Dernière heure : Réécrire ou relire Notre-Dame ?

Dernière heure : Réécrire ou relire Notre-Dame ?
Samedi 27 avril

Il m’a bien plu, ce petit article paru dans la lettre TimeToPhilo (1), une lettre d’information que j’ai découverte il n’y a pas longtemps grâce à cette excellente autre lettre d’info TTSO (2).

Réécrire Notre-Dame
par Eric Deschavanne

La proposition de modifier le visage de Notre-Dame par « un geste architectural contemporain » a immédiatement fait naître une querelle des Anciens et des Modernes, les passions idéologiques se mêlant à l’habituelle discorde au sujet de l’art contemporain. Les « Modernes », en l’affaire, ne sont peut-être pas les innovateurs. Il faut se rappeler que la cathédrale doit son salut, au 19e siècle, à la naissance de la conscience historique moderne, condition de la réévaluation de l’architecture du Moyen Âge : avant d’être un lieu de mémoire national ou un pôle d’attraction touristique, Notre-Dame de Paris est en effet d’abord une cathédrale gothique.

Célébrant celle-ci, Victor Hugo fait ainsi le partage entre « l’art merveilleux du Moyen Âge » et les ravages des modes qui « ont coupé, taillé, désorganisé, tué l’édifice, dans la forme comme dans le symbole, dans sa logique comme dans sa beauté. » Accusé : le geste architectural contemporain par lequel, aux 17e et 18e siècles, « la nuée des architectes d’école » tentèrent d’embellir Notre-Dame en prenant pour modèle le temple grec. Le crime esthétique réside dans l’anachronisme d’une hybridation insoucieuse de respecter l’intégrité d’un style unique, fruit de l’art et de la spiritualité d’une époque déterminée. Hugo ajoute un argument pour faire valoir la grandeur de l’art gothique : après l’invention de l’imprimerie, l’architecture, désertée par la pensée, « n’exprime plus rien »; la cathédrale gothique demeurera à jamais l’ultime « livre de pierre », que nous pourrons « admirer et refeuilleter sans cesse », sans pouvoir ni l’améliorer, ni le dépasser.

(…)(3)

Note 1 :  Time To Philo est une newsletter hebdomadaire dans laquelle des philosophes passent un fait d’actualité au crible de la pensée philosophique. Time To Philo c’est court, c’est compréhensible par tout le monde et c’est gratuit.

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Note 3 : Si vous voulez lire la suite de cet article, suivez le lien ci-dessous :
https://mailchi.mp/timetophilo/rcrire-notre-dame?e=6cb29a576f


  • Bientôt publié

    • 28 Avr, ……….Tableau 251
    • 29 Avr, ……….Première leçon de philosophie shadokienne
    • 30 Avr, ……….Je dirai malgré tout que cette vie fut belle – Critique aisée n°157

3 réflexions sur « Dernière heure : Réécrire ou relire Notre-Dame ? »

  1. J’ai trouvé des informations sur La Toile, sous l’intitulé « Parthénon », un peu la Notre-Dame des Grecs de l’époque :
     »
    Le Parthénon fut ravagé par un incendie durant l’Antiquité tardive. La charpente en bois brûla et le toit s’effondra à l’intérieur du bâtiment, y causant de graves dégâts. La chaleur intense fissura de nombreux éléments de marbre (murs, frontons, colonnades intérieures, etc.). Une restauration extensive fut réalisée…

    Il fut suggéré que la destruction était due à l’attaque hérule vers 267-268 et la restauration à Julien vers 362.
    Une autre hypothèse attribue la destruction aux Wisigoths d’Alaric vers 395-396 et la restauration au proconsul d’Illyrie Herculius entre 402 et 410, dont la statue fut érigée à côté de l’Athéna Promachos.
     »
    J’ai lu aussi que vers 480 av J.C, un Pré-Parthénon a été détruit par l’horrible Xerxès. Les Philosophes (Socrate @ Co) se seraient réunis pour savoir s’il fallait le reconstruire ou pas. Finalement, banco !

    Mais merci Herculius ! 8 ans quand même.

  2. Deux commentaires en réponse à Time To Philo. 1/ Victor Hugo a très justement écrit tout ça au fil des pages dans Notre Dame de Paris, c’est à dire avant que Violet-le Duc restaure la cathédrale en respectant son gothisme et son esprit tout en y ajoutant quelques retouches que plus personne ne discutait avant l’incendie, moi non plus. 2/ Attendons de voir ce que des architectes et des experts des monuments historiques nous proposent (je ne me fais pas de bile, ils respecteront pour sûr le gothisme de Notre Dame) avant de juger. J’ai confiance et je pense aussi qu’elle « sera plus belle » car restaurée, tout comme une personne aimée qui sort d’une grave opération qui l’a sauvée nous revient plus belle. La beauté se trouve dans le regard, la compréhension et l’affection.

  3. Il existe a mon sens deux arguments opposés mais valides pour évoquer la restauration de Notre-Dame :
    Respecter l' »esprit gothique » et s’en tenir à la reproduction fidèle de ce qui fut.
    Si l’on s’écarte de ce principe du respect des traditions, il est loisible de mettre en oeuvre des techniques et des formes contemporaines qui, dans trois cents ans, seront à leur tour historiques et dignes d’admiration. A la condition de ne pas faire du toc, bien sûr.
    Personnellement, j’argumenterais aussi bien la première que la seconde de ces proposition, aussi je crois qu’il convient de procéder à un appel d’offres et qui sait, il peut en sortir une divine surprise, non ?

    Bien entendu, je suis profondément athée, bien que de famille évangélique, et je puis assister à n’importe quel culte par respect pour les gens que je tiens à honorer, c’est la moindre des choses. D’autre part, si le projet retenu quel qu’il soit ne me convenait pas, je n’irais pas occuper les ronds-points…

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