Morceau choisi
Pas un couteau de cuisine, évidemment, ni un couteau de voyous à cran d’arrêt. Mais pas non plus un canif. Disons, un Opinel n°6 ou un Laguiole. Un couteau qui aurait pu être celui d’un hypothétique et parfait grand-père. Un couteau qu’il aurait glissé dans un pantalon de velours chocolat à larges côtes. Un couteau qu’il aurait tiré de sa poche à l’heure du déjeuner, picorant les tranches de saucisson avec la pointe, un couteau qu’il aurait refermé d’un geste ample et cérémonieux, après le café bu dans un verre —et cela aurait signifié pour chacun qu’il fallait reprendre le travail.
Philippe Delerm – La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules – 1997
Oui, je sais, c’est cliché… mais c’est chouette quand même, non ?