Instinct et Liberté ou un peu de philo ça peut pas faire de mal (1)

Morceau choisi

Je ne vois dans tout animal qu’une machine ingénieuse, à qui la nature a donné des sens pour se remonter elle-même, et pour se garantir, jusqu’à un certain point, de tout ce qui tend à la détruire, ou à la déranger. J’aperçois précisément les mêmes choses dans la machine humaine, avec cette différence que la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que l’homme concourt aux siennes, en qualité d’agent libre. L’un choisit ou rejette par instinct, et l’autre par un acte de liberté ; ce qui fait que la bête ne peut s’écarter de la règle qui lui est prescrite, même quand il lui serait avantageux de le faire, et que l’homme s’en écarte souvent à son préjudice. C’est ainsi qu’un pigeon mourrait de faim près d’un bassin rempli des meilleures viandes, et un chat sur des tas de fruits, ou de grain, quoique l’un et l’autre pût très bien se nourrir de l’aliment qu’il dédaigne, s’il s’était avisé d’en essayer. C’est ainsi que les hommes dissolus se livrent à des excès, qui leur causent la fièvre et la mort ; parce que l’esprit déprave les sens, et que la volonté parle encore, quand la nature se tait.

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité entre les hommes.

ET DEMAIN, LES PETITES PHRASES

 

3 réflexions sur « Instinct et Liberté ou un peu de philo ça peut pas faire de mal (1) »

  1. Si JJR avait été meilleur père de famille, il eût été plus crédible, mais, enfin, il y a matière à sujet de bac philo.

  2. Sacré Jean-Jacques !

    Il est vrai que le sujet a fait depuis couler des fleuves d’encre. A commencer par les définitions de :
    Instinct,
    Pulsion,
    Emotion,
    Intuition,
    Rationalité,
    …..
    Hormones,
    avant même de se mettre en condition d’aborder la question de la liberté.

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