Les droits du lecteur

Il me fallut beaucoup de temps pour admettre que le lecteur avait droit à certains égards et qu’il fallait bien lui indiquer, comme à l’Hôtel-Pension Mermonts, le numéro de la chambre, lui donner la clef, et l’accompagner à l’étage pour lui montrer où se trouvent la lumière et les objets de première nécessité.

Romain Gary

7 réflexions sur « Les droits du lecteur »

  1. L’Aventin,
    une fois l’Avant et l’Après (et ses promesses d’ivrogne passées et dépassées)!

    Puisque mes propos sont si peu élogieux de mes mécontemporains qui scribouillent et des éternels Candides qui grenouillent dans les marais du pouvoir (tous confondent leur représentation personnelle du monde avec la réalité objective inaccessible à l’humain – à l’exception des Chinois depuis Davos), je dois te remercier pour hausser le lieu de ma retraite au sommet de l’Aventin.

    La Rome d’Asterix aurait donc franchi ‘la grande mare’ pour régner latinement sur la Belle Province ainsi reprise aux Saxons!

    Si Sisyphe, le Roi Grec antique, s’était rendu à Rome pour y faire rouler son rocher jusqu’au sommet de cette 7e colline, cela rendrait la comparaison plus adéquate.

    Je cherche une colline, genre Mont Sinaï ou Mont de La Mecque, du haut de laquelle, une divinité, un ange, ou tout un cœur de stars hollywoodiennes, ayant incarné à l’écran des divinités notoires, se révéleraient à mes incantations, bien arrosées du p’tit blanc du Domaine du Père, en chantant: « We’re the World! »

    J’ai vécu une quinzaine d’années sur les pentes du Mont Saint-Hilaire mais seul le grand Manitou des Hurons et des MIc Macs (en souvenir de Saint-Tropez) s’est manifesté aux délires de mon imagination! Comme cette clientèle a été décimée dans l’un des pires génocides que ce soit infligé le genre humain, je cherche plus vaste, moins fantomatique et plus puissante audience!

    Le cap Canaille à Cassis, fera sans doute l’affaire. Son nom, les pieds dans la Méditerranée pleine de victimes aux pieds bétonnées de la mafia marseillaise et le crâne dans le flou des entrées marines cachant le loup de Martine, fera sans doute l’affaire!

    En attendant, pour l’inspiration, le bord de l’eau conviendra au bordel de Ravault qui, en écoutant en boucle le boléro de Ravel, déjà bouclé à souhait, se plaît à contempler les mouvements de frontières allant et venant entre terre et lac.

    ‘The edge,’ la lame de rasoir qui sépare deux éléments antagonistes, le pire et le meilleur, surtout lorsqu’ils sont gelés, me semble être la métaphore la plus propice au développement de l’idée centrale de mon Magnum Opus qui germe doucement comme un perce-neige au cœur de l’hiver!

    Sur mon site, je récupérerai ce que j’ai semé dans le tien!

    Merci encore pour cet éloge latin du lieu d’où j’écris en français au cœur d’une mer anglophone!

  2. Eh oui… c’est arrogant! Même si je cherche à être avant tout provocateur et à n’enfoncer mon clou que dans les poils du cou!

    Pour ajouter un coup de marteau, je dirais que toutes les qualités et les défauts d’un auteur sont inventions de lecteur… C’est donc celui qui le dit qui l’est! na na na!

    l’Éco qui m’intéresse, et rebondit sur ma carte écran radar, comme tu t’en doutes, n’est pas le romancier mais le sémiologue. Rassures-toi, sa proximité du Vatican et sa tendance à mettre le sens dans le Saint Sacrement, le situent chez les Catholiques Ultra Montains alors que mes affinités de communicologue flirtent avec les Protestants anglo-saxons. (Pas ceux qui viennent d’introniser Trump, toutefois!)

    En ce qui concerne Umberto, sa volonté d’auteur et de théoricien de l’écriture d’enfermer le lecteur dans sa fable (Lector in Fabula, 1979-85) émane de l’Inquisition!

    Rassures-toi aussi, je travaille fort sur mon blog! Comme c’est dur d’en être l’auteur, je viens lire (et sous rire) sur le tien… ma façon d’attirer les coups…

  3. Je vois depuis quelques jours que, malgré une intention déclarée de te retirer sur l’Aventin pour y achever ton opus magnum, tu n’auras pas pu résister bien longtemps (une dizaine de jours) pour reprendre le chemin de la diatribe, de la dichotomie signifiante des mots, de l’exagération et du jugement à l’emporte-pièce. Note bien que je ne m’en plains pas : cela donne de la matière supplémentaire à mes lecteurs.
    Cette fois-ci, tu démolis longuement une citation de Gary, un véritable écrivain celui-là, cent fois supérieur à ce pédant universitaire d’Eco que tu cites également et dont le Pendule m’est tombé sur les pieds pendant la lecture des cinquante premières pages.
    Mais, je ne suis pas dupe et je sais bien que là n’est pas l’important, oserai-je dire le signifiant, que tes attaques des uns et tes louanges (rares, il faut l’avouer) des autres ne sont là que pour te permettre d’enfoncer bien à fond le clou qui dépasse, toujours le même, ce bon vieux clou que tu vas même rechercher jusque dans des textes parus il y a longtemps.
    Idée saugrenue des auteurs…écri-vains…arrogance des reproducteurs de culture…prétentieux…N’est-ce pas un peu arrogant, ça aussi ?

  4. Les droits des lecteurs génèrent les droits d’auteurs!

    Cette idée saugrenue que l’auteur ait l’obligation de guider le lecteur jusque dans les toilettes, là où les rois vont seuls, a été moult fois reprises par Umberto Eco (entre autres sémiologues et linguistes). Comment s’y prendre pour poser les cloisons du labyrinthe au travers duquel le lecteur finira par comprendre le sens et la pertinence de ce que veut lui raconter le locuteur? That’s the Question!

    C’est là toute l’arrogance des reproducteurs de cultures héritées!

    Non seulement on fait des enfants qui devraient avoir nos gènes mais il faut s’assurer qu’ils font leur notre culture dans laquelle réside notre mode de décryptage!

    Les écri-vains sont bien prétentieux… ils devraient savoir que les droits des lecteurs
    sont infinis.

    Ces derniers qui sont les premiers… sans eux point d’actes de lecture!

    Ils peuvent…
    1) ignorer l’auteur
    2) ignorer les œuvres de l’auteur
    3) acheter ou non, emprunter ou pas l’ouvrage
    4) se le procurer temporairement ou pour toujours sans jamais l’ouvrir
    5) s’ils l’ouvrent ils sont maîtres du moment où ils l’ouvrent et daignent y poser leur regard
    6) ils peuvent le lire d’une couverture à l’autre d’un trait ou pendant des années en le saucissonnant au delà de toute capacité de mémorisation (comme les prêtres lisent leur bréviaire). Ils peuvent n’en lire ou n’en feuilleter que quelques pages et s’arrêter là.
    7) comme l’a bien vu Sartre dan son ‘Qu’est-ce que la littérature’ (1947) le lecteur co-construit l’œuvre lue au fur et à mesure que progresse sa lecture. Il projette son sens à lui sur la structure de signes organisés et cryptés par l’auteur et l’éditeur.
    8) l’auteur n’est donc que le propriétaire d’une auberge espagnole ou le fabricant d’un test de Rorschach dans lequel le lecteur, pour s’y retrouver et y survivre jusqu’à la dernière page, doit apporter sens (impliquant la clef des codes) et pertinence (impliquant un partage de projets)!

  5. Celle-là même, souvent citée pour signifier que l’anticipation procure déjà le plaisir. Mais après tout, on pourrait peut-être y voir une vague connotation avec les droits du lecteur.

  6. Ne serait-ce pas quelque chose comme « Dans l’amour, le meilleur moment, c’est quand on monte l’escalier » ?

  7. A propos de chambres, d’escalier, etc, cela m’a rappelé une phrase célèbre de Clemenceau tout à fait philosophique – dont d’autres lecteurs se souviendront aussi, j’en suis sûr – mais qui n’a rien à voir avec celle-là de Romain Gary.

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