Comment la célébrité vint à Arlette Ratinet

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Arlette Ratinet rêvait de célébrité. Dès l’âge de dix ans, après qu’elle ait vu trois saisons d’affilée de The Voice, Top Chef et Des Chiffres et des Lettres, porter, comme Valérie Damidot ou Laurence Boccolini, un nom célèbre devint chez elle une obsession. Pour elle qui était née à Guéret-dans-la-Creuse, ou plus précisément dans une ferme à douze kilomètres de Guéret-dans-la-Creuse, elle qui avait passé son enfance à jouer avec les poules de la basse-cour et les crapauds de la mare, son adolescence à mener les vaches au taureau et les veaux à l’abattoir, ce n’était pas gagné d’avance.C’est pourquoi, dès sa majorité, elle quitta le hameau natal et partit à la ville, je veux dire à Guéret-dans-la-Creuse, à la recherche de la célébrité.

Quand elle voulut se présenter au concours de Miss Creuse, on lui refusa l’inscription parce qu’elle ne possédait pas la langue slovaque. C’est du moins la raison qu’assez charitablement on lui donna de ce refus.
Lorsque l’émission radiophonique itinérante « Le jeu des mille euros » passa dans sa ville, elle voulut saisir l’occasion d’entendre son nom prononcé sur les ondes. Elle se présenta donc aux éliminatoires, mais elle échoua à la première question qui était : « Dans quel département français se trouve Guéret-dans-la-Creuse ? »
Bref, après avoir tout essayé et même davantage, elle se résolut à partir en Angleterre. Au bout d’une semaine, elle y rencontra John Davidson, un jeune homme de son acabit : il était né à Shitbrook-in-the-Swamp, avait été réformé pour absence apparente de cerveau, et avait exercé comme premier et unique emploi celui d’épouvantail dans les potagers shitbrookien. Arlette épousa John la semaine suivante.
Quelques jours plus tard, elle revenait fièrement à Guéret-dans-la-Creuse avec son mari. Elle s’appelait désormais Arlette Davidson.

8 réflexions sur « Comment la célébrité vint à Arlette Ratinet »

  1. Maintenant qu’on sait de quoi tu es capable, on ne se fera plus jamais avoir comme la première fois avec l’Aztèque au poil et l’Aztèque à chier.

  2. C’est Paddy qui m’a fait découvrir ce charmant petit torrent qui est a l’origine de cette expression utilisée quand on veut qualifier une opération difficile: it’s like rowing up Shitcreek without a paddle.

  3. “Shit alors! Je vais me coller à une suite improvisée…”
    NDLR : Ce merveilleux commentaire de Paddy méritant mieux qu’une place dans la longue file des commentaires, je le suspend momentanément pour le publier in extenso dans une prochaine page de 16:47.

  4. Shitbrook-in-the-Swamp dans le Shitshire se trouve au débouché du ruisseau Shit Creek célèbre une fois par an pour son concours de pêche des écrevisses à l’ancienne et à la main.

  5. Non, non. La finalité du titre ayant été remplie — on sait maintenant comment Arlette finit par porter un nom célèbre, aucune suite n’est prévue. Mais si quelqu’un veut savoir quel est l’avenir d’Arlette Davidson, qu’il l’écrive !

  6. Le probleme, maintenant, c,est qu’elle reconnaît plus personne, Arlette !

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