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Le texte qui suit est extrait de “Viktor“, troisième nouvelle du recueil intitulé “La Mitro“ qui en comporte dix-sept.

(…) Il portait un polo jaune vif à manches courtes de chez Ralph Lauren, un pull-over rouge jeté sur les épaules, un bermuda marron clair, des chaussettes de sport blanches à double rayure jaune horizontale et des mocassins bordeaux de chez Weston. Le tout était surmonté d’une chevelure blonde mi longue et mi négligée et d’une paire de lunettes de soleil de chez Prada. L’ensemble était monté sur une bicyclette Raleigh modèle Town and Country, laquelle était liée par une corde rouge et un collier de cuir brun à motifs noirs à un grand setter irlandais rouge  (rouge est la couleur officielle des setters irlandais ; les ignorants disent couleur feu ; disons qu’ils sont marron). L’homme pédalait doucement, droit sur son vélo, regardant devant lui, le chien trottinant sur son côté gauche, la corde formant une jolie parabole entre la poignée du guidon et le cou de l’animal. Nous nous croisâmes sans qu’il me jette un regard et, au passage, j’entendis : « Bien, Viktor, bien ». Viktor tourna légèrement la tête pour ne lancer à Sari qu’un petit coup d’œil que je trouvai un peu méprisant.
Le tableau était admirable en tous points : le costume, sorti tout droit des pages du Figaro Magazine, le vélo, aboutissement mécanique de cent ans d’éducation britannique, la laisse, le collier, tout. Mais ce que j’admirais surtout, c’était le dressage du chien, qui trottait droit devant lui, pelage au vent, sans dévier de sa course, même pour saluer ma chienne. Qui a eu deux Labradors à dresser, dont un sourd, connait les raisons de mon admiration.

Nous venions de nous croiser, et j’en étais là de mes réflexions lorsque le silence du parc fut interrompu par le long cri reproduit plus haut :

« Saloperiedechieriedebordeldenomdedieudemerdedeputaindebordelaqueue ! »
(…)

 

 

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