Journal de Campagne (42)

Journal de Campagne (42)
Dimanche 26  avril 2020 – 16h47

Comme vous le voyez ci-dessus, c’est aujourd’hui le quarante-deuxième numéro de ce Journal de Campagne. Je l’ai commencé le 16 mars, quelques heures avant le discours confinant du Président et quelques jours après nous nous soyons retirés sur notre Aventin.

En faisant cela, mon premier objectif, était d’écrire chaque jour un article sur n’importe quoi, sur l’herbe qui pousse, le tas de bois qui grandit, le merle qui écrit sa musique, la senteur du diesel qui monte dans le soir, le couvreur qui devise sur la tuile plate, Le Donald qui donalde, la série qui n’en finit pas, l’aurore facétieuse, la fin de soirée précoce, la difficulté d’écrire…, les choses de la vie, en somme, comme disait Paul Guimard. Eh bien, il semble qu’à ce jour tout au moins, cet objectif ait été atteint : 42 articles représentant un total de 18.916 mots (vous pouvez vérifier), près de 60 pages.
Le deuxième objectif lui aussi est en cours d’accomplissement. Au début de ce Journal de Campagne, j’avais sollicité, un peu lourdement il faut le dire, les commentaires des lecteurs. Eh bien ils sont venus : 366 commentaires entre le 16 mars et le 25 avril, et surtout, des commentaires de plus en plus développés, de plus en plus écrits, de plus en plus personnels. On y souvent des preuves flagrantes de culture, de fréquentes traces d’humour, quelques velléités d’humanisme, quelques accès de tristesse, des poussées de colère et parfois même des motifs d’espoir. Bien sûr, deux commentateurs fameux aujourd’hui abonnés absents nous manquent un peu, mais d’autres sont apparus ou revenus. Alors, surtout ne lâchez pas le morceau, continuez comme ça ! Nous avons grimpé la côte, passé le col, on nous jure que nous sommes sur le plateau et même que la pente s’inverse. Bientôt, ce sera la descente, en roue libre, le vent dans les cheveux, droit sur la selle, le T-shirt claquant sur les reins, avec en horizon la petite terrasse du bistrot qui nous attend en bas au bord de la rivière avec sa Stella Artois ruisselante de condensation. C’est pas un bel avenir, ça ?

Comme disent les anglo-saxons : We shall prevail !

Musique !

P.S. : Ah ! Qu’est-ce qu’il nous manque, Churchill ! Oui, je sais que, pour une fois, ce n’est pas lui qui a dit we shall prevail , mais il me manque quand même.

Ah ! J’allais oublier : aujourd’hui, c’est le 456ème anniversaire du baptême de William Shakespeare. On ne peut pas célébrer l’anniversaire de sa naissance car on n’en connait pas la date. Ce mystère a favorisé la naissance, si j’ose dire, de rumeurs et même carrément de fake news qui trainent en boucle sur internet depuis plus de 400 ans et selon lesquelles Shakespeare n’aurait jamais existé et que ses pièces ont été écrites par d’autres. A ce propos, vous pouvez vous reporter à la très intéressante étude que j’ai publiée ici même il y a un peu plus de deux ans sous le titre — à dessein trompeur, pour ne pas effaroucher les esprits futiles toujours plus tentés par les récits épiques que par les thèses historiques —  « Les nouvelles aventures de William Shakespeare n°6 » que vous pouvez retrouver en cliquant sur ce lien, si vous y arrivez.

 

4 réflexions sur « Journal de Campagne (42) »

  1. 42, un chiffre qui a des vertus et une symbolique, biblique par exemple, mais je ne saurais dire lesquelles. Toutefois, je sais qu’une température de 42 ° est plus qu’alarmante et même fatale si prolongée et que le 42ème parallèle de latitude Nord a été retenu pour tracer la frontière entre certains états américains. Drôle d’idée, non?

  2. Petit texte en forme d’hommage

    Devrai-je avouer que je trouve un certain plaisir à cette vie restreinte et expurgée que le confinement nous impose ? Ne rien faire, n’est-ce pas ce que j’ai toujours rêvé de « faire » ? Si, mais la morale, la vie des autres et l’avis de ma femme m’en ont empêché pendant plus de cinquante ans. A juste raison d’ailleurs. Ne rien faire, quand on a vingt ans, c’est courir à l’échec et à la dénégation de soi : une vie sans résultat, même subjectif et surtout subjectif, est-ce vivable ? Non.
    Ne rien faire du matin au soir, ou pas grand-chose, enfin! Quel bonheur d’aller à la supérette acheter un saucisson sous cellophane, une baguette d’origine indéterminée, mais bonne, et une bouteille de Gamay de Touraine à 3 euro 50 plus qu’acceptable (mais l’aurait-il été en temps normal, mystère) ! Quel bonheur de n’avoir que deux tee-shirts, deux caleçons et deux paires de chaussettes ! Quel bonheur de marcher une heure en refaisant chaque jour le même trajet qui révèle pourtant à chaque fois de nouvelles merveilles photographiques ! N’est-ce pas la vie à laquelle je rêvais en secret ?
    Heureusement qu’on ne s’appelle pas tous Philipe C., celui que le salut de ses abonnées oblige à raconter sa vie quotidienne, depuis son réveil à quatre heures du matin (mais est-ce vrai ?) jusqu’à son coucher à minuit passé (mais dormir seulement quatre heures par nuit est contraire à toutes les règles de bonne hygiène mentale) et oblige aussi à nous livrer ses pensées philosophiques habitées de dérision, d’humour et d’élégance d’un autre temps.
    Tout cela finit quand même par nous agacer un peu. Il a choisi sa punition et c’est bien fait pour lui. Mais écrire tous les jours, que dis-je tous les jours, deux fois par jour, un journal à la qualité littéraire indéniable, aussi éclectique que personnel et encore plus personnel qu’éclectique, en voilà un exploit dont nous, et surtout moi, ne serions pas capables. Donc, mon cher Philippe, tous tes fidèles lecteurs, ton psychanalyste et moi-même, nous te remercions du fond du cœur.
    Il faut bien reconnaitre qu’en cette période ton blog a offert une bouffée d’oxygène aux confinés et une bouée de sauvetage aux naufragés. Et à tous, il a donné la possibilité de parler tous les jours et même deux fois par jour. Quelle aubaine ! N’est-ce pas, Lariégeoise ? Grâce aux correspondances, nous fantasmons sur la vie de cette bienveillante maquilleuse de la réalité qui dit habiter tantôt l’Ariège, tantôt le Jura, tantôt le Trocadéro, mais toujours dans des régions hors des circuits touristiques et du snobisme post-soixante-huitard.
    Je dois vous avouer ma reconnaissance, à vous madame Lariégeoise et à toi Philippe. Sincèrement, vous me donnez le tournis. Merci.

  3. C’est normalement à l’heure de l’Angelus, vers 18h10, donc, que posant au sol les dents aiguës de la fourche polie et s’appuyant sur son manche de bois lisse, tout en joignant les mains, l’épaule tournée vers celle de sa compagne et les yeux tournés vers le couchant, on regarde le labeur accompli, comptant les pas parcourus et les gerbes liées.
    Vu l’œuvre accomplie depuis quarante deux jours, deux de plus que ceux durant lesquels Jesus résista au désert contre toutes les tentations, je comprends que tu t’y sois pris un peu plus tôt et que, à 16h48, sans attendre que résonne le clocher de l’église (y en a-t-il d’ailleurs une à Champ de Faye ?), posant à ton tour ton instrument d’écriture, tu mesures et partage l’oeuvre qui marquera à jamais, génération après génération, la mémoire des confinés d’aujourd’hui et des siècles à venir.
    Dès que nous aurons été relâchés, nous ne manquerons pas de convoquer Millet pour qu’il traduise et fasse apposer sur les galeries du Louvre, ce symbole sacré de l’éternel labeur.

  4. 7 eme Dimanche surtout….
    42 eme pastille de la souris….
    150 vidéos gag ,reçues, envoyées , effacées pour la plupart….
    5 groupes WhatsApp app,à gérer: la famille proche , la famille éloignée, les amis américains, les cousins en Allemagne, le groupe de soutien à un ami hospitalisé pour plus grave que Covid.
    42 eme tour d une heure , en long ,en large en travers, depuis que je suis accompagnée de mon guide perso : lui ne part jamais nez au vent, non un tour de rue, ça se préparecomme une bavante en Ariege : on répère la tangente du cercle qui va bien , le château démoli, le viaduc teconstruit,le train désaffecté, l ancienne maison des Goncourt, eT on se lance masques….on cherche les montées ou les descentes, nous sommes sur la colline de Chaillot que diantre.
    Notre sommet c est l esplanade du Trocadéro, évitée pour cause de contrôles quasi automatiques.
    7 eme bouteille de champagne, notre vin de messe du dimanche
    ET j oublié les photos des 36 cakes sucrés, salés,du pain au levain fait maison, émises par une intello qui m est très chere….
    Voilà : le croque mort ne nous impressionnera pas ce soir….
    Nous survivrons….

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