Les pingouins

Finalement, à la relecture, cet extrait est beaucoup moins drôle que je ne le pensais. Mais comme j’avais acheté le bouquin de confiance sur le nom de Robert Benchley que j’avais connu plus fin, qu’il m’a couté 7,50 € et que je n’avais rien d’autre à vous mettre sous la dent ce matin, je vous le livre quand même.
Mais vous n’êtes pas obligé de le lire.

Je n’ai jamais compris l’ostracisme dont sont victimes les pingouins dans ce domaine (1). Les pingouins non plus, d’ailleurs : ils en sont très affectés.
Quiconque a déjà vu un pingouin comprendra ce que je veux dire. Nulle part dans le règne animal vous n’observerez de comportement plus humain. Un comportement humain un peu ivre, je l’accorde, mais une ivresse très raffinée – sans aucun éclat, sans une once de vulgarité. Le pingouin a exactement l’allure d’un vieux colonel, en tenue de soirée, qui s’est trouvé pris d’un léger vertige à son club après avoir bu trop de porto et se fraie un chemin vers son taxi avec toute la dignité dont il est encore capable. Si quelqu’un lui adresse la parole, il s’arrêtera une seconde, fera lentement le point sur l’importun, titubera légèrement et repartira sans même un mot pour indiquer que cette interruption inopinée mérite son attention. De tous les animaux qui présentent quelques ressemblances avec l’homme, le pingouin est le plus patricien, et il serait fort judicieux d’obtenir son consentement pour mener quelques expériences dont les résultats seraient applicables aux membres les plus nobles de l’espèce humaine. Naturellement, tout le monde ne sera pas concerné.

Note 1 : dans cet extrait, l’auteur s’étonne que les chercheurs des universités ne pratique leurs expériences comportementales que sur des rats, des singes, des chats et des chiens.

Robert Benchley (1889-1945)
Chroniqueur-journaliste-humoriste américain
Psychologie du pingouin – 1930

Si vous ne savez toujours pas naviguer dans le JdC, ouvrez donc la page MODE D’EMPLOI, sacré nom d’une pipe !

 

2 réflexions sur « Les pingouins »

  1. Lu aussi. Personnellement, je ne le trouve pas drôle, mais humoristique, ce qui n’est pas la même chose.

  2. Je l’ai lu! C’est parfois, peut-être cette fois, la traduction qui trahit la finesse d’un humoriste anglo-saxon tel que Robert Benchley. Simple hypothèse!

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