dans les J. O.
Par exemple :
La guerre en Ukraine est terminée
Tout est calme sur le front de Gaza
Les députés de LFI ont abandonné le keffieh pour la cravate
Tels sont les effets des jeux olympiques.
Mais c’est seulement dans la Presse
Et c’est seulement pour quelques jours.
Mais permettez-moi d’être sérieux un instant, ou plutôt d’être candide et d’admettre enfin, comme le voudrait Bea, mes grands moments d’enthousiasme sportif, même si, la plupart du temps, ils sont chauvins. Antoine Dupont aplatissant un essai de 80 mètres en finale de rugby à 7 et Léon Marchand effaçant ses adversaires sur les premiers de ses 400 mètres m’ont carrément fichu un coup dans le sternum. Même pour les sports qui ne m’intéressent pas, le vélo, le kayak ou que je comprends pas, l’escrime, le judo, l’explosion de joie des vainqueurs n’a pu laisser insensible mon cœur, habituellement de glace.
Mais ce qui, très bizarrement pour moi, me semble encore plus émouvant, ce n’est pas la Marseillaise d’avant match, ni celle soutien pendant, ni celle de célébration après qui m’émeuvent, c’est la clameur qui monte du stade de France, du Grand Palais, de la piscine de La Défense Arena tout au long de l’épreuve quand c’est la France qui mène (ou quand c’est Nadal qui joue). Cet énorme et joyeux tonnerre n’a beau traduire qu’une communion éphémère et chauvine, il me remplit de bonheur et me donne le frisson que je n’avais pas trouvé dans cette copie du concours Eurovision de la chanson que nous a donné Thomas Jolly.
Ferveur du public la maintenant , ce matin , ce soir : le public qui suit les épreuves bien sûres!pas celui qui s’est fait rincer…
Même moi , du fin fond de l’Ariege, je vais suivre le prodige Leon….
Un trouple , ce n’est pas une coquille : c’est la version moderne d’un ménage à trois… Une femme et deux hommes: Jules et Jim quoi…
Je n’ai pas eu la curiosité d’interroger mister Google
sur l’origine de l’expression : assez juste finalement…
Je ne vois pas d’inconséquence entre ma surprise d’avoir si peu d’avis sur un événement dont tout le monde parle depuis des mois et qui s’est révélé contestable par certains sur beaucoup de points à moins que ce ne soit par beaucoup sur certains points et mon peu de goût pour les commentaires ping-pong.
Sur la cérémonie d’ouverture, rien ne m’aurait plus énervé que des « Super » avec un pouce jaune levé ou des « Merdique ! » accompagnés d’émoticones dégoutés. Mais j’attendais d’autres critiques un peu élaborées sur la cérémonie elle-même ou sur ma propre critique, comme Bea Jim et toi l’avez fait.
Sur la cérémonie elle-même, je vois que nous avons apprécié les memes choses, le pianiste romantique sous la pluie, la Marseillaise perchée, la Garde Républicaine et la Créole sur le pont des Arts, Céline Dion sans fioritures, trois minutes (pas plus) du cheval de fer. Mais je n’ai pas vu le fildeferiste annoncé, Zizi Jeanmaire non revisitée mais copiée sans joie en play back… Je ne parlerai plus de Marie Antoinette, de la Cène, ou de Dyonisos peint en bleu.
Charlie Hebdo peut-être, Charlie Hebdo d’accord, mais on n’oblige pas 1 milliard et davantage de personnes à lire Charlie Hebdo.
Bluffé par la ferveur du public ? Certainement, mais au cours des épreuves, pas lors de la Cérémonie.
Bon, c’est tout.
Il y a une coquille qui m’a fait perdre une partie du sens de ton message et c’est bien regrettable : qu’est-ce que ça peut bien être que « Le trouple?? »
Un peu dégarni, peut-être, mais pas chauvin.
C’est habituellement les femmes qu’on traite d’inconséquence: n’as tu pas vitupéré les commentaires Ping Pong ,les échanges nerveux entre tes plus fidèles lecteurs?
Nous avons respecté ton désir et lisons tes diatribes avec l’indulgence du vieux lecteur blasé: tu aurais pu noter également notre absence de réaction à ce qui a dû être un séisme. émotionnel : la disparition de ton roman dans l’espace fourre tout du grand moloch informatique…
Alors cette cérémonie ?
Boucheron , qui m’a définitivement éloignée de l’écoute des cours du collège de France, a réussi l’exploit d’écrire une somme de 900 pages sur l’histoire de France , en omettant précisément l’histoire de France!
Et le mot d’ordre était de faire de l’anti puy du fou!
De ce côté, pas de surprise donc …
Et bien moi je l’ai trouvée réussie cette cérémonie : certes j’ai trouvé interminable le défilé monotone des bateaux, certes j’ai regretté que la pluie gomme la beauté des monuments, certes j’ai haï le tableau conciergerie : car il était politique sur le fond , mais tellemnt Charlie Hebdo sur la forme!
Le trouple?? Mais c’est c’est le ressort comique de scènes de ménage, diffusé tous les jours sur une chaîne non cryptée…, la cène? Oui peut être… moi je n’ai vu qu’une scène de gay pride…
Mais le chant de la marseillaise, mais Alexandre Taraud jouant sous la pluie! Mais le funambule, hélas à peine entrevu..mais zizi revisitee, même Ana je ne sais quoi et son créole rytme , entourée de la garde républicaine ne m’a pas révulsée!
Et les danseurs sur leurs perches…et ce galop irréel?
Et ce final , Celine , la Tour laserisee, ce relais muet jusqu’à l’embrasement de cette vasque s’elevant doucement …
Ce qui m’a insupportee en revanche c’est le commentaire nullissime du trio au micro , dont l’insupportable Daphne Burki …
J’ai râlé avant , j’ai critiqué avant , j’ai moqué la nage de ND de Paris…mais je suis bluffée par la ferveur du public , par ces gradins pleins…
Espérons que cet engouement mondial , enrayera la folie enlaidisseuse de la mairie de Paris…
Hélas passe le 11 août , les troupes assoiffées de revanche de Mélanchon and co vont à nouveau se déchaîner et la fête sera bien finie!
Béni soit l’humour anglais
Bon! J’approuve tout ce qu’a écrit Philippe ce matin. Certaines des scènes de la cérémonie d’ouverture m’ont choqué mais j’ai compris l’intention (totalement assumée par les organisateurs, CIO compris) qui était de faire un bras d’honneur à la française aux bonnes mœurs au nom de la liberté d’expression, et même de la liberté tout court. Les étrangers nous le pardonnent, à tout le moins ceux qui nous connaissent et nous apprécient, au nom de je ne sais quelle tolérance envers nous, nos défauts et nos qualités, et parfois même d’une certaine envie. Le commentaire à propos de la cérémonie qui m’a paru le plus juste a été fait par un journal anglais (ma moitié la plus jalouse de l’autre et réciproquement): « ils n’avaient pas prévu ce que nous aurions prévu, la pluie! ».