Que faut-il penser d’ Histoire de Dashiell Stiller ? (5)

A peine sorti de presse, l’Histoire de Dashiell Stiller déclenche les polémiques auxquelles les ouvrages de Philippe Coutheillas nous ont habitués.
Histoire de Dashiell Stiller… Roman d’aventures, autofiction, roman historique, histoire d’amour, roman à l’eau de rose, roman de l’été, bide de l’année… tout à été dit.
Mais que peut-on en penser, que FAUT-il en penser ?


Des écrivains vous répondent…

June 25th, 1955, Earl’s Hangout, 1245 Wilshire Blvd, Los Angeles, Ca.

Quand la fille est entrée dans le hall, tout d’abord, je n’y ai pas cru. Son bikini albâtre bronzé avait dû être taillé par un miniaturiste dans trois timbres-postes. Les jambes fuselées qui en sortaient étaient plus longues qu’un film suédois non sous-titré. Quant à ce qu’on pouvait voir de son corps entre le haut du slip de bikini et la naissance de son cou, je préfère ne pas commencer à en parler de peur de ne pouvoir en achever sereinement la description. Quant à ses cheveux, ses yeux, ses lèvres, je les ai à peine vus tant j’étais concentré sur la partie indescriptible mentionnée plus haut. Mais ce n’est pas à l’existence réelle de cette apparition que je ne croyais pas. Des filles comme ça, à Venice Beach ou à Malibu, il y en a à la pelle. D’accord, dans le lobby du Berverly Hills Hôtel, où je devais rencontrer un ponte de la MGM pour une banale histoire de cocufiage, le port du bikini minimaliste, c’est plutôt rare, encore que, dans la Cité des Anges, rien ne soit impossible.

Ce qui était incroyable et, qu’étant encore sobre malgré l’heure avancée, je n’ai donc pas cru, c’est qu’après le coup d’œil circulaire et méprisant qu’elle a jeté sur le lobby, elle a cherché mon regard et, l’ayant trouvé sans peine tant il était ébahi, elle s’est dirigée résolument sur moi. On aurait dit le Petit Chaperon Rouge marchant sur Loopy De Loop dans le but de le dévorer. « Alors comme ça c’est vous, Marlowe le fouineur ? » m’a-t-elle dit en examinant d’un œil réprobateur mon vieux costume de lin fripé et mon panama taché de sueur. « On dirait que vous et votre costume, vous avez connu des jours meilleurs, mon chou… » a-t-elle ajouté en conclusion de son examen. Du tac au tac, je lui ai répondu qu’à raison de 20 dollars de l’heure plus les frais, j’étais prêt à entendre toutes les amabilités qu’elle voudrait bien me sortir. Ça l’a calmée et, quelques instants plus tard, elle m’apprenait que c’était elle, ma cliente, que c’était elle le ponte de la MGM, et que c’était elle qui était trompée par son mari. Comme quoi, comme disait le hérisson à propos d’une brosse à cheveux : « Vaut mieux pas se fier aux apparences ».

C’est ainsi qu’a commencé l’affaire qui, trois mois plus tard, défrayait la chronique sous le nom de « The Ratinet job » et qui finit par envoyer le maire de Los Angeles à San Quentin pour deux ou trois paires d’années.

Mais ça, c’est une autre histoire et pour le moment, vous en savez bien assez pour comprendre pourquoi je n’ai pas pu finir de lire cette foutue Histoire de Dashiell Stiller et pourquoi je suis ne suis pas fichu de vous en dire un mot. De toute façon, comme je dis toujours, l’histoire on s’en fout, c’est le style qui compte… Et côté style…

Philip Marlowe, AKA Raymond Chandler, styliste

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