Steinbeck, un aspect méconnu

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Morceau choisi

Entre juin et octobre 1938, John Steinbeck écrit« Les Raisins de la colère ». Il tient un journal de travail. Voici l’entrée du 18 juin :

9h45
C’est samedi à présent et nous nous sommes levés de bonne heure et je suis prêt à travailler tôt. Je ne vois aucune raison de ne pas faire une pleine journée de travail (2000 mots). C’est un boulot énorme. Ne dois pas penser à son ampleur, mais seulement à la petite image pendant que je trime. Laisser la grande image pour le temps de la planification. Si seulement je pouvais faire ce livre comme il faut, ce serait un des romans vraiment bons et véritablement américain. Mais je suis assailli par ma propre ignorance et mon incapacité. Il faudra juste que je travaille depuis l’arrière-plan de celles-ci. Honnêteté. Si je peux rester honnête, c’est tout ce que je peux attendre de mon pauvre cerveau – ne jamais attiédir un mot en faveur du préjugé du lecteur, mais le tordre comme de la pâte à modeler pour qu’il le comprenne. Si je peux y arriver, ce sera tout ce que mon manque de génie peut accomplir. Parce que personne ne connaît mon absence de facilité comme moi je la connais. Je lutte contre elle tout le temps. Parfois, j’ai l’impression de faire un joli petit boulot, mais quand c’est terminé, le truc glisse dans la médiocrité.
Jours de travail – John Steinbeck

Maintenant, soyez vraiment attentifs car je vais vous livrer une réflexion intéressante qui vous révélera un aspect méconnu de la personnalité du prix Nobel 1962 de littérature :
Les Raisins de la colère compte 640 pages. En format courant, celui du Livre de Poche par exemple, une page contient environ 250 mots. Pour les Raisins de la colère, ça nous fait donc un total de 160 000 mots. Or, nous venons de lire que John Steinbeck considérait comme un énorme travail le fait d’écrire 2000 mots en une seule journée. On peut donc en conclure que s’il avait travaillé vraiment sérieusement chaque jour, Steinbeck aurait pu écrire les Raisins de la colère en 80 jours. Or, nous savons qu’il a mis en fait 5 mois, soit presque le double du temps nécessaire à écrire ce foutu bouquin.
Un peu flemmard, le bonhomme, quand même !

Intéressant, non ?

 

Une réflexion sur « Steinbeck, un aspect méconnu »

  1. Le compte y est. Le considéré comme le compte est assez rude mais si ça se compte c’est toujours ça. Je suis vachement flemmard alors. En comptant mes mots je me fais beaucoup de maux et me prends la tête. En quelque sorte la colère rendant aveugle lui a oculté le fait et comme on ne se voit pas il n’a pas vue ce défaut chez lui. Je devrais donc être plus en colère pour me soulager et être gentil. Quel beau programme!

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