Dernière heure : Trottinettes et vieux messieurs

Dernière heure : Trottinettes et vieux messieurs

Paris le 21 septembre 2020

M……,

Je tiens à signaler un incident qui s’est produit le 21 septembre vers 9h30 à la hauteur du carrefour Boulevard Saint Michel / Rue du Val de Grace à Paris 5ème.

Cet incident aurait pu être extrêmement grave pour moi, car ce n’est que de justesse que j’ai évité d’être percuté par une trottinette lancée à très grande vitesse sur le Boulevard Saint Michel en direction du Nord. On peut imaginer facilement la gravité des blessures que provoqueraient sur un homme de 78 ans le choc d’une trottinette lancée à 40 km/h et montée par un adulte de 70 kilos.

Si les détails de cet incident vous intéressent, vous pourrez les lire un peu plus bas dans ce courrier.

Mais avant, je veux souligner combien, depuis quelques mois, il est dangereux de se déplacer dans Paris au milieu des trottinettes et des vélos, dont la quasi-totalité ne respecte aucune réglementation, que ce soit les

feux de circulation, les sens interdits ou les limitations de vitesse. Je me déplace à pied dans Paris tous les jours, et c’est tous les jours que, sans en être nécessairement victime, je constate des comportements qui mettent en danger la santé et même la vie des piétons, qu’ils soient adultes, adolescents, enfants ou bébés en poussettes. C’est tous les jours également que je constate l’agressivité dont font preuve les usagers des deux-roues vis-à-vis des piétons, et même des automobilistes.

Leur comportement a fortement empiré ces dernières années et cela, à mon avis, pour deux raisons :

1- La politique constante menée par la Ville de Paris pour décourager les automobilistes et pour favoriser les déplacements en deux-roues. Tous les aménagements urbains sont désormais orientés vers le confort, la sécurité, la rapidité des déplacements en deux roues, ceci sans considération aucune de la gêne apportée aux autres moyens de transports, autobus y compris. Cette politique a développé chez les usagers des deux roues, du moins chez les plus jeunes et les plus stupides d’entre eux, un sentiment de supériorité, qui les mène à l’arrogance et à l’agressivité, sans oublier le sentiment d’impunité sur lequel je vais revenir.

2- L’absence quasi-totale de surveillance et de sanction des infractions évidentes commises par les vélos et trottinettes. On pourrait penser que cette négligence est explicable par le fait que les engins incriminés n’ont pas d’immatriculation, qu’ils sont difficiles à bloquer, qu’ils sont pilotés par des jeunes qui n’ont pas plus d’argent que de papiers sur eux. Si elle est explicable, cette lacune n’est pas excusable. La Police, par des campagnes de fréquents contrôles aléatoires suivis de sanctions sévères, a su réduire l’utilisation du téléphone en voiture. A des époques plus anciennes, les mêmes méthodes avaient réussi à éliminer l’utilisation du klaxon en ville et à rendre effectif le port de la ceinture. Des méthodes semblables (contrôles aléatoires fréquents et sanctions sévères) devraient faire rentrer dans le rang les plus raisonnables des contrevenants. Pourtant, depuis des mois que se multiplient ces incidents, on ne voit pas mettre en œuvre ou même seulement annoncer une politique répressive envers les vélos et trottinettes. On n’ose penser que cette négligence soit due à des raisons politiques ou électorales.

Par cette lettre, je n’espère pas faire revenir sur les derniers aménagements de la circulation en ville. C’est un autre sujet. J’espère simplement avoir quelques informations sur les intentions des autorités quelles qu’elles soient quant à la mise en place d’une politique de surveillance, de contrôle et de sanction de la circulation des vélos et trottinettes.

Puisqu’il semble que vous ayez lu cette lettre jusqu’ici, peut-être les circonstances exactes de l’incident vous intéresseront-elles ? Elles sont malheureusement banales et courantes.

Au carrefour Rue du Val de Grace / Boulevard Saint-Michel, il y a un feu de circulation.

En tant que piéton, venant de la Rue du Val de Grace, je désirais traverser le Boulevard.

J’ai attendu que le feu passe au rouge pour les voitures (et pour les vélos !), puis qu’il passe au vert pour les piétons pour poser un pied sur la chaussée. A ce moment, j’ai vu arriver sur la voie réservée un vélo qui venait vers moi à grande vitesse. J’ai crié en lui faisant des signes « Feu rouge ! Feu rouge ! ». Il n’en a tenu aucun compte et a brûlé le feu rouge sans ralentir, tandis que je remontais sur le trottoir pour l’éviter. Ce danger passé, je suis redescendu sur la chaussée redevenue libre et j’ai traversé la voie réservée pour m’engager sur la voie des automobiles, le feu de circulation étant bien entendu toujours au rouge pour les voitures. Sur ma gauche, une première trottinette s’est présentée, également à très vive allure, visiblement sans intention de s’arrêter au feu. J’ai dû reculer pour l’éviter, mais est survenue derrière elle une deuxième trottinette, que la première m’avait cachée. Comme elle, elle roulait très vite sans intention de respecter le feu de circulation. A cette heure, je ne comprends toujours pas comment le choc n’a pas eu lieu. Le conducteur et moi avons dû avoir des réactions compatibles, mais il aurait suffi que l’un d’entre nous réagisse différemment pour que l’accident se réalise.

Cet incident est demeuré sans conséquence, mais il aurait suffi de très peu pour qu’il tourne à la catastrophe. Il est par ailleurs représentatif de ce qui se produit tous les jours à Paris, et de nombreuses fois par jour.

Il est indispensable que la Police, la Ville, la Région prennent les mesures nécessaires pour faire rentrer dans l’ordre et la normalité les usagers des vélos et trottinettes.

Veuillez agréer, M…… , l’assurance de mes sentiments distingués.

Cette lettre a été adressée aux personnalités suivantes :

Monsieur Didier Lallement, Préfet de Police
Madame Laetitia Vallar, Service de la Communication de la Préfecture de Police
Madame Valérie Pécresse, Présidente du Conseil Régional d’Ile de France
Monsieur Stéphane Baudet, Vice-Président du Conseil Régional d’Ile de France
Monsieur Gilles Le Gendre, Député du Vème ardt
Madame Florence Berthout, Maire du 5ème arrondissement
Monsieur Edouard Civel, 1er Adjoint au Maire du 5ème arrondissement
Madame Anne Hidalgo, Maire de Paris
Monsieur David Belliard, Adjoint au Maire de Paris

On ne manquera pas de vous faire part des réponses obtenues.

6 réflexions sur « Dernière heure : Trottinettes et vieux messieurs »

  1. Belle démonstration. Logique. Évidemment, vu comme ça ! La trottinette remplace le cocotier des tribus moins civilisées.
    À propos, j’ai reçu hier un long appel téléphonique de l’attaché parlementaire du député Le Gendre. J’en reparlerai.

  2. Je crains qu’il ne faille se rendre à cette évidence : les « nouvelles mobilités » sont une « révolution » et il est impératif – et ajouterai-je, inéluctable – de mettre en place  » des alternatives à la voiture ».
    Une seconde évidence : personne ne respecte plus rien ni personne.
    Une troisième évidence : les vieux coûtent cher à la collectivité.

    Conclusion : un vieux qui se fait hacher menu par une trottinette est une variable d’ajustement.

    Vive la France ! Pendant ce temps, les chinois continuent de nous vendre à prix d’or des batteries pour véhicules électriques … comme les trottinettes par exemple.

  3. Mes chers Edgard et Jim
    si vous êtes un peu cyniques, et toi Bruno, si tu es un peu ironique, je suis, moi, peu musicien. Je ne dispose donc d’aucun instrument de musique me permettant de soulager mes envies d’exprimer la rage qui me prend quand j’observe les trottinettes et vélos parisiens. 
Alors, j’écris. C’est mon truc maintenant.
    J’aurai pu faire de cette fureur une lettre ouverte. Je me voyais bien alternant les styles de Cicéron, de Pierre Desproges et d’Emile Zola. Mais qui l’aurait lue, cette lettre ouverte ? Les trente ou quarante lecteurs qui suivent le JdC, aimables lecteurs, certes, mais tout aussi impuissants que moi à faire avancer le schmilblick ? La belle affaire !
    J’ai donc choisi la Lettre aux Édiles, sans illusion aucune sur son efficacité. Mon véritable but est de voir, si j’en obtiens, quels genres de réponses et de qui je les obtiendrai (d’accord, le pluriel est présomptueux).
    Seront-ce (?) des accusés de réception (nous avons pris bonne note et ne manquerons pas de …), des propos lénifiants ( après tout, il n’y a pas mort d’homme), des exposés humanistes (il faut bien que jeunesse se passe), des bottages en touche (cette question n’ayant pas de notre responsabilité, nous avons transmis votre réclamation à…), des fins de non recevoir (n’habite pas à l’adresse indiquée), etc…
    Il s’agit là d’un sondage ou plutôt d’une expérience scientifique dont je saurai bien entendu tirer les conséquences.

  4. Je doute que cette lettre, bien écrite certes, légitime, justifiée, mais trop longue, émanant d’un vulgum pecus, excuses ma franchise Philippe, fasse réagir les édiles destinataires. Il n’y a pas mort d’homme, la preuve est dans la lettre, et il n’y a pas de cc à la presse, qui s’en fout aussi d’ailleurs.

  5. Si tu as un violon dont tu ne sais que faire, pisse dedans ! Je pense que tu verras un résultat. Mais ta lettre à toutes ces sommités que tu as rendues destinataires …

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