Journal de Campagne (44)

Journal de Campagne (44)
mardi 28 avril 2020 – 16h47

Dans le numéro 27 daté du 11 avril de ce Journal de Campagne, je vous avais promis le récit de ma première rencontre avec un agriculteur voisin. Eh bien, cette aventure vous sera contée en trois épisodes dès demain matin. Dans cette histoire entièrement véridique, le nom des intervenants, des animaux (à part le chien) et des lieux ont été changés.
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Mais pour aujourd’hui, voici un extrait d’un autre « Journal de Campagne », celui d’Albert Camus.

Samedi 1er juillet 1944

(…) Nous avons attendu deux heures à Meaux pour qu’on veuille bien nous redonner un train. Trois quarts d’heure après nouveau changement et à 17 heures, nous étions arrivés. J’étais fatigué comme un chien noir, mais content d’en avoir fini.  On m’a offert une maison dont une aile a été bombardée mais dont le reste est habitable. Mais c’est couvert de poussière et j’en ai pour quarante-huit heures à rendre ça convenable avec l’aide d’une brave femme du pays.

Passons à la description. Le pays, c’est un vallon dont les deux pentes sont couvertes de cultures et d’arbres moyens. Il y fait frais, il y’a des bruits d’eau et des odeurs d’herbe, des vaches, quelques beaux enfants et des chants d’oiseaux. En montant un peu, on gagne des plateaux plus dégagés où l’on respire mieux. Le village : quelques maisons et quelques braves gens. Quant à la maison elle est enfouie au milieu d’un assez grand jardin plein d’arbres et des dernières roses de l’année (elles ne sont pas rouges). Elle est à l’ombre de la vieille église et la partie supérieure du jardin est un pré ensoleillé juste sous les arcs-boutants de l’église. On peut y prendre des bains de soleil. (…)

Ce que vous venez de lire est un extrait de la lettre qu’adresse Albert Camus à Maria Casarès le 1er juillet 1944.  Cela fait un mois qu’Albert Camus l’a rencontrée à Paris, mais il doit quitter la ville pour sa sécurité. Il rejoint la maison de Verdelot de son ami Brice Parain, philosophe, et écrit tous les jours de longues lettres passionnées à la jeune comédienne. Dans cet extrait, il lui décrit les lieux.

Verdelot n’est qu’à une dizaine de kilomètres d’ici, et si je savais que Pascal Jardin y avait une belle propriété, personne ne m’avait jamais dit que Camus avait séjourné dans ce petit village, aujourd’hui connu seulement pour son école de kayak et son moulin industriel. Un petit coup de Google m’apprend quand même qu’à Verdelot, il existe une salle Albert Camus, mais à moi, on ne me dit jamais rien. Quand ce sera possible, j’irai là-bas  pour tenter de trouver cette maison. Un peu plus tard, Qwant m’apprend que la maison de Brice Parain à Verdelot s’appelait Le Pressoir. Ça devrait faciliter les recherches.

Quand on est à la campagne, il faut bien se trouver des buts de promenade.

P.S. Pour ceux qui connaissent le coin, je joins la photo des environs de l’église. Ça les aidera peut-être à trouver.

 

2 réflexions sur « Journal de Campagne (44) »

  1. Confrontant la belle et exacte, forcément exacte, description de Camus à la photographie aérienne, encore plus certainement exacte quoique décalée de 76 ans (mais le temps passe-t-il à Verdelot ?), il me semble que la maison Parain doit être celle, juste au-dessous de l’église, dont l’entrée fait face au véhicule rouge qui n’est peut-être pas d’époque. L’aile bombardée semble avoir été joliment reconstruite.
    Bien qu’ayant lu cette lettre, je n’avais pas fait le rapprochement avec ce Verdelot-là, dont je connais l’église Saint Crépin-et-Saint Crépinien, les Moulins Bourgeois et les Jardins du Point du Jour.
    Retrouvons-y-nous dès les 12 mai (si nous ne sommes pas reconfinés au bénéfice de l’âge) !

  2. Réaction à chaud, Car je guettais le JDC pour me distraire après avoir écouté notre Panda national : pas de miracle , rien n est sur, juste compris que je pourrai élargir mon cercle , que les librairies vont rouvrir , eT que 100km autorises nous conduiront près de Champ de Faye eT tout pres de Verdelot :Boulan.
    ET ma vive réaction vient de la : j ignorais aussi ce voisinage camusien.Moiqui ai tant aimé  » le premier homme » » eT l hommage rendu à sa mere analphabète, je le trouve un tantinet condescendant avec ces braves gens,notre grand Albert.
    Mais sans doute suis je agacée par ce deconfinemnt de Normand : ni oui ni non.

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