Avoir raison avec Aron…

Avoir raison avec Aron, ou se tromper avec Sartre (ou avec Libération) ?

La liberté de critique est totale en URSS et le citoyen soviétique améliore sans cesse sa condition au sein d’une société en progression continuelle. 

J.P. Sartre, de retour d’URSS, Libération, 15 juillet 1954

10 réflexions sur « Avoir raison avec Aron… »

  1. L’éponge est jetée…

    Je veux bien avouer avoir fait un amalgame totalitaire autour de ce trait du caractère américain… mais y a t il vraiment un seul Américain qui voit ailleurs, au delà des frontières un modèle politique, social, culturel, économique dont les États-Unis devraient s’inspirer?

  2. René-Jean, il va falloir que l’un de nous deux jette l’éponge. Ce sera donc ma dernière intervention sur cette séquence. Je suis evidemment impressionné par ta connaissance, vécue aussi bien qu’académique, des Etats Unis. Je n’ai pas de désaccord majeur avec ce que tu écris, seulement quelques points de détail que je ne partage pas. Par exemple, je pense qu’il est impossible de généraliser quand on parle des Americains. Il n’y a pas de profil type. Tu écris que la faiblesse des Américains est qu’ils pensent être l’avenir de la planète. Peut-être « certains » Américains, mais pas tous, et certainement de moins en moins. Beaucoup, me semble-t-il, ont des doutes sur le leadership de leur pays, ou ne le revendiquent plus. Ils font partie des plus éduqués bien sûr et ne sont pas les électeurs de Trump. Ils seront rejoins par les déçus du Trumpisme, c’est inéluctable.

  3. Cher Jim

    Je partage, sous un autre angle, nul ne peut se mettre dans les chaussures d’un autre, toute ton admiration pour ce grand pays. Mon père, qui lisait peu et ne comprenait pas un mot d’anglais, feuilletait religieusement les revus hebdomadaires américaines accessibles à Paris. Il était justement convaincu que la publicité était une invention américaine et s’en inspirait allègrement.

    À sa suite, je suis allé plus loin et affirme encore que la communication, tant sur les plans théorique que pratique est une invention américaine alors que les vieux pays se contentent de reproduction culturelle!

    Mes deux années d’études doctorales à Iowa City ont été deux années de bonheur total. Même si mon épouse n’est pas née, comme la tienne, dans la ville venteuse mais, un peu plus au nord, à ‘Moonbeam, un coin perdu dans le Nord Est habitable de l’Ontario et qu’elle soit parvenue à s’exprimer en français pratiquement sans accent (du moins à mon oreille), je suis convaincu que, comme beaucoup de francophones canadiens, elle est plus américaine que ses concitoyens anglophones de naissance. Elle lit des romans de science fiction et des polars américains à la tonne. Ne regarde que des films et des séries de télé US. Déteste, comme son père, les séparatistes québécois et subit les nouvelles françaises et quelques émissions de variété que je regarde pour réconforter mon exil (quand je regarde ‘Tout le monde veut prendre sa place,’ je me réjouis de ne plus être en France). C’est aussi elle qui m’a aidé à rédiger ma thèse de doc en anglais. Elle parle parfaitement cette langue, ce qui explique aussi que ma fille soit devenue traductrice.

    À l’université, j’ai contribué à la mise sur pied d’un certificat interdisciplinaire d’études américaines niveau maîtrise. Dans mon département de com. j’ai créé un cours de maîtrise sur ‘Les États-Unis, leurs cultures et leurs médias.’

    Ma thèse portait sur les différentes conceptions du fonctionnement de la communication imaginées par les penseurs américains et l’incidence que ces différents paradigmes pouvaient et auraient pu avoir sur la pratique américaine du commerce international. Ma thèse était très proche des idées de Trump sur le déclin de l’économie et des finances américaines sur la scène mondiale. En 1980, rares étaient les économistes US qui pensaient que le commerce international était un élément important de l’économie américaine. Comme Trump, je pense que les États-Unis se sont souvent fait avoir dans les négo. transnationales. Mais avec Fulbright et contre Tump, je pense que la faiblesse majeure des Américains provient de leur croyance qu’ils constituent l’avenir de l’humanité et que les les langues et les cultures étrangères sont des vestiges du moyen âge appelées à disparaître. Ignorant royalement les langues et les cultures que leurs citoyens ont fuies à un moment ou l’autre pour construire leur pays, ils ne sont plus du tout en mesure de comprendre le reste du monde.

    J’ai aussi écrit de nombreux articles ‘académiques’ dont un dans ‘Le dictionnaire critique de la communication’ dirigé par Lucien Sfez et publié aux PUF. J’y fais l’éloge de la mobilité et du déracinement perpétuel des Américains (l’anti culture cultivée si bien souligné par Jean Baudrillard dans ‘L’Amérique.’ )

    J’ai toujours été très séduit par la thèse que développe Hannah Arendt dans son ‘Essai sur les révolutions.’ Elle yi fait l’éloge de la Révolution de 1776… et de sa préséance sur la Révolution Française.

    Bref, j’aime aussi les États-Unis et, quoi qu’en pense Philippe, je me sens plus Américain que beaucoup d’Américains.

    Ceci dit, aujourd’hui, comme on pouvait aussi l’entrevoir hier, et avant hier, les États-Unis sont terriblement divisés et en proie à de forts populismes de gauche et de droite.

    Il suffit de regarder Fox News et de lire les éditoriaux du New York Times y compris ceux de Thomas Friedman pour voir l’ampleur du continuum gauche – droite.

    Si le scénario de Network décrivant le sort de Trump n’a pas encore été exécuté, c’est parce que les responsables du pays (représentés dans Network) sont conscients des énormes risques de guerre civile… La guerre de sécession n’a pas cessé c’est sûr!

    J’aimerais tant que tu aies raison et qu’effectivement on puisse voir le balancier revenir de l’autre côté dans quelques années.

    Je pourrais être encore plus optimiste que toi et imaginer que grâce au fait que Trump ait laissé tomber le masque du pouvoir capitaliste en éliminant les politiciens marionnettes (feignant de représenter le peuple mais succombant aux pressions des Lobbies) pour se mettre directement à leur place finira par faire prendre conscience au monde entier de l’horreur (the Ugly American) et de l’incompétence (les crises de 2008 se reproduiront) du capitalisme global!

    Je crois même que cette trajectoire est inéluctable, Trump aura alors accéléré la chute de l’empire économico-financier américain. Le problème, bien sûr, est de connaître l’ampleur et la nature de tout ce qu’il va entraîner dans sa propre chute! Le spectre d’Hitler me hante comme il hante les éditorialistes du NYT qui connaissent fort bien ce sujet.

    Dr. Strangelove, Hope Not!

  4. Salut René-Jean,
    Je réponds à la deuxième partie de ton dernier commentaire qui s’adresse à moi, laissant de côté celle adressée à Philippe. Je n’ai rien à y redire et partage même tes vues, notamment celle qu’Aljezeera est une très sérieuse chaîne d’information que je consulte parfois. Je lis aussi occasionnellement le NYT. (En 2003, je fus très fier que ma lettre en réponse objective à un éditorial affreusement tendancieux de Thomas Friedman, grand défenseur de GW Bush et grand pourfendeur de la France, fut éditée). Toutefois, je pense être moins pessimiste que toi s’agissant de ce que Trump accomplira d’irréparable en Amérique. Je vais essayer de m’en expliquer. Et d’abord, une citation de ce vieux Winston: « Si vous savez regarder loin dans le passé, vous saurez regarder loin dans l’avenir ». Elle est la base de ma conviction. Depuis ma plus tendre enfance et pour des raisons multiples, sentimentales ou non, l’Amérique a exercé une fascination sur moi. Mais je précise bien, sans que j’en devienne un adorateur inconditionnel. Au début, ce sont les GI ou des officiers américains avec les quels mes parents entretenaient des relations amicales qui ont suscité mon intérêt. Puis ce sont les westerns qui me fascinaient (le premier, vers 1953? La Flèche Brisée de Delmer Daves, avec Robert Taylor). Les premiers livres furent les aventures d’Hoppalong Cassidy ecrites (mais sous un autre nom d’auteur) par le spécialiste du roman Western Lamour. Ensuite la lecture des grands romanciers: Steinbeck, Caldwell, Hemingway, etc, et les romans policiers bien sûr (Dashiell’Hammett, Raymond Chandler et biens d’autres). Enfin, la révélation avec une visite de deux mois sur place, en compagnie de Philippe et deux autres compères, from coast to coast. Puis en 1965-66, l’Université de l’Illinois, boursier Fulbright, dont je suis revenu avec un Master of Science en Économie et celle qui allait devenir la troisième moitié, ma future épouse, à ajouter à mes deux premières moitiés de naissance (françaises et anglaises), et une nouvelle proposition de bourse pour un doctorat mais que que je n’ai pas retenue, à tort peut-être. Je n’ai jamais eu la prétention d’être un expert de l’Amerique mais j’ai une certaine compréhension de ce pays dont l’histoire et le présent continuent de me fasciner. C’est pour moi un pays, une nation plutôt, à nulle autre pareille. C’est une construction humaine, artificielle, hétéroclite par le jeu de l’émigration, dans le temps et dans l’espace (The New Frontiers, concept très important à comprendre). Ma femme et moi, surtout depuis ma retraite, visitons régulièrement les différentes régions avec pour prédilection celles qui sont liées à l’histoire d’origine, la Nouvelle Angleterre, la Virginie, la Louisianne, mais aussi l’Amerique profonde, celle des routes parallèles aux autoroutes qui traversent les petites villes, et surtout celle du Middle Ouest dont est issue ma chère et tendre (Chicago). La période qui va de la guerre d’indépendance à la constitution de l’Etat Fédéral, disons de 1774 à 1789, est passionnante. Les Thomas Jefferson, surtout lui, Benjamin Franklin, Madison, Adams, etc, sont extraordinaires de détermination et de clairvoyance. Mais il n’y avait que 13 états à unir, pour le peuple et par le peuple, quelques millions d’habitants originaires essentiellement d’Angleterre et d’Allemagne, plutôt Protestants, et d’Afrique, esclaves bien sûr. C’était assez simple somme toute une fois l’indépendance acquise. Mais bientôt, la population a explosé avec des origines diverses, le nombre d’états est monté à 50, des différences de toutes natures se sont installées, et ça continue! L’économie industrielle et capitaliste des États du nord s’est opposée à celle rurale, exportatrice, des États du sud. Alors, après tout ça, où veut-je en venir? Simplement dire que l’histoire de la fabrication des États Unis n’a pas été un long fleuve tranquille, plutôt, à mon sens, un torrent tumultueux, parfaitement illustré musicalement par la 9ème symphonie d’Anton Dvorak dite du Nouveau Monde. L’Amerique a traversé des épreuves qui auraient pu la conduire à sa perte, en particulier la Guerre de Sécession, mais qui ont été surmontées. Avec la guerre de 14/18, elle s’est retrouvée malgré elle associée à une guerre mondiale avec des responsabilités internationales nouvelles pour elle. Rebelotte en 42/45. Ces responsabilités, bien réelles, il faut bien le comprendre si on veut comprendre le phénomène Trump, sont rejetées par une majorité de la population venue en Amérique, ne l’oublions pas, pour échapper aux affres de ce qui se passait dans les pays qu’ils avaient fuis et connaître une vie « rêvée » en Amérique (un travail, un revenu, une maison, une education pour les enfants), le reste basta! Avec ces responsabilités, de nombreuses épreuves traumatiques sont venues s’ajouter aux précédentes: la guerre du Vietnam par exemple, 9/11, l’Irak, pour ne citer que ça, et puis aussi le phénomène difficile de l’intégration des populations noires. En résumé, car je me suis laissé embarquer par passion dans une explication bien trop longue: l’histoire de l’Amérique est remplie d’épreuves qui semblaient insurmontables, un peu comme les vagues qu’affronte un navire dans la tempête, mais elle s’en est toujours sortie tant bien que mal. Oui, mal souvent! Mais c’est là justement une caractéristique, toujours à mon sens, de l’Amérique, qui trouve toujours une porte de sortie. Pourquoi? Parce que le système mis en place par les pères fondateurs, a prévu cette sortie par le jeu inéluctable des contre-pouvoirs et du pragmatisme (relations internationales) qui sont là pour empêcher toute concentration du pouvoir entre des mains dictatoriales. Trump va continuer quelque temps à fanfaronner, faire des dégâts, sous le regard ébahi des détenteurs des contre-pouvoirs qui l’observent sans pouvoir réellement agir (il a bien été élu, c’est indiscutable) puis les choses rentreront dans l’ordre avec une nouvelle administration qui reprendra les rênes. Et comme ça jusqu’au jour où l’Amérique, comme toute construction humaine à grande échelle, à l’instar de l’Empire Romain, se disloquera pour de bon. Mais je pense que c’est pas demain la veille.
    René-Jean, toi qui est un universitaire, je te recommande le livre remarquable récemment écrit par l’un de tes coreligionnaires français, Jean Kempf, professeur de civilisation américaine a l’université de Lyon. Je l’ai lu avec grand intérêt (moins de 200 pages passionnantes).
    Le titre du livre de Jean Kempf est « Une histoire culturelle des Etats-Unis ». Remarquable. Écrit par un professeur français mais toutes les sources utilisées sont américaines. C’est un livre qui s’adresse plus à des universitaires ou des étudiants (en cycle Master ou Doctorat) qu’au grand public. C’est pour ça René-Jean, que je te l’ai recommandé, a titre de curiosité bien sûr!

  5. Cher Philippe

    Tout auteur a ses intentions… Tout lecteur a les siennes aussi!

    Écrire et publier, même sur la toile… C’est jeter en pâture à tout lecteur visé ou non prévu qui ‘overhear,’ ‘overwatch,’ etc, un morceau de viande dont la signification ultime variera selon qui le dévorera: lions, chacals, vautours, aigles fins, mouettes, verres de terre, asticots charognards! Chacun y puise son énergie et, par un phénomène dont la métaphore la plus pertinente pourrait être le métabolisme, chacun en fait ce qu’il peut ou ce qui lui semble bon.

    Chacun fait feu de tout bois au grand dam des vœux pieux de l’auteur qui peut ainsi voir l’édifice qu’il cherchait à construire s’envoler en fumée!

    Sartre avait bine compris dans « Qu’est-ce que la littérature (1947) » que tout œuvre littéraire était une co-construction 50/50 auteur/lecteur… je pense que, en fin de compte, c’est l’auteur qui a le dernier mot et surtout le dernier geste. Il agit non pas en fonction des intentions de l’auteur (qu’il devine ou pas) mais selon les balises que les rapports de coerséduction dont il a été victime ont fixées sur sa carte écran radar!

    « Tout génie lu par un con, n’a écrit que des conneries » Loi de Variété requise d’Ashby!
    Tu vois que je te laisse le beau rôle… qui reste vain!

    Cher Jim

    Pendant que tu esquivais les noix de coco, j’ai élargi ma vision télé. J’ai ajouté Euronews et surtout FOX news à ma palette: Télématin, le 20h, CBC, RDI, BBC, CNN et surtout Aljezeera (le plus honnête!) Je persiste à lire un peu du Monde et du monde diplo (pas de Libé! pour ne pas choquer Philippe) mais surtout de façon assidu le NYT.

    Ce quotidien, phare des autres médias (US et occidentaux) a toujours été fermement anti Trump et, depuis hier, le parallélisme Trump// Hitler s’accentue. Les journalistes les plus réputés de cette institution newyorkaise s’attendent à « l’Incendie du Reischstag… » (eux ont de bonnes raisons de se souvenir de l’ascension d’Hitler) une attaque terroriste du genre 9/11. Elle permettrait à Trump, comme le 9/11 a permis à GW Bush de faire fi de tous les contre pouvoirs!

    Avec, comme éminence grise, Bannon qui s’inspire des théoriciens du fascisme italien
    et concocte au Vatican des coups contre le pape jésuite, théologien de la libération en réactivant ses contacts avec les intégristes cathos.

    Les journalistes du Time ne voient pas qui alors pourra arrêter Trump!

    Le réveil des nationalismes identitaires à la sonnerie des clairons de Trump ne pourra avoir que les conséquences que l’on a connu au milieu du XXe siècle, sous les roulements de tambours guerriers.

    On prend les mêmes et on recommence avec des arsenaux et des moyens de destruction infiniment plus puissants!

    L’humanité n’apprend rien, pour la bonne raison qu’à chaque fois qu’un enfant parait on repart à 0. Rien ne se transmet! le savoir est indissociable de l’expérience et des pérégrinations personnelles. La mort anéantit tout!

    Mon goût prononcé pour l’internationalisme à la Jean Jaurès (ennemi juré des Lepens et de quelques conservateurs plus honorables) me vient de ma toute petite enfance (Freud prétend que tout se joue dans les 3 premières années) marquée par la fin de la guerre et les grands envols humanistes qui fleurissent dans le fumier des conflits catastrophiques!

    Avec la disparition de mon espèce, se consument tous les freins qui pouvaient ralentir, à défaut d’empêcher, la reproduction des grandes catastrophes historiques.

    Je plains celle et ceux qui ont eu la folie de semer à tout vent et se retrouvent avec une ribambelle de petits … qu’il va falloir sauver des grands loups … quand la bise sera revenue! Ça ne saurait tarder!

    Bon week end!

  6. Après quelques jours passés sous les cocotiers et les cyclones tropicaux, je retrouve la chienlit habituelle bien française et ses échotiers (je ne résiste pas à cette association de mots, pardonnez moi). Sous les cocotiers, je n’ai pas échappé à Trump et je l’ai vu sur une petite lucarne dire le plus sérieusement du monde qu’il y avait bien une opposition agissante en Amérique et que celle-ci était la presse, absolutely rigged obviously. En réalité, Trump pose un problème propre à nos démocraties occidentales et au rôle que joue les médias, ou plutôt, qu’il ne joue plus. Je ne les défendrais pas car je n’en ai pas une bonne opinion moi-même, même si Le Figaro cite Beaumarchais depuis toujours sous son titre: « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ». Je déteste ces journalistes qui prétendent « faire leur métier » sans réfléchir. Les grandes démocraties occidentales étaient basées sur le principe fondamental de la représentativité (régimes parlementaires) et de la séparation des pouvoirs cher à Montesquieu (législatif, exécutif, judiciaire). Mais déjà, l’usage reconnaissait un quatrième pouvoir: la presse, écrite d’abord puis audiovisuelle. Cette presse dite d’information, dite aussi d’opinion, se complaisait dans une sorte de bipartisme politique rituel instauré d’abord en Angleterre (Whig/Tories), en Amérique (Démocrates/Républicains), en France tentativement avec de Gaulle et la cinquième république (Droite/Gauche, comme en boxe, mais je n’ose même pas citer le nom des partis tant ils sont eux-mêmes divisés), en Allemagne, etc, cette presse donc, sûre de son rôle indispensable et salutaire, sûre surtout de sa puissance, péremptoirement analysait, prenait parti, éclaboussait, desinformait au besoin, se contredisait, mais peu importe. Le bon peuple y puisait leurs directives pour bien voter. Les politiciens étaient aux petits soins avec cette presse, cul et chemise. Ca marchait bien. Tout le monde y trouvait son compte. Mais aujourd’hui cette presse traditionnelle est dépassée par le grand chambardement démocratique et technique auquel elle assiste désemparée sans savoir comment reprendre la main. Elle tergiverse, se perd en conjectures, prefère les scandales à l’analyse. En réalité, elle a perdu son pouvoir. Les peuples s’en foutent, ils peuvent s’emparer du pouvoir démocratiquement. Pas besoin de faire une révolution dans la rue, suffit de la faire dans les urnes. La représentativité démocratique ne veut plus dire grand chose. Le pouvoir législatif, déjà branlant, est presque totalement soumis à l’exécutif, lequel prétend, puisqu’il est élu démocratiquement, que le judiciaire doit se soumettre à lui. La presse n’est plus nécessaire puisque le tweet dépourvu d’analyse ou d’ explication suffit à informer et contenter ceux des électeurs qui ont portés au pouvoir cet exécutif. Voilà tout ce qu’a compris Trump qui n’a aucun complexe pour accomplir (to execute en anglais) les vœux de ses électeurs. Et voilà, partant de Sartre et Libération, comment j’en suis encore arrivé à parler de Trump. C’est bien lui la vedette du moment, révélatrice des problèmes de notre époque. Quant à Liberation, je n’en ai rien à foutre car compromise avec Sartre dès sa naissance. Et c’est pour ça que Aron, analyste consciencieux (en conscience), avait raison car il ne s’est pas compromis dans des prises de position en contradictions avec ses principes. Mais je parle d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas comprendre. Revenons à Trump. Je pense que Trump ne réussira pas son coup d’état. N’est pas Napoléon qui veut. Les contre-pouvoirs vont se mettre en place en Amérique une fois que la fascination exercée par l’inattendu Trump se dissipera et que le réalisme reprendra le dessus. En revanche, je me fait beaucoup de soucis pour la chienlit qui règne ici en France et je ne vois pour l’instant aucun signe d’optimisme.

  7. Le problème que je visais par cette citation n’était pas celui de Marx ou du communisme, que tu arranges à ta sauce en nationalisme, mais celui de Jean-Paul Sartre et de Libération qui disaient souvent n’importe quoi qui puisse arranger leur préjugé. La pauvre Sartre est mort, mais Libération continue.

  8. erratum: Féminisation oblige;
    ne pas lire, à la fin, « un cosmopolitisme vigilant » mais « une COSMOPOLITIQUE vigilante! »

  9. Si Jim A RAISON, le problème n’était donc pas le communisme ou Marx (qui n’a jamais eu plus RAISON que maintenant: 99% de prolétaires désunis et 1% de capitalistes unis qui s’enrichit de minutes en minutes alors que les prolétaires s’appauvrissent de secondes en secondes, et Trump accélère cette tendance, foi de Thomas Piketty) mais le NATIONALISME russe incarné par Staline et Poutine! Tout comme les chauvinismes de Trump, du Brexit et de Marine à venir en 2017.

    Dans l’attente de la résurrection de Jean Jaurès et de ses INTERNATIONALES socialistes!
    je demeure votre tout dévoué!
    RJR, Éminence salée (plus de poivre rouge, hélas) de la Terre Patrie où le pouvoir économique global est contrôlé par un cosmopolitisme vigilant qui repose sur une constitution conçue par et pour l’Humanité, enfin, libérée!

  10. En remplaçant URSS par Russie et soviétique par russe, je présume qu’on trouvera encore aujourd’hui des gens pour soutenir la même thèse. Le tsarillon Poutine est un grand défenseur de la liberté de critique, c’est bien connu, tout comme son ami Trump d’ailleurs. Et pour ceux qui en douterait: I’m telling you Man, the whole system is rigged, starting with the media.

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