Rendez-vous à cinq heures à nouveau dans le tunnel

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Art or not art ?
par Lorenzo

Ecrire, comme me le demande Ph., mon sentiment sur les œuvres présentes dans le tunnel des arts équivaut finalement à traiter d’un sujet beaucoup plus vaste qui est celui de la définition d’une œuvre d’art. La question posée est pourtant simple mais sa réponse est d’une complexité inversement proportionnelle. Théoriquement elle est constituée à partir de nos ascendances familiales, de nos origines géographiques et religieuses, de notre éducation et de notre expérience, de notre psychologie, de notre culture qui inclut l’art et son histoire, et sûrement de bien d’autres choses que j’ignore.

De façon provocatrice mais sincère, je trouve artistique une œuvre que j’aimerais mettre sur le mur de mon salon. Toute forme de réflexion sur l’art m’est étrangère, c’est à dire que je ne me sens ni capable ni habilité ni assez cultivé pour oser m’y prêter. En ce qui concerne le tunnel des arts, tout ce que j’y ai vu me déplait, donc ce n’est pas de l’art.

Cette vision simpliste ou simplifiée de l’art, personnelle et non universelle comme elle se doit d’être, est évidemment contredite par une multitude d’œuvres que je n’aime pas et qui sont pourtant considérées comme des œuvres d’art ou qui le sont devenues à l’épreuve du temps. Autrement dit, ma définition de l’art est d’une prétention stupide et dénuée de  preuves.

Je vous encourage donc à aller vous faire votre propre opinion en parcourant le tunnel des arts et en vous méfiant des engins à deux roues dont je me demande s’ils ne feraient pas partie de ces créations artistiques qui s’apparentent plus à l’art conceptuel qu’à l’art classique. Je n’apprécie pas l’art conceptuel pour une raison purement conceptuelle : l’art est suggestion, il n’a pas besoin d’un coup de pouce explicatif du genre : l’œuvre montre que derrière le piano recouvert d’une capote de la guerre de 14 avec une croix rouge c’est toute la morale contemporaine qui est remise en question. Hors, c’est justement le talent de l’artiste de le montrer avec la technique de son choix. Point n’est besoin de nous fournir des clés alambiquées ou de lourdes allusions pour y parvenir non pas parce que cela nous vexe mais parce que c’est justement le propre de l’œuvre d’art de l’exprimer spontanément.

Je vais tenter de dire avec des mots pourquoi je n’aime pas les peintures rupestres du tunnel :

  • Esthétiquement, je les trouve laides, vulgaires, bâclées, sales, à vomir et à chier.
  • Pas une ne m’a procuré ce que j’attends d’une oeuvre d’art, même si elle ne me plait pas, à savoir un frisson d’émotion, de beauté, de tristesse, d’amour, et parfois d’horreur.
  • Pas une ne m’a donné la moindre envie de la mettre sur le mur de mon hangar à bestiaux.
  • Pas une ne respecte les règles qui font qu’au-delà du talent de l’artiste une œuvre n’est lisible en peinture, en architecture ou en photo qu’à condition de les respecter. Ces règles intangibles ne sont imposées par personne mais elles s’imposent d’elles mêmes à ceux qui pratiquent ces disciplines.
  • Et, malheureusement, même si je voulais leur trouver quelque chose derrière leur graphisme affreux, aucune ne possède la moindre once d’humour.

Ces critères s’appliquent à celles que trouverez ci-dessous. Certaines, sont acceptables parce que ce ne sont que des copies à peine déguisées d’œuvres d’art consacrées.

D’autres sont de grossiers copiés-collés et relèvent de l’abus voire de l’escroquerie :

Les deux suivantes se veulent figuratives mais elles évoquent plutôt les dessins des enfants qui se soustraient aux difficultés de la perspective ou bien les peintures murales des Egyptiens qui remontent à plus de 4000 ans.

Enfin, malgré ma bonne volonté proverbiale, la majorité ne sont que des régurgitations de cartoons :

Lorenzo Dell’Acqua

4 réflexions sur « Rendez-vous à cinq heures à nouveau dans le tunnel »

  1. @Lorenzo, je ne vois pas de désaccord dans nos propos exprimés chacun à leur façon. Le street-art — j’ai regretté que tu n’aies pas utilisé cette expression dans ton texte — est une forme d’art qui doit être appréciée dans son élément, c’est à dire par définition « in the street ». Évidemment, il se trouve malheureusement concurrencé là par du « trash » épouvantable, une forme qui ne dérange apparemment pas nos édiles municipaux.

  2. @ Jim. Je me suis fait mal comprendre. 1) Je suis révolté parce que la Mairie de Paris veut faire croire aux gens que le street art EST l’art contemporain. C’est tout de même vertigineux de bêtise et scandaleux à ce niveau de responsabilités. 2) Je ne déteste pas le street art qui peut, parfois mais rarement, être artistique. Pour preuve la plupart des œuvres de Banksy. Malheureusement le réglement inique de ce blog ne me permet pas de le montrer. 3) Que tu le veuilles ou non, le street art est une forme d’expression très proche de la peinture mais les tags n’en font pas partie. Les tags ne sont rien du tout, même pas des graffitis.

  3. Si j’ai bien compris car je n’ai pas encore pénétré le tunnel en question pour faire mon opinion, il s’agit là d’une forme d’art, qu’on aime ou pas, qui est le street art, donc rien à voir avec une toile qu’on pose sur le mur du salon. Personnellement le street art découvert au détour d’une promenade en ville, à pied ou en métro, à Paris ou ailleurs, m’interpelle souvent. J’en ai vu parfois du génial qui provoque la réflexion, ou l’émotion, ou l’admiration. Mais j’avoue que le tunnel des arts – encore une invention de la mairie de Paris – m’inspire a priori la méfiance car par définition le street art n’est pas fait pour être exposé à la queue leu leu en musée ou en galerie (ha ha!).

  4. Donc Ph C envoie un émissaire sous le tunnel , et pas des moindres… Lorenzo , l’œil absolu derrière son appareil photo…
    Certes Télérama n’aimera pas cette recension des œuvres du tunnel, mais ici elle mérite ses quatreJDC
    Le commentaire n’engage que son auteur, mais l’illustration qu’il en donne lui donne hélas raison: le point le plus incontestable étant le manque total d’humour…
    Impardonnable en effet…

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