Fantasia chez les ploucs – Critique aisée n°240

temps de lecture : 2 minutes

Critique aisée n°240

Fantasia chez les ploucs
ou
Le bikini de diamants
Charles Williams – 1956
Poche – 9€

Je vous l’ai dit l’autre jour, je n’avais pas lu Fantasia chez les ploucs depuis des années et des années. Comme j’en avais parlé avec des larmes dans les yeux à des amis qui ne connaissaient pas ce bouquin des années 50, j’ai foncé chez mon meilleur libraire, où je ne l’ai pas trouvé en stock, pour foncer ensuite chez mon moins bon libraire, où je l’ai trouvé en nombre, en neuf et en occasion, mais je n’en ai pris que deux, et encore, pas sous le titre original. Sans concertation aucune, le nouvel éditeur avait profité de la nouvelle traduction pour changer le titre en « Le bikini de diamants ». Si l’éditeur prétend que ce changement a été adopté pour être fidèle au titre original, The diamond bikini, je doute fortement de cette explication, bien trop rationnelle pour être raisonnable. On ne m’ôtera pas de l’idée qu’on a ainsi cédé aux pressions d’une cabale rurale ou d’un lobby bucolique qui ont exigé que soit retiré de la couverture du livre le mot plouc qui risquait de heurter les sentiments des ploucs, justement. Mon Dieu, que cette époque est risible.

Donc, j’ai acheté deux bikinis chez les ploucs, j’en ai offert un et j’ai lu l’autre.

 D’accord, le plaisir ne fut pas le même que la première fois. D’abord parce que j’ai soixante ans de plus et que, il faut bien le dire, le plaisir s’émousse. Et ensuite, un peu, parce que l’effet de surprise n’y est plus. On connait les naïvetés du narrateur, les pieux mensonges de Pop, les roublardises de Sagamore Noonan, la rage désespérée du shérif, la bêtise obstinée de ses adjoints, la spécialité du Docteur Severance, les problèmes de santé de Miss Harrington, tout le toutim, quoi, ou presque.

Mais finalement qu’importe, on aime l’ambiance de ce sud agricole et marécageux, la langue du petit Billy, les grosses finesses des dialogues entre Noonan et Severance, l’arrivée des chasseurs de lapin à la mitrallette et l’énaurme fantasia finale avec ses parkings sauvages, sa fête foraine à thème, ses policiers exaspérés et ses milliers de ploucs bénévoles lancés à la recherche d’une jeune femme tatouée sur le sein droit et seulement vêtue d’un bikini de diamants dont elle a perdu le haut.

Une grande joie renouvelée que celle des vacances à la ferme, comme le dit le narrateur, 7 ans : « Oh, ç’a été un chouette été, pour sûr. Comme dit Pop, vivre à la ferme, c’est très sain … »

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